Le défenseur du Canadien James Wisniewski, acquis des Islanders de New York en décembre, en est déjà à sa quatrième équipe dans la LNH. Est-ce à Montréal qu'il déposera enfin ses valises? Rencontre avec un grand voyageur.

James Wisniewski est devenu un homme convoité dans les 18 derniers mois. Mais ça n'a pas toujours été ainsi.

L'Américain de 26 ans doit démontrer à une quatrième formation de la LNH qu'une fois en santé, il constitue un arrière redoutable. Et doit cesser d'être promené d'une ville à l'autre pour des raisons salariales.

Cet objectif devrait se réaliser l'été prochain, puisqu'il deviendra admissible à l'autonomie complète. Il sera alors en bonne position d'obtenir une entente à long terme.

«Je me suis marié l'été dernier et nous avons des discussions, ma femme et moi, sur l'endroit où nous voudrions élever nos enfants, explique Wisniewski. Je veux arrêter de rebondir d'un endroit à l'autre et je vais être à la recherche d'une certaine sécurité.»

Le Canadien a mis le grappin sur lui à la fin décembre quand il était devenu clair que la saison de Josh Gorges était terminée. Ce fut un bon coup de Pierre Gauthier, surtout que «le Wiz» allait indéniablement susciter de l'intérêt dans les semaines menant à la date limite des transactions.

Sa robustesse et ses premières passes ont attiré l'attention, mais peut-être pas autant que la qualité de son lancer. Ce n'est pas un talent fortuit: Wisniewski démontre la même puissance au baseball.

«Plus jeune, j'avais obtenu une bourse d'études pour jouer au baseball à l'université et j'étais surtout un bon cogneur, raconte-t-il. C'est la même transition du tronc aux hanches et la même coordination oeil-main qui me permet d'avoir un bon tir au hockey. Je ne sais pas trop d'où ça vient... À quelque part, ça doit être un don de Dieu!

«À 18 ans, j'hésitais encore entre faire carrière au baseball et au hockey, mais lorsque je me suis détruit le genou durant ma deuxième année d'études, le choix s'est fait de lui-même. Mais le hockey n'est pas pour autant un prix de consolation.»

Sa déchirure du ligament croisé antérieur - la première de trois blessures du genre - est survenue en Slovaquie alors qu'il portait les couleurs des États-Unis aux Championnats des moins de 18 ans.

Wisniewski croit fermement que son état de santé a ensuite influencé son rang de sélection au repêchage de 2002.

«J'étais listé parmi les 50 premiers, mais j'ai été réclamé au 156e rang, rappelle-t-il. C'est toute une glissade! J'avais fait toutes mes entrevues du Combine en béquilles et je les avais encore une semaine avant le repêchage...»

Sous l'aile de Martin Lapointe

En constante progression dans la Ligue junior de l'Ontario, Wisniewski s'est mérité le titre de défenseur de l'année dans la Ligue canadienne, en 2003-2004.

«L'année précédente, j'avais quand même connu une bonne saison en récoltant un point par match à Plymouth. J'avais aussi connu un bon tournoi aux Championnats du monde junior.

«Mais c'est vraiment mon année de 19 ans qui a marqué mon éclosion et qui a fait que mon nom s'est mis à circuler.»

Ce n'est qu'au retour du lock-out que Wisniewski a finalement pu accéder à la Ligue nationale. Le vétéran Martin Lapointe l'a alors pris sous son aile chez les Blackhawks de Chicago.

«Martin n'hésitait pas à se tenir avec les plus jeunes joueurs, se souvient Wisniewski. Il nous emmenait souper ou bien jouer au golf. Après ma deuxième année chez les pros, j'ai subi une seconde opération au genou et il m'a ensuite hébergé chez lui pendant deux mois. On s'entraînait ensemble, je me tenais avec sa famille...

«Martin a vraiment de la classe. Il m'a appris à devenir un professionnel et surtout à être un travailleur acharné. Car après cette autre blessure au genou, je me suis promis que je travaillerais désormais plus fort qu'avant.»

Or, il se faisait tard pour Wisniewski s'il voulait convaincre les Hawks de lui accorder un nouveau contrat.

«Les Hawks me considéraient comme un défenseur différent de ce que j'étais vraiment. Ils voulaient que je me batte et que je me cantonne dans un rôle de cinquième défenseur. Ils avaient déjà des jeunes qu'ils voulaient mettre à l'avant-scène - dont Duncan Keith et Brent Seabrook - et en fin de compte, ce sont des questions financières qui ont mené à mon départ de Chicago.»

Des questions financières, certes, puisque les Hawks se démènent pour respecter le plafond salarial depuis un certain temps déjà. Mais lorsque Wisniewski a subi sa troisième intervention chirurgicale au genou, en juillet 2008, les Hawks devaient soupçonner qu'ils avaient sous la main un joueur plein de potentiel, mais probablement trop fragile.

On t'embauche, on t'échange

Wisniewski n'hésite pas à le dire: c'est son transfert chez les Ducks, en mars 2009, qui lui a permis de s'établir dans la LNH.

«Je me suis retrouvé à Anaheim, où j'ai été jumelé à Scott Niedermayer, se souvient Wisniewski. Ça a été un tournant dans ma carrière. Avec lui, j'ai appris comment me débrouiller face aux meilleurs trios adverses.

«Je n'avais jamais perdu les habiletés offensives que j'avais montrées dans le junior, mais je me retrouvais maintenant avec une équipe qui me permettait de les mettre à profit.»

Même s'il a commencé à inscrire des points au tableau durant son séjour avec les Ducks, et qu'il a finalement été en mesure de rester en santé, Wisniewski a une fois de plus déménagé pour des raisons salariales... après à peine plus d'un an en Californie.

Le DG Bob Murray et lui n'arrivaient pas à s'entendre sur les termes d'un nouveau contrat et ils se dirigeaient vers l'arbitrage lorsqu'un dénouement s'est produit: les Ducks lui ont fait signer un pacte d'un an de 3,25 millions et l'ont échangé le même jour aux Islanders de New York. Et tout le monde sait que c'est pour sabrer dans les dépenses que les Islanders ont expédié Wisniewski à Montréal à la fin décembre. Le principal intéressé ne s'en plaint pas, au contraire!

«Je me suis joint à une équipe qui peut aspirer à la Coupe Stanley, qui me permet d'aider l'avantage numérique et d'être employé plusieurs minutes, rappelle-t-il. C'est sensiblement le même rôle que j'avais à Long Island, mais je me retrouve maintenant au sein d'un groupe qui a beaucoup plus d'expérience.

«Je retire de la fierté à bien déplacer la rondelle, mais quand on joue avec des joueurs qui savent où se placer, ça rend tout plus facile. Ils me font bien paraître!»

Comme à Hollywood

Le patineur originaire du Michigan affirme que Montréal est tout simplement «le meilleur marché de hockey» dans la LNH. Si Wisniewski est sincère dans son intérêt de poursuivre sa carrière à Montréal, il devra peut-être mettre de l'eau dans son vin lorsque Pierre Gauthier et lui discuteront salaire.

Mais on n'en est là pour le moment. Il y a une saison à terminer et beaucoup de plaisir à retirer du fait de jouer à Montréal.

«Aux États-Unis, le hockey est clairement le quatrième des quatre sports majeurs alors qu'à Montréal, le hockey est le seul sport majeur. Et les gens nous traitent en conséquence.

«Ils me reconnaissent déjà quand je marche sur la rue ou que je sors du restaurant. Ici, on est presque traités comme des stars d'Hollywood!»