Débarqué à Montréal en compagnie de Jacques Martin, Pierre Groulx s'occupe des gardiens du Tricolore dans la plus grande discrétion. Dans les moments les plus noirs de Carey Price, l'hiver dernier, comme dans ceux d'intense gloire de Jaroslav Halak qui a sauvé la saison du Canadien et la prolongeant jusqu'en finale d'Association, Groulx a toujours été protégé de l'attention médiatique.

Qui se cache derrière ce jeune entraîneur des gardiens qui semble moins loquace encore que Jacques Martin, son patron entraîneur-chef? Quel a été son secret avec Halak l'an dernier? Comment a-t-il pu sauver ce qui restait de confiance à Carey Price pour l'aider à rebâtir encore plus solidement cette année la réputation enviable qu'il avait lorsque le Canadien l'a repêché en 2005, quatre sélections seulement après celle de Sidney Crosby?

Il fallait traverser les États-Unis et se retrouver aux pieds des Rocheuses américaines pour obtenir réponses à ces questions.

«Pierre est d'abord et avant tout un entraîneur au service de ses gardiens. Il écoute, il suggère, il te met à l'aise. Il travaille avec toi pour améliorer ta confiance, ton attitude. Et dans ce travail, la confiance et l'attitude sont certainement des facteurs aussi importants que la technique et le talent.»

Débarqué de nulle part

Qui donc offre cette esquisse du portrait de l'entraîneur des gardiens du Canadien? Craig Anderson, de l'Avalanche du Colorado.

Avant de surprendre la Ligue nationale en entier l'an dernier avec ses coéquipiers de l'Avalanche, Anderson a été un élève de Pierre Groulx avec les Panthers de la Floride entre 2006 et 2009.

Et comme Anderson était campé derrière Tomas Vokoun, il a passé bien des heures supplémentaires sur la patinoire avec son ancien professeur entre 2007 et 2009.

«Je n'aime pas le mot «professeur» pour qualifier Pierre. Je n'aime pas le mot entraîneur non plus. Il est plus un partenaire, un confident, un psychologue. Il a été gardien. C'est d'ailleurs par le biais de présences sur la patinoire, alors qu'il remplaçait Vokoun lors des entraînements, que je l'ai connu. À la base, il s'occupait des bandes vidéos. Une fois qu'on a vu qu'il se débrouillait bien devant le filet, qu'il connaissait son affaire et la position, il nous a amené des petites remarques, de petits détails par le biais de la vidéo. Il a ensuite travaillé plus étroitement avec nous», a raconté Anderson lors d'un entretien avec La Presse.

Contrairement à Roland Melanson, son prédécesseur avec le Canadien, qui jouissait et jouit encore d'une grande réputation aux quatre coins de la LNH et qui est très directif dans son approche, contrairement aux Tom Barrasso et autres anciens gardiens de la LNH qui intimident avec leur vaste expérience, Pierre Groulx semble débarquer de nulle part.

«C'est sa force et il l'utilise très bien. Jamais Pierre n'est venu me voir ou s'est adressé à Tomas (Vokoun) en disant de tout changer. Au contraire, il s'adaptait à nous. Pour te donner un exemple, il y avait des exercices que je détestais faire en Floride. Au lieu de me les imposer, il les a modifiés afin que je sois plus à l'aise devant mon but, afin de faciliter toutes ces heures passées sur la glace. Quand tu te présentes heureux, tu travailles plus fort, plus longtemps et en fin de compte, tu obtiens les résultats espérés. C'est ça l'approche de Pierre Groulx, a ajouté Craig Anderson.

«Je ne connais rien de la situation du Canadien, des raisons qui ont fait que Halak a été meilleur que Price l'an dernier. Mais je ne suis pas surpris de revoir Price aussi solide devant son but cette année. Ce retour est le reflet du travail de reconstruction de confiance et de plaisir de jouer que Pierre nous inculquait en Floride.»

Embauché à titre de joueur autonome par l'Avalanche du Colorado l'an dernier, Craig Anderson a remporté 31 victoires et disputé 71 des 82 matchs de sa nouvelle équipe. Des performances qu'il n'avait jamais réalisées lors de ses six premières saisons dans la LNH. «J'étais prêt pour passer à une autre étape. Derrière Tomas (Vokoun), cette occasion n'allait pas se présenter en Floride. Mais Pierre m'a beaucoup aidé à devenir le gardien que je suis aujourd'hui.»

De retour au jeu après une blessure qui l'a contraint à rater 13 parties, Anderson amorçait un cinquième départ consécutif hier soir. «Si les choses vont bien, j'espère affronter le Canadien dimanche (demain) également», a conclu Anderson.