Pat Burns s'est éteint aujourd'hui, à Sherbrooke. Quelques grands noms du hockey ont tenu à lui rendre hommage.

Luc Robitaille

«Mes plus beaux souvenirs avec Pat remontent à ma première année junior, à Hull, en 1983. Il était entraîneur-adjoint. Il a pris l'équipe en main l'année d'après. En deux ans on était en finale de la coupe Memorial. J'étais tout jeune, mais Pat l'était lui aussi. Il n'avait pas 30 ans et il voulait avoir du fun comme nous autres. Derrière l'ancienne police se cachait un maudit bon gars et un maudit bon coach de hockey. Nos parcours se sont croisés en 1993. Avec les Kings, on a battu Pat et les Leafs en finale de l'Ouest. À part Félix Potvin, Doug Gilmour, Wendell Clark et Dave Andreychuk, il n'y avait pas grand-chose à Toronto. Mais Pat avait implanté un système efficace que les gars suivaient à la lettre. C'est ça Pat. Un gars qui a toujours su prendre les moyens pour connaître du succès.»

Chris Chelios

«J'ai une tête dure, mais il était plus têtu que moi encore. Malgré le fait que tout nous opposait, je l'ai toujours beaucoup aimé. On s'est toujours bien entendu. Il n'était jamais complètement content, il était toujours sur ton dos, mais c'était sa façon de démontrer que tout ce qui comptait à ses yeux était la victoire. Ma relation avec le Canadien s'est mal terminée en 1989 lorsque j'ai été échangé. Mais après la saison, il m'a appelé pour me demander de prendre part à une activité caritative dans son coin à Magog. J'ai dit oui sans hésiter. C'est la seule fois que j'ai passé quelques jours avec mon coach, en plein été, dans son chalet! Ça démontre le respect qui nous unissait.»

Stéphane Richer

«Je dois ma carrière à Pat. C'est lui qui m'a sorti de Ripon. J'avais 15 ans. Il était policier à Gatineau et coachait le gros club midget Kiwanis à Hull. Il m'avait vu jouer et est entré en contact avec mes parents pour obtenir leur autorisation de le suivre à Hull. Je me suis retrouvé en pension et c'est là que tout a commencé. Je l'ai retrouvé à Montréal, il savait ce qu'il pouvait obtenir de moi et je savais ce que je devais lui donner sinon il ne me lâcherait pas. C'est comme ça que j'ai connu ma saison de 50 buts. C'est lui qui m'a échangé aux Devils pour Kirk (Muller) mais je ne lui en ai jamais tenu rigueur. Si ce n'était pas de Pat, je serais peut-être toujours demeuré à Ripon à jouer dans la rue avec mes chums.»

Guy Carbonneau

«Pat est arrivé chez le Canadien précédé de sa réputation de policier. En plus, il devait reprendre le contrôle côté discipline après certaines histoires survenues sous Jean Perron. C'était un dur. Mais j'ai appris à le connaître et comme tous les coachs, il tenait à avoir ce qu'il attendait de son club. Quand il ne l'obtenait pas, il piquait parfois des colères mémorables. Les chaudières de Gatorade et poubelles renversées ne sont pas seulement des légendes urbaines. Je ne sais pas si je faisais aussi peur que lui, mais c'est Pat que j'avais en tête dans ma quête de faire passer mon message. Comme bien d'autres, je l'ai vu au cours des derniers mois. Je ne suis pas un grand parleur, mais là, avec la maladie qui l'affectait d'une manière si évidente, je ne savais vraiment pas quoi dire pour exprimer ce que je voulais lui dire. Il a été un des grands de l'histoire du coaching au Québec.»

Scotty Bowman

«Avant que la maladie ne l'empêche de travailler, nous étions toujours assis l'un à côté de l'autre sur la galerie de presse aux matchs du Lightning, à Tampa Bay, où nous vivons. Et on a fait je ne sais plus combien de voyages ensemble entre Tampa et Sunrise pour aller voir les Panthers. On s'amusait souvent à remettre en question les décisions des coaches pendant les matchs. On était souvent d'accord. Il me disait que je répétais ce qu'il pensait et je prétendais le contraire. Alors, on s'est mis à écrire nos observations sur les qualités et les défauts des joueurs et des équipes au lieu de les dire à haute voix. On avait encore les mêmes points de vue. Ça doit vouloir dire qu'on avait raison...»

Bill Torrey

Ex-DG des Islanders de New York «Il pouvait piquer des colères du diable durant un match. Il pouvait vociférer après son club, après l'autre club, après les arbitres. Mais quand le match était fini et qu'il était redescendu de ses émotions, il n'y avait pas de gars plus gentil. Il venait te saluer, échanger quelques remarques, quelques blagues. Ce qui s'était passé pendant le match ne tenait plus. Et je peux vous dire que des fois, quand ton équipe t'a fait dans les mains, ce n'est pas évident d'être affable.»

Pat Quinn

«Je me souviens de notre première rencontre. Shayne Corson jouait pour lui et j'ai su après coup qu'il lui avait crié quelque chose sur la patinoire. Sur le coup, j'ai cru qu'il avait insulté un de mes joueurs. Mon côté joueur de hockey a pris le dessus. Je lui ai crié quelques insanités que je ne pourrais pas répéter ici. Il s'est retourné et m'a lancé un défi. «Viens me rejoindre sous les gradins», qu'il m'a dit. On jouait à Vancouver où je dirigeais les Canucks. Les deux corridors des vestiaires se rejoignaient sous les gradins. On s'est retrouvé là tous les deux et une chance que des policiers et des personnes moins émotives que nous sont intervenues, parce que je ne sais pas ce qui serait arrivé. Je vous raconte ça pour démontrer l'intensité qui l'a toujours caractérisé.»

Gary Bettman

«Les amateurs de hockey se souviendront des succès de Pat comme entraîneur, mais aussi de son humour, son honnêteté, son humanité et son courage. La LNH est en deuil d'un homme ayant apporté une contribution remarquable à notre sport.»