De toute évidence, la Coupe Stanley ne se gagnera pas en Alberta le printemps prochain.

Les Oilers d'Edmonton, comme les Flames de Calgary, sont les deux pires équipes de l'Association de l'Ouest au moment d'écrire ces lignes.

Mais tandis que l'avenir s'annonce prometteur à Edmonton, celui des Flames est beaucoup plus sombre. Les partisans des Oilers peuvent se permettre de rêver avec des jeunes comme Taylor Hall, Jordan Eberle, Magnus Paajarvi, Sam Gagner. Les Flames? Pas grand-chose. Leur choix de première ronde en 2011 peut-être? Sinon, leur noyau de joueurs est vieillissant et le seul espoir digne de ce nom s'appelle Mikael Backlund, et peut-être Tim Erixon.

On comprend un peu mieux pourquoi on demande la tête des frères Sutter à Calgary et pas celle de Steve Tambellini à Edmonton. Voyons comment la direction des Flames a pu mener cette organisation vers le désastre alors qu'elle constituait une puissance il n'y a pas si longtemps.

Les succès des Flames ont longtemps reposé sur les épaules de quatre joueurs: Jarome Iginla, Miikka Kiprusoff, Dion Phaneuf, repêché en 2003, et Robyn Regher, autour desquels ont greffait des joueurs.

Iginla s'est retrouvé à Calgary en 1995 grâce au flair du directeur général de l'époque, Doug Risebrough, qui l'a acquis en retour du vétéran Joe Nieuwendyk. Quatre ans plus tard, son successeur Al Coates a sacrifié un autre vétéran, Theoren Fleury, pour obtenir un jeune premier choix de l'Avalanche, Regher.

Embauché en avril 2003, Sutter a réalisé un coup de maître en novembre de la même année en obtenant des Sharks de San Jose le gardien Kiprusoff en retour d'un choix de deuxième ronde. L'efficacité de Kiprusoff a permis aux Flames d'être compétitifs à chaque année.

Mais le noyau vieillit. Kiprusoff a 34 ans. Iginla, 33 ans. Regehr, 30 ans. Phaneuf a été échangé aux Maple Leafs de Toronto. Ce n'est pas dramatique lorsqu'on a des jeunes pour les remplacer, mais le recruteur en chef Todd Button, embauché en 2001, et son équipe de dépisteurs ont fait un travail lamentable au fil des années.

Un coup d'oeil rapide sur la formation de 23 joueurs des Flames nous permet de remarquer que seulement deux joueurs, David Moss et Mikael Backlund, ont été repêchés et formés par l'organisation. Moss est un joueur de soutien tandis que Backlund est un jeune qu'on espère encore voir débloquer. Dion Phaneuf semblait constituer toute une prise en 2003, mais son étoile a vite pâli (ça coïncide avec le départ de Roman Hamrlik) et il est passé aux Leafs en retour de Matt Stajan, Nicklas Hagman, Ian White et Jamal Mayers. Les deux derniers ne sont plus avec le club.

Sinon, tous les autres premiers choix ont fait patate, ou presque. Chuck Kobasew, choix de première ronde en 2001, a fait trois clubs et tente de relancer sa carrière au Minnesota. Eric Nystrom, repêché au dixième rang en 2002, devant entre autres Keith Ballard et Alexander Semin, est un joueur de quatrième trio. Kris Chucko, 24e en 2004 devant Mike Green, a disputé deux matchs dans la LNH. Matt Pelech, 26e en 2005, devant James Neal, Marc-Édouard Vlasic, Guillaume Latendresse, Kristopher Letang et compagnie, seulement cinq matchs. Le premier choix de 2006, le gardien Leland Irving, espère encore percer.

On peut se tromper à l'occasion, ou encore se racheter avec de bons choix dans les rondes ultérieures, mais encore là, la récolte des recruteurs des Flames est très mince. Depuis neuf ans, parmi tous les choix au repêchage des Flames, seuls Matthew Lombardi et Dion Phaneuf sont devenus des joueurs d'impact. Aucun des 61 autres repêchés entre 2001 et 2007 ne joue au sein du trio offensif ou d'un premier quatuor dans la LNH.

Et Sutter a eu la mauvaise idée d'échanger Lombardi et un choix de première ronde pour obtenir Olli Jokinen il y a deux ans. Avec ce choix, Phoenix en a profité pour repêcher le défenseur Brandon Gormley au 13e rang en juin dernier. On se demande comment Button a pu conserver son job aussi longtemps... et pendant combien de temps encore Sutter gardera le sien.