L'homme derrière les patinoires extérieures offertes par le Canadien, l'homme d'affaires d'origine montréalaise Graeme Roustan, a tenté d'acheter le Tricolore il y a deux ans. En toute discrétion, il place maintenant ses pions. Avant longtemps, il risque de devenir propriétaire d'une équipe de la LNH.

Une poignée d'enfants viennent de sauter sur la nouvelle patinoire du parc Willibrord, dans Verdun. Ils patinent, le sourire aux lèvres, aux côtés de quelques joueurs du Canadien venus souligner l'inauguration de la troisième glace «Bleu Blanc Bouge».

L'homme d'affaires Graeme Roustan regarde la scène d'un oeil amusé. Encore cette année, comme pour chaque nouvelle patinoire qu'inaugure la Fondation du Canadien pour l'enfance, sa contribution financière personnelle s'est mesurée dans les six chiffres.

De plus, en tant que président du conseil d'administration de Bauer, Roustan a aussi donné de l'équipement de hockey aux enfants dans le besoin dans chacun des arrondissements où le programme Bleu Blanc Bouge est actif.

«C'est épeurant de voir comment la boucle a pu se boucler, lance Roustan en hochant la tête. Ma grand-mère Mary habitait à six coins de rue d'ici. Entre 3 et 8 ans, elle m'amenait dans ce parc pour patiner le week-end.

«D'ailleurs, mes parents ont été émus aux larmes lorsque je leur ai dit que la patinoire de Verdun que l'on avait construite se trouvait en fait au parc Willibrord...»

L'une des entreprises que gère Roustan, Arena Design Services, est celle qui crée ces patinoires extérieures multifonctionnelles.

Mais le bon ami de Pierre Boivin fait dans l'intérieur aussi. En fait, il a toute la technologie nécessaire pour bâtir lui-même un aréna.

Ça tombe bien, car ce Montréalais d'origine, maintenant établi à Los Angeles, caresse de grandes ambitions au niveau de la Ligue nationale...

Le moment viendra

Au mois de décembre, la revue Hockey News publiait son palmarès annuel des 100 personnes les plus influentes dans le monde du hockey. Graeme Roustan pointe cette année au 43e rang. Il est le Québécois le mieux classé de cette liste, tout juste devant l'agent Pat Brisson qui le suit au 44e échelon.

Lorsqu'il s'est retrouvé dans la course pour acheter le Canadien, en 2009, Roustan a sagement évité de faire sa cabale dans les médias. Et quand il a testé les eaux en vue de mettre le grappin sur le Lightning de Tampa, l'an dernier, il a été encore plus discret.

Le contraire de Jim Balsillie, mettons!

Une telle attitude plaît à la LNH et son commissaire, qui sait depuis la vente du Tricolore que Roustan est un acheteur potentiel sérieux. Ce n'est pas pour rien que le Hockey News l'a décrit comme «l'as dans la manche de Gary Bettman».

C'est d'ailleurs ainsi qu'on le surnomme dans les cercles d'initiés: «The Ace».

Dans un élan d'enthousiasme, Roustan a déjà confié à La Presse: «Un jour, je serai propriétaire d'une équipe de la LNH.» Désormais, l'homme d'affaires de 50 ans se fait peu loquace. Il préfère laisser courir les rumeurs au sujet de ses intentions.

Or, une source bien placée dans la LNH nous a confié que Gary Bettman entendait faire appel à lui dès qu'il aura la bonne équipe à lui confier. Une équipe qui, de préférence, resterait dans la ville où elle est présentement.

Selon cette source, Roustan n'entend pas se mettre dans le chemin de Pierre Karl Péladeau pour la venue d'une équipe à Québec, ni dans celui de True North à Winnipeg. Par contre, puisque le tiers des propriétaires du circuit laisseraient volontiers les rênes de leur équipe à d'autres mains, il ne faudrait pas se surprendre si, avant longtemps, le patron de Bauer faisait l'acquisition d'une équipe de la LNH.

En attendant, même s'il s'est incliné devant l'offre des frères Molson, Roustan est demeuré proche du Tricolore. À preuve, son engagement dans l'implantation des patinoires extérieures.

«C'est ma façon de redonner, explique-t-il. Nous étions quatre enfants à grandir avec ma mère dans un petit appartement de Notre-Dame-de-Grâce et c'est une chance incroyable que j'ai eue d'avoir pu me rendre où je suis.»

C'est peut-être l'as de Gary Bettman. Mais c'est certainement l'as de coeur.