Bob Probert savait que les durs coups qu'il a donnés et reçus en 16 saisons dans la Ligue nationale lui pesaient au fil et à mesure qu'il avançait en âge, et c'est pourquoi il voulait qu'on examine son cerveau à son décès.

Bien que ce soit un arrêt cardiaque qui ait mis un terme à sa vie en juillet dernier, à 45 ans, Probert vivait aussi avec un cerveau endommagé.

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Des chercheurs de Boston University ont dit que Probert souffrait d'encéphalopathie traumatique chronique (ETC), une condition dégénérative du cerveau. Ils en sont venus à cette conclusion après l'analyse de tissus cérébraux dont Probert a fait don.

Probert est le deuxième hockeyeur du programme du centre dédié à l'étude de cette condition (CSTE) à recevoir un tel diagnostic après son décès. L'autre est Reggie Fleming, un dur à cuire des années 1960, soit avant que le port du casque ne devienne obligatoire.

Le CSTE est une collaboration entre la faculté de médecine de Boston University et le Sports Legacy Institute, qui s'intéressent à ce qu'ils qualifient de «crise des commotions cérébrales» dans les sports. Le centre a notamment reçu un don d'un million $ de la NFL. La famille de Dave Duerson, ancien demi de sûreté des Bears, a par ailleurs accepté de donner son cerveau à la science après que ce dernier se soit suicidé à 50 ans, le mois dernier.

Probert a récolté 3300 minutes de punition en carrière - le cinquième plus haut total de l'histoire de la LNH. Il était le plus redouté des batailleurs de son époque, et aussi celui qui se battait le plus souvent. Probert, qui composait aussi avec des problèmes d'alcool, a joué avec Detroit de 1985 à 1994, puis avec Chicago de 1995 à 2002.

«Nous commençons à peine à comprendre les conséquences des traumatismes au cerveau dans le sport, a dit Chris Nowinski, le cofondateur et chef de la direction du Sports Legacy Institute. À ce point-ci, les données nous font dire que la décision de ne pas avoir de politique contre les coups à la tête a été une énorme erreur. Nous espérons que des changements musclés continueront d'être apportés pour protéger les athlètes, surtout au niveau du sport amateur.»

Plusieurs vedettes de la LNH, notamment Sidney Crosby des Penguins, ont raté des matches à cause de commotions cérébrales cette saison. Crosby n'a pas joué depuis qu'il a été solidement mis en échec dans deux matches de suite, au début de janvier.

Bien que la ligue s'est dotée d'un nouveau règlement rendant illégal les coups à la tête quand le fautif s'amène sans être vu par le joueur frappé, les combats sont depuis longtemps un incontournable du hockey professionnel. Les directeurs généraux vont se rencontrer, plus tard ce mois-ci, pour voir si la mesure doit être resserrée.

«Les résultats sont intéressants et s'ajoutent à un éventail de connaissances encore beaucoup plus grand, a dit le commissaire adjoint de la LNH, Bill Daly. Mais nous n'allons pas procéder à des changements en se basant sur un seul cas, surtout quand il est impossible d'identifier ou d'isoler l'une des nombreuses variables qui pourraient avoir contribué aux conclusions.»

Donald Fehr, le directeur exécutif de l'Association des joueurs de la LNH, s'est dit satisfait des conclusions de cette étude.

«L'annonce d'aujourd'hui (jeudi) concernant le diagnostic d'ETC dont souffrait l'ancien membre de l'AJLNH Bob Probert marque une journée importante dans la recherche et les joueurs, ainsi que tous ceux qui sont préoccupés par la sécurité et le bien-être des joueurs, devraient la considérer sérieusement, a déclaré Fehr par voie de communiqué. Nous attendons avec impatience la possibilité d'étudier les résultats complets de cette recherche, dès qu'ils seront disponibles.»

Les résultats détaillés des tissus cérébraux de Probert ne seront pas connus avant qu'on les soumettent à une publication médicale académique. Sa famille a toutefois voulu faire connaître le diagnostic pour sensibiliser aux dangers des traumatismes au cerveau dans les sports, et pour en appeler à ce que plus d'efforts soient faits pour rendre les sports plus sécuritaires pour le cerveau.

Dani Probert dit que son mari a commencé à décliner au niveau mental à partir de la quarantaine. Des problèmes ont surgi puis ont empiré au niveau de la mémoire à court terme, de l'attention et de l'humeur - des symptômes compatibles avec ceux observés chez d'autres athlètes atteints d'ETC.

Pendant la dernière année de sa vie, Probert a dit à son épouse qu'il avait eu trois ou quatre quatre commotions cérébrales «d'importance». Dani dit toutefois que si on incluait les fois où il a solidement été sonné, d'une manière correspondant à la définition du CSTE d'une commotion cérébrale, le total passait à plus d'une douzaine.

Plus de 300 athlètes, dont 100 joueurs actifs et à la retraite de la NFL, sont inscrits au registre du CSTE pour le don de leur cerveau. Un total de 65 cas sont actuellement à l'étude.

L'encéphalopathie traumatique chronique, que l'on soupçonnait à l'origine d'être limitée aux boxeurs, est une maladie dégénérative du cerveau que l'on croit causée par des traumatismes répétés comme des commotions cérébrales. On croit aussi que certains facteurs non déterminés, comme une prédisposition génétique, amènent un plus grand risque de développer la maladie.

Keith Primeau, ancien joueur étoile forcé de prendre sa retraite en 2006, à la suite des commotions subies en 15 saisons dans la LNH, est parmi ceux qui ont accepté de donner leur cerveau à la science lors de leurs décès.