À force d'entendre et de lire qu'il était trop petit pour faire sa marque dans la LNH, David Desharnais a pleuré de rage bien plus souvent que de joie au cours de sa carrière.

Mais samedi, après la victoire aussi convaincante que nécessaire de 3-0 du Canadien aux dépens des Maple Leafs de Toronto, une victoire au cours de laquelle il a marqué son 5e but cette saison, son premier dans une cause gagnante, une victoire au terme de laquelle il a obtenu sa première sélection à titre de première étoile dans la LNH, Desharnais avait toutes les raisons du monde de pleurer de joie.

Après tout, cette première étoile dissipait bien des doutes. Mieux encore, elle récompensait des années d'efforts et de persévérance.

«Ce n'est pas trop mon genre de pleurer, a lancé le joueur de centre. Mais à la maison, je ne serais pas surpris que mes parents, que mon frère ou ma soeur aient des larmes aux yeux. Ils ont tellement cru en moi au cours de ces années. Ils m'ont tellement aidé. Au fond, cette première étoile a autant de valeur à leurs yeux qu'aux miens», a reconnu le petit David qui est maintenant devenu grand.

Il fallait voir Desharnais multiplier les entrevues après le match et surtout voir les visages heureux de ses coéquipiers qui regardaient en sa direction pendant qu'ils le complimentaient pour comprendre l'ampleur de cette première étoile.

Desharnais n'est pas plus grand qu'il ne l'était lors du dernier camp d'entraînement. Un camp, un autre camp, au terme duquel il a mis le cap sur la Ligue américaine alors que sa petite taille était encore et toujours son plus gros handicap. Diable! On pouvait à peine l'apercevoir au milieu de la meute de journalistes et des caméras qui l'entouraient devant son casier, samedi.

Mais avec le but et la passe qu'il a ajoutés samedi et le fait qu'il venait d'être le meilleur attaquant du Canadien dans un deuxième match de suite, Desharnais a gagné du galon aux yeux de ses coéquipiers.

Dans le coeur de bien des partisans, David Desharnais a même devancé Scott Gomez dans la hiérarchie des joueurs de centre du Canadien. Avec ses deux buts et cinq points récoltés à ses trois derniers matchs, le petit gars de Laurier-Station donne des munitions aux fans qui voudraient le voir obtenir davantage de responsabilités et surtout autant de marge d'erreur que Gomez.

«Ce que je veux avant tout, c'est une place régulière au sein d'un trio régulier. J'en profite depuis quelques matchs alors que j'ai la chance de jouer avec Ben (Benoît Pouliot) et Ryan (White). On a tout ce qu'il faut pour déranger l'adversaire et provoquer des choses sur la patinoire. C'est à moi et à nous de faire le reste. Je prends ma place au sein de l'équipe, mais je demeure une recrue. Je sais que je n'ai pas la même marge de manoeuvre que les vétérans et que mon temps de glace chutera si je lève le pied. C'est bien correct comme ça. C'est un facteur de motivation supplémentaire», a assuré le joueur de centre qui affiche 5 buts et 11 points en 18 matchs depuis son rappel du club-école le 31 décembre dernier.

Du temps en avantage numérique

Après avoir louangé le courage et la ténacité de David Desharnais, après avoir assuré que le petit attaquant du Canadien pouvait même tenir tête à Milan Lucic des Bruins de Boston, Jacques Martin a esquissé un sourire agacé lorsque La Presse lui a demandé à compter de quel moment il entendait le récompenser avec du temps d'utilisation de qualité en avantage numérique.

«David est maintenant un membre à part entière de l'attaque à cinq. Il nous a prouvé qu'il mérite ce qu'il obtient et il profite de la confiance des entraîneurs comme celle de ses coéquipiers», a assuré l'entraîneur-chef du Tricolore.

Vérifications faites, Desharnais (7:32) a obtenu près de 30 secondes de plus que Scott Gomez (7:04) en attaque massive lors des trois derniers matchs.

Quant à la possibilité qu'il supplante Gomez à cinq contre cinq comme le réclament bien des observateurs et des partisans: «On verra», s'est contenté de conclure Jacques Martin.