Par une terrible ironie du sort, la sévère blessure subie mardi par Max Pacioretty est survenue sept ans jour pour jour après celle de Steve Moore, de l'Avalanche du Colorado, sauvagement agressé par Todd Bertuzzi, des Canucks de Vancouver.

Moore, frère de Dominic, qui a joué pour le Canadien, s'est fracturé trois vertèbres ce jour-là. Mais ce sont des lésions permanentes au cerveau qui l'ont empêché de poursuivre sa carrière et qui assombrissent toujours sa vie quotidienne.

Les informations émanent au compte-gouttes dans le cas de Pacioretty. Selon les premiers résultats médicaux divulgués par l'entraîneur-chef Jacques Martin, l'ailier gauche souffre d'une sévère commotion cérébrale et d'une fracture non déplacée de la quatrième vertèbre cervicale.

Souhaitons pour Pacioretty que sa blessure soit semblable à celle subie en novembre 1999 à Los Angeles par Brian Savage, attaquant du Canadien.

Celui-ci avait été knockouté par une violente mise en échec d'Ian Laperrière et avait quitté d'urgence pour l'hôpital sur une civière. Il avait subi une fracture non déplacée des quatrième et septième vertèbres mais s'était bien remis de sa commotion cérébrale et avait pu revenir au jeu deux mois plus tard. Il a disputé six saisons par la suite. Le coup aurait pu lui être fatal, avait déclaré le médecin de l'équipe David Mulder quelques jours plus tard.

Phil Fait, qui vient d'ouvrir dans la région de Québec la première clinique privée consacrée exclusivement aux traumatismes craniocérébraux et aux commotions cérébrales, et qui est le coordonnateur médical de la LHJMQ depuis 2006, s'inquiète davantage de la commotion cérébrale subie par Pacioretty.

«Y'a-t-il eu une lésion cérébrale? Ou une dysfonction temporaire. Patrice Bergeron a mis beaucoup de temps avant de revenir au jeu et il ne souffrait pas d'une fracture des vertèbres. Il avait de la difficulté à marcher au début parce que sa moelle épinière a été compressée. Il avait l'air d'un vieillard à sa première conférence de presse. Au moindre doute dans son esprit, il ne jouerait plus parce que les risques de blessures sont plus grands quand on est craintif.»

Il y a d'autres cas positifs. Mikael Tam, défenseur des Remparts de Québec qui a fait sa réadaptation avec Phil Fait, a pu revenir au jeu après avoir été victime d'un traumatisme crânocérébral à la suite d'une dangereuse mise en échec de Patrice Cormier. Il n'avait pas subi de fracture vertébrale mais son traumatisme avait un niveau de gravité plus élevé que la commotion cérébrale.

«Dans le cas de Pacioretty, c'est une bonne nouvelle que ça soit une fracture franche. Il y a de fortes chances que ça soit l'apophyse qui soit touchée parce son cou est allé en hyper-extension. C'est une belle fente qui va probablement bien reprendre. Il n'y a pas eu de déplacement de la vertèbre, donc c'est une autre bonne nouvelle. En comparaison, le cou de Steve Moore n'était pas allé en hyper-extension. Il avait plutôt subi tout le poids de Bertuzzi alors qu'il gisait au sol.»

Phil Fait espère voir la LNH prendre des mesures vigoureuses pour améliorer la sécurité des joueurs.

«La NFL fait preuve d'inititative dans le domaine. Par exemple, c'est obligatoire dans le vestiaire d'afficher les symptômes de commotions cérébrales à l'intention des joueurs pour qu'ils puissent la déceler au besoin chez un coéquipier. L'affiche n'est pas cachée derrière la porte. Je ne sais pas si ça se fait au hockey. On y travaille pour le hockey junior.»

Sur les ondes de CKAC hier, le Dr Louis Bellemare affirmait que Pacioretty l'avait échappé belle dans les circonstances. «Si le traumatisme avait été le moindrement plus important, le gars aurait pu devenir quadriplégique, paralysé des quatre membres, a avoué le docteur Bellemare. Il s'en est fallu de peu, une question de millimètres.»