Si le Canadien s'amène à Atlanta en pensant qu'il affrontera les mêmes pauvres Thrashers d'autrefois, il va subir le même sort qui s'est jeté sur les Capitals de Washington et les Red Wings dans la dernière semaine.

Sa défaite sera sans appel.

Terminé, le régime Don Waddell qui a fait patauger les Thrashers pendant une décennie! L'ancien directeur général a été remplacé par Rick Dudley, l'un des hommes derrière la progression des Blackhawks de Chicago.

Craig Ramsay, ancien coéquipier de Dudley chez les Sabres de Buffalo, à la fin des années 70, est désormais derrière le banc. Et il a entrepris de remettre les choses en ordre.

«Craig est en train de débarrasser nos joueurs des mauvaises habitudes qu'ils traînent depuis une éternité», a expliqué Dudley en entrevue avec La Presse.

«Je n'ai jamais vu un groupe d'entraîneurs travailler aussi fort, passer autant de temps à décortiquer des vidéos et à faire de l'enseignement individuel. Ça ne fait que 20 matchs et je vois que les joueurs font déjà les choses différemment.»

Ce n'est pas encore le Pérou - la fiche des Thrashers est de 10-9-3 -, mais de petites choses, comme le fait d'avoir dominé l'adversaire au chapitre des lancers dans sept des huit derniers matchs, suggèrent un progrès certain.

L'ombre des Hawks

Jadis employé des Hawks, c'est dans leur cour que Dudley est allé piger, l'été dernier, pour ajouter du caractère dans le vestiaire des Thrashers.

L'ailier gauche Andrew Ladd et le défenseur Dustin Byfuglien, en particulier, ont eu un impact immédiat.

«Ils ne pouvaient pas avoir à Chicago la chance qu'ils se voient donner ici, explique Dudley. Or, tant qu'on n'offre pas de véritable occasion à un joueur, on ne peut pas savoir jusqu'à quel point il peut être bon.»

Ancien choix de première ronde des Hurricanes de la Caroline, Ladd pointe au sommet des compteurs des Thrashers avec huit buts et 23 points en 22 matchs.

Il vient d'être nommé capitaine de l'équipe et les Thrashers n'ont pas perdu depuis (3-0).

«Partout où il a joué, Ladd a été respecté de tous, souligne Dudley. Il aborde le hockey de la façon dont on voudrait que tous le fassent. Il ne prend à la légère aucune présence sur la glace ni aucun exercice à l'entraînement.»

Quant au corpulent Byfuglien, qui a joué un rôle de premier plan dans la conquête de la Coupe Stanley des Hawks le printemps dernier, il a été retourné à la ligue bleue après avoir passé plus de deux saisons comme ailier à Chicago.

«J'ai toujours cru qu'il pouvait devenir un défenseur de premier plan, confie Dudley. Denis Savard l'avait muté à l'aile, car les Hawks avaient besoin d'un joueur au bon gabarit à l'avant. Byfuglien avait marqué 19 buts et Savy m'avait dit: «Je savais bien qu'il ferait un bon attaquant!»

«Je lui ai répondu: 'Préfères-tu un attaquant qui donne 19 buts ou un défenseur qui en marque 15?' Je dirais qu'en ce moment, Byfuglien joue comme un arrière capable de marquer 15 buts...»

Et comment! Il en a déjà huit, ce qui constitue un sommet pour les défenseurs du circuit, et il a récolté 20 points en 22 rencontres.

Un bon duo de gardiens

Les Thrashers sont la quatrième formation de la Ligue dont Dudley devient le DG. Il a hérité d'un bon bassin de jeune talent avec les Evander Kane, Bryan Little, Zach Bogosian et Alexander Burmistrov.

Partant de là, Dudley savait exactement ce qu'il voulait.

«Je veux trois trios qui peuvent marquer, une quatrième unité capable de jouer de 5 à 10 minutes et des défenseurs qui contribuent à l'attaque», a-t-il énuméré.

«Et comme dans n'importe quelle architecture d'équipe, ça prend de bonnes performances devant le filet. Nous croyons que d'ici la fin de la saison, notre duo de gardiens sera parmi les meilleurs de la LNH.»

Les Thrashers misent sur le Tchèque Ondrej Pavelec et le vétéran Chris Mason, que les Blues de St. Louis ont remplacé par Jaroslav Halak.

Le jeune Pavelec a donné la frousse à son équipe en début de saison lorsqu'il s'est effondré sans raison apparente, inconscient, devant son filet. Mais il a participé aux 10 derniers matchs et a accordé deux buts ou moins à ses cinq derniers départs.

Les mains libres

À l'extérieur de la patinoire - entre autres aux guichets et dans les bureaux du consortium de propriétaires -, la situation des Thrashers n'est pas jolie.

Mais Rick Dudley affirme ne pas avoir été restreint dans son champ d'action malgré le contexte difficile.

«La première fois où ç'a pu être un facteur, c'est lorsqu'on a fait ces deux transactions avec Chicago, a-t-il dit. On allait absorber beaucoup plus de salaire que ce qu'on donnait, et les propriétaires n'ont pas bronché.

«C'est sûr que nous ne sommes pas une équipe qui travaille près du plafond salarial. Nous avons notre propre budget. Mais je ne me suis jamais fait dire non.»