On a cru plus tôt ce mois-ci que Scott Gomez était sorti de sa torpeur. Mais il est à nouveau dans la brume, et Jacques Martin commence à s'impatienter.

«Les solutions ne viennent pas de l'extérieur, mais du joueur, a martelé l'entraîneur. S'il va dans la circulation, s'il s'implique et qu'il patine, il va finir éventuellement par produire.»

Martin était de fort mauvais poil, mardi, au lendemain d'un revers de 3-2 à Philadelphie. Il a convié le Canadien à une réunion d'équipe à 10h30, suivie d'une courte séance de patinage sans rondelle, puis d'un entraînement intensif.

Le sous-texte était clair.

«Aux dernières nouvelles, un match dure 60 minutes, a dit Martin. Je n'étais pas content de notre performance lundi et l'on a besoin d'être prêt demain soir.»

Il espère que d'avoir haussé le ton paiera des dividendes, mercredi soir face aux Kings de Los Angeles.

«(Face aux Flyers), il y avait d'autres joueurs dans le même bateau que Gomez , a-t-il ajouté.

«Un gars habile et rapide»

C'était presque écrit dans le ciel depuis le jour où Bob Gainey a fait l'acquisition de Gomez: à un moment ou l'autre, son contrat d'une valeur annuelle de 7,3 millions, valide jusqu'à la fin de la saison 2013-14, susciterait la colère des partisans.

Nous voilà au quart de la saison. Gomez ne revendique que six points en 21 matchs, et les lignes ouvertes se déchaînent. À en entendre certains, l'uniforme des Bulldogs de Hamilton lui siérait mieux.

Gomez peut-il être échangé? s'interrogent les fans.

Même si son piètre rendement en début de saison ne fera saliver personne, un directeur général de la ligue nous a confié qu'en dépit de son contrat, il pourrait intéresser des formations.

«Je ne dirais qu'il est grandement surpayé, mais disons qu'il y a plusieurs équipes qui aimeraient l'avoir à un ou deux millions de moins, a affirmé ce DG à La Presse.

«Gomez n'est peut-être pas un marqueur, mais ça ne l'empêche pas d'être un gars habile qui a énormément de rapidité. Or, la LNH est plus rapide que jamais, et c'est ce qui le rend intéressant.»

La consternation était générale lorsque Gainey a ôté une épine du pied de Glen Sather en allant chercher Gomez dans la cour des Rangers.

Hypothétiquement, Pierre Gauthier pourrait-il vraiment réussir un coup semblable?

«Ça prendrait un ensemble de circonstances pour qu'il soit à nouveau échangé, nous a répondu le directeur général. Il faudrait que ce soit une équipe de gros marché qui a de l'argent disponible sous le plafond salarial, par exemple les Maple Leafs de Toronto.

«En tout cas, ce ne serait pas une équipe qui se situe près du plancher salarial. Les équipes qui veulent grossir leur masse salariale pour respecter le plancher vont le faire avec plusieurs joueurs, et non en prenant le risque de se peinturer dans le coin avec un seul individu.»

Tirés vers le bas?

Penser à refiler Gomez à une autre équipe relève de Pierre Gauthier. Jacques Martin, lui, a un casse-tête différent à solutionner. Il doit trouver une façon d'obtenir le maximum de Gomez tout en ménageant les susceptibilités de ses vétérans.

Lorsqu'on entend Brian Gionta, bon copain de Gomez, dire que «c'est quand il patine qu'il est à son mieux», ça nous laisse croire que le capitaine fait la même lecture que son entraîneur.

Et que la porte est ouverte pour que Jacques Martin  y aille de mesures plus coercitives.

Il pourrait effrayer Gomez comme il l'a fait avec Jaroslav Spacek. Le reléguer au quatrième trio, ou encore le clouer au banc. Et avant longtemps, lui faire voir un match du haut de la passerelle...

Si la sécheresse se limitait à Gomez, le problème serait plus bénin. Or, tour à tour, Benoit Pouliot, Brian Gionta, Andrei Kostitsyn et même Maxim Lapierre ont vu leur production augmenter après avoir été séparés de Gomez.

Est-ce à dire que le centre américain draine ses compagnons de trio vers le bas?

«Il faut travailler en unité de cinq, s'est contenté de répondre Martin à ce sujet. C'est important que chacun réponde à l'appel et prenne ses responsabilités, et plusieurs joueurs n'ont pas répondu à l'appel face aux Flyers.»

Trop de temps à se défendre

Présentement, c'est Michael Cammalleri qui évolue aux côtés de Gomez. Malgré une séquence de deux buts et six points en cinq matchs aux côtés de Tomas Plekanec, il a été jumelé à Gomez en troisième période du match face aux Predators de Nashville.

Depuis, malgré un but en avantage numérique face aux Leafs de Toronto, Cammalleri n'a plus la même efficacité.

«On se parle, Scott et moi, on essaie de se mettre en marche, mais le fait est qu'on passe beaucoup trop de temps dans notre zone, déplore-t-il.

«On dépense des énergies que l'on devrait brûler en créant des choses à l'attaque.»

Pour le bien de cette équipe, quelque chose doit se passer.