Après les défaites désolantes pour ne pas dire gênantes encaissées à Edmonton et Calgary, les pourfendeurs du Canadien, qui sont souvent aussi ses plus fidèles partisans, n'attendaient plus que le revers prévisible et presque souhaité aux mains des Canucks de Vancouver, mardi soir, pour partir en guerre.

En guerre contre qui?

Contre Pierre Gauthier parce que son équipe est trop petite. Contre Jacques Martin parce que son équipe manque trop souvent d'entrain. Contre Scott Gomez parce que ses statistiques sont trop minces par rapport à son salaire qui est, lui, beaucoup trop gras. Contre une attaque trop timide. Contre une défense trop poreuse. Contre tout en fait...

À moins de cinq jours de la date limite des transactions - lundi à 15h, heure de l'Est - les pourfendeurs et/ou partisans se disaient qu'en rentrant bredouille de sa virée annuelle dans l'Ouest canadien, Gauthier n'aurait pas le choix de bouger.

Mais voilà! Le Canadien a gagné. Il a non seulement battu les Canucks 3-2, mais il a éclipsé en début de match l'un des plus sérieux prétendants à la Coupe Stanley avant de lui tenir tête durant le reste de la partie.

Ce n'est pas rien.

Cette victoire explique peut-être le petit sourire esquissé par Gauthier lorsqu'il est passé devant les journalistes après le match.

Pas un grand sourire, ça non. Car rares sont ceux qui ont droit à ce genre de sourire de la part du très sérieux manitou des opérations hockey du Canadien. Mais un sourire quand même.

Un sourire de satisfaction, sans doute. Un sourire d'incrédulité aussi face à cette équipe capable du meilleur et du pire. L'ennui, et il est de taille, c'est que le Canadien est très souvent capable du meilleur lorsqu'il affronte les meilleurs, mais qu'il est trop souvent capable du pire quand il croise les moins bons...

Le monde à l'envers

Après avoir perdu aux poings et aux points contre les Bruins de Boston le 9 février, le Canadien amorçait une séquence de neuf matchs «faciles» en 10 parties. Après les Islanders, les Maple Leafs, les Sabres, les Oilers et les Flames, cinq clubs derrière lui, voire loin derrière lui, au classement, le Canadien se frottait aux Canucks. Il a perdu quatre de ces cinq matchs «faciles» et gagné celui qu'on ne lui donnait pas de chance de remporter.

Est-ce à dire que le Canadien est en péril maintenant qu'il reçoit les Maple Leafs et les Hurricanes, aujourd'hui et samedi, avant de se rendre à Atlanta, dans le sud de la Floride et à Tampa?

Meilleur que l'an dernier

Gauthier souriait peut-être aussi parce qu'au-delà de la victoire de mardi et des critiques dont il fait l'objet, son équipe est en meilleure posture que l'an dernier à pareille date.

Eh oui!

Après 61 matchs, le Canadien affiche trois victoires de plus et sept points de mieux au classement qu'après 61 parties l'an dernier.

À quelques heures de la date limite des transactions, cette statistique est importante. Car s'il est clair que le Canadien a besoin d'un défenseur de plus pour appuyer une brigade minée par les blessures et très jeune et aussi d'un attaquant capable de produire deux soirs sur trois et non un soir sur cinq, il n'en demeure pas moins que la situation est moins catastrophique que bien des partisans et observateurs tendent à le faire croire.

À la question Pierre Gauthier doit-il vraiment bouger, la réponse honnête et juste est oui.

Les Bruins, avec les acquisitions de Tomas Kaberle et Chris Kelly, tout comme les Flyers avec l'ajout de Kris Versteeg semblent trop forts pour le Canadien dans l'éventualité d'un duel en séries éliminatoires. Mais ne disait-on pas la même chose des affrontements face aux Capitals et aux Penguins le printemps dernier?

Au fond, c'est peut-être pour ça que Pierre Gauthier souriait après le match à Vancouver. Directeur général avisé, loin, très loin d'être aussi émotif que le partisan moyen qui évalue son travail toutes les heures du jour et chaque minute durant les parties, Gauthier a un plan précis qu'il suit sans se laisser perturber par les critiques et les commentaires. En fait non. Il a plusieurs plans. Il ne lui reste qu'à choisir le meilleur d'ici à lundi.

Le meilleur plan a peut-être pour nom Chris Phillips, Chris Neil, Dustin Penner, Shane O'Brien ou Jason Arnott. S'il ne jouait pas à droite où le Canadien est bien nanti, le nom du défenseur Craig Rivet pourrait s'ajouter à cette liste. Ou celui d'un joueur effacé que Gauthier et ses acolytes gardent précieusement caché.

Sans oublier que le meilleur plan a peut-être aussi pour noms Jacques Martin et Carey Price, comme la victoire surprenante de mardi à Vancouver et les résultats de cette année tendent à le démontrer.