Le 8 décembre dernier, au lendemain d'une victoire facile de 4-1 aux dépens des Sénateurs d'Ottawa, le Canadien avait un dossier de 18 victoires et 10 revers seulement, dont deux encaissés en prolongation.

Carey Price affichait 17 victoires en 26 départs. Trois gains de plus qu'au cours de sa saison entière en 2009-2010. Après une année de misère de 13 victoires, 20 revers et cinq défaites en prolongation ou fusillade, on accordait déjà à Price des chances de soulever le trophée Vézina et le Bill Masterton, remis respectivement au meilleur gardien et au joueur ayant réussi le plus beau retour.

Fort de ses 38 points au classement, le Canadien se préparait à affronter les Red Wings à Detroit. Certains parlaient alors d'un avant-goût de la prochaine finale de la Coupe Stanley.

Rien de moins!

Moins d'un mois plus tard, après une série noire de neuf revers (un en prolongation) à ses 12 derniers matchs, on parle maintenant autant des chances du Tricolore de rater les séries éliminatoires que d'y accéder.

On est loin de la Coupe Stanley!

L'attaque redoutable d'hier est maintenant trop petite et incapable de jouer à l'étranger. La défense hermétique des deux premiers mois de la saison est maintenant poreuse, vieillissante, vulnérable.

Génie hier, Jacques Martin est redevenu l'entraîneur éteignoir responsable de tous les maux qui minent son équipe.

Carey Price, qui avait fait oublier Jaroslav Halak, vient de connaître quelques vilaines sorties. Et voilà que les bourreaux de Price l'an dernier, des bourreaux devenus disciples à l'automne, virent capot une fois encore et ressortent le fantôme du gardien slovaque. Il serait bien, avant de ressortir les affiches portant la mention «Halak», de regarder les faits saillants de la défaite de 4-2 que les Blues ont encaissée dimanche contre les Stars de Dallas. Dans ce revers, Halak s'est montré plus généreux encore que Price contre les Thrashers d'Atlanta. C'est bien pour dire...

Bienvenue dans la réalité du Canadien où, au rythme d'une blessure, d'une défaite ou d'une pleine lune, le Tricolore passe de candidat aux grands honneurs à candidat au déshonneur.

Le Canadien du 4 janvier 2011, l'équipe qui atteindra sa mi-saison jeudi lorsque les Penguins de Pittsburgh seront au Centre Bell, est-il si différent du club qui amassait les victoires au début de la saison?

Non!

Il est même meilleur si l'on considère l'apport de James Wisniewski en supériorité numérique, en expérience et en combativité.

Comment alors expliquer pareille glissade?

Parce que le Canadien demeure un club fragile dont les succès varient au rythme des fluctuations de ses meilleurs éléments.

Et l'ennui majeur pour le Canadien et ses partisans est que les performances des meilleurs joueurs fluctuent beaucoup et que l'équipe est rarement au diapason.

Quand Carey Price ou l'avantage numérique ont de bonnes performances, ils arrivent à donner au Canadien des victoires bien qu'il avance avec deux trios qui fonctionnent sur quatre, avec deux défenseurs qui jouent bien sur six.

Mais quand Price est à court de miracles ou que les unités spéciales deviennent ordinaires, le moteur cale, le Canadien perd.

Inquiétant?

Oui, bien sûr. Mais ce le serait davantage si le Canadien ne nous avait pas habitués à ces fluctuations qui donnent le vertige.

L'an dernier avant la pause olympique, le Canadien a encaissé deux revers coup sur coup aux mains des Flyers de Philadelphie. Personne, ou si peu, ne croyait aux chances du Tricolore de se rendre en séries éliminatoires. On connaît la suite...

L'an dernier, Scott Gomez a amorcé la saison avec deux buts et 11 points en 22 rencontres. On ruait dans les brancards. Il a raté quatre matchs en raison d'une blessure et a rappliqué avec une série de 10 buts et 39 points en 42 matchs.

Que fait-il cette année? Il affiche un but et 12 points à ses 10 derniers matchs. Une séquence qui a suivi une pause salutaire de deux rencontres qui a mis un terme à un début de saison terne de neuf petits points en 28 parties.

Michael Cammalleri suit le même parcours que l'an dernier. Est-il besoin de vous rappeler qu'il n'avait que deux passes à ses neuf derniers matchs de la saison régulière avant d'exploser avec 13 buts - un sommet dans la LNH - et 19 points en séries? Mais bon! S'il tient à garder l'explosion pour les séries, il pourrait faire sauter un pétard ou deux de temps en temps...

Andrei Kostitsyn? On est prêt à le canoniser une journée, à l'excommunier le lendemain.

Le Canadien du 4 janvier ressemble à celui du 7 octobre dernier, à celui qui a surpris la LNH et fait vibrer le Centre Bell le printemps dernier, à celui qui était presque évincé des séries dès février. Une équipe imprévisible difficile à aimer, facile à détester. Mais une équipe qui nous gardera en haleine jusqu'à la toute fin. C'est au moins ça de gagné...