Je ne veux dire à personne quoi faire, on en conviendra. Je ne veux pas dire au maire Régis Labeaume, qui a su relancer Québec cent fois mieux que quiconque, comment mener le dossier du Colisée.

Je ne veux pas dire à Josée Verner quoi faire, de toute façon, ce n'est pas elle qui décide.

Je voudrais juste éclairer certains points qui semblent avoir dérapé dans l'opinion publique au cours des derniers jours.

Josée Verner a tort quand elle dit qu'elle ne peut s'engager avant d'avoir en main les propositions du privé. C'est montrer une ignorance crasse des lois des affaires.

Régis Labeaume possède dans ses dossiers l'offre écrite et détaillée de Quebecor. Plus de 100 millions si on compte la redevance déjà incluse dans l'offre. Je présume que M.Labeaume a également reçu des offres d'autres compagnies comme Bell ou Desjardins. Ces offres sont confidentielles puisque les compagnies sont en compétition l'une contre l'autre. M. Labeaume et son négociateur Yvon Charest doivent garantir cette confidentialité.

Tant que Labeaume n'a pas signé une entente avec une entreprise, il ne peut prendre le risque d'une fuite en remettant ces documents à Mme Verner ou au bureau du premier ministre. S'il fallait que Bell ou Quebecor apprenne ce que propose l'autre à Québec, ça fausserait complètement la donne.

De plus, selon des témoignages de hauts fonctionnaires que j'ai recueillis au cours des derniers jours, toute information envoyée au bureau du premier ministre a des chances de se retrouver dans le National Post, à CTV ou à la CBC en moins de six heures. C'est une vraie passoire. Et soit dit en passant, CTV appartient à Bell. Comme le Journal de Montréal ou le Toronto Sun appartiennent à Quebecor. Autrement dit, la seule chance de confidentialité qui existe, c'est que les offres des compagnies impliquées restent dans les coffres de Labeaume.

Cela dit, les manoeuvres de Josée Verner, sans doute faites sous la direction du premier ministre, ne sont pas très allumées. Depuis quand les gouvernements doivent-ils avoir les données précises des coûts d'un projet avant de s'impliquer? Pensez-vous qu'avant de prendre la décision d'aller de l'avant avec le CHUM on a attendu d'avoir les plans des architectes et les coûts tels que détaillés par les ingénieurs? Et quand on va prendre la décision de construire un nouveau pont Champlain, on va prendre la décision en s'appuyant sur des données approximatives et on va demander que les ingénieurs préparent les plans et les devis dans des paramètres raisonnables.

Pensez-vous que les architectes et les ingénieurs qui vont préparer les plans du nouveau Colisée vont faire ça à14$ de l'heure? Parlez de millions. Et parlez de plusieurs mois pour préparer le tout. Ce n'est qu'avec les plans détaillés que Labeaume va pouvoir chiffrer exactement le projet. Si Josée Verner attend ce moment pour oser rencontrer son premier ministre, elle aura déjà perdu ses élections et la fenêtre pour acquérir une équipe de la Ligue nationale de hockey pour la déménager à Québec sera déjà refermée.

Il serait infiniment mieux que le fédéral collabore à ce beau projet d'un amphithéâtre multifonctionnel qui servira pendant des décennies la population de la Capitale. Surtout que les millions espérés viennent des impôts et des taxes des citoyens de la ville comme du reste du pays. Et que les citoyens de Québec et des régions voisines ont payé 25% de l'aéroport de Toronto, de Vancouver, d'Edmonton, de Calgary, de Halifax, comme ils ont payé 25% des ports fédéraux et des parcs nationaux. Évidemment que les contribuables du pays ont payé 75% de Mirabel et de Dorval. Mais le principe demeure, Labeaume ne quête pas une subvention du fédéral, il tente d'obtenir une aide pour offrir un service aux citoyens de sa ville et de l'Est-du-Québec.

Cela dit, je demeure convaincu que le projet serait encore mieux ficelé si le maire de Québec prenait rapidement sa décision sur son partenaire privé et par la suite y allait d'une dernière tentative pour convaincre Stephen Harper.

Parce qu'au bout du compte, c'est notre argent qui est dans les coffres du bureau du premier ministre.