Au terme d'un entraînement hors-glace, vendredi midi, Jacques Martin est demeuré discret quant aux motifs qui ont incité le Canadien à rappeler Yannick Weber la veille.

«Depuis le début de la saison, Yannick est le meilleur défenseur des Bulldogs, a toutefois expliqué Martin. Il joue bien dans les deux sens de la patinoire, il a marqué des buts et il est aussi l'un de leurs piliers défensivement.

«Sa progression est excellente et c'est l'une des raisons pour lesquelles il a été rappelé.»

Pour le reste, l'entraîneur s'est contenté de dire qu'il allait réfléchir à la formation qui lui donnerait la meilleure chance de l'emporter face aux Maple Leafs de Toronto, demain soir au Centre Bell.

Même Weber ne sait pas ce qui l'attend.

«Je n'ai pas vraiment parlé aux entraîneurs depuis mon arrivée hier soir, a reconnu le principal intéressé. Je présume qu'ils veulent me donner une chance, mais je ne sais pas si ça va être au prochain match ou dans deux semaines.

«Le Canadien a déjà de bons joueurs pour évoluer en avantage numérique et je ne suis pas ici seulement pour ça, a-t-il ajouté avec assurance. Mais j'ai connu du succès sur l'attaque à cinq à Hamilton et si l'occasion se présente, je vais essayer de faire la même chose ici.»

Contexte propice

Le Canadien sera-t-il tenté de recréer l'expérience déjà tentée par le passé avec Mark Streit et Marc-André Bergeron, celle d'avoir un septième défenseur employé sporadiquement sur le quatrième trio?

«J'ai moi-même vécu cette expérience à ma première année ici et si telle est ma chance de jouer pour le Canadien, je vais la prendre», a rappelé le Suisse de 22 ans.

L'expérience de Weber comme attaquant avait cependant été peu concluante. À Hamilton, l'entraîneur Randy Cunneyworth n'a pas cherché à la répéter. Weber a uniquement évolué à la ligne bleue, à la droite du robuste Alex Henry.

Chose certaine, en l'absence d'Andrei Markov, les aptitudes offensives de Weber sont d'autant plus séduisantes pour le Tricolore, et incitent davantage l'équipe à voir dès maintenant ce qu'elle a vraiment sous la main en la personne de Yannick Weber.

Celui-ci juge d'ailleurs que le contexte est propice à son rappel.

«La blessure à Markov et le départ de Ryan O'Byrne pour le Colorado m'aident beaucoup, a  reconnu Weber. Car au début de la saison, il y avait huit défenseurs à Montréal et je n'avais pas vraiment de chance de rester.

«Ça m'a également aidé de bien jouer à Hamilton. Je jouais 25-26 minutes par match, j'étais sur le premier avantage numérique et la première unité de désavantage, et les entraîneurs me démontraient de la confiance.»

Prouver le chemin parcouru

L'arrière de 5'11 et 198 livres le sait: c'est une saison qui pourrait être déterminante pour la suite des choses.

«C'est la dernière année de mon contrat et c'est l'opportunité pour moi de prouver à la direction de l'équipe que je peux jouer ici, a convenu Weber. Le Canadien veut sûrement voir comment je me suis développé au cours des trois dernières saisons. Si je joue quelques matchs et que je performe bien, ça pourrait faciliter leur décision de me garder dans leur entourage.

«C'est clair que c'est plus crucial pour moi de m'établir dans la LNH cette année que ce ne l'était les années précédentes.»

D'autres visages connus des Bulldogs - les Ryan White, Max Pacioretty et Ben Maxwell entre autres - sont dans une situation analogue, soit la dernière année de leur premier contrat professionnel.

«On ne s'en parle pas à tous les jours, mais le sujet a déjà été abordé, raconte Weber. On constate tous que c'est notre dernière année de contrat, que certains d'entre nous pourraient ne pas être de retour l'an prochain, être à Montréal ou bien dans une autre organisation.

«Mais on ne veut pas trop s'attarder à cette situation. On préfère se concentrer à connaître une bonne saison.»

La réalité est bien différente cette saison chez les Bulldogs, même s'ils gagnent autant qu'avant. Si le personnel sur la glace n'a presque pas changé par rapport à l'an passé, les nouveaux entraîneurs détonnent par rapport aux précédents.

«C'est le jour et la nuit entre Guy Boucher et Randy Cunneyworth, a confié Weber. Boucher parlait beaucoup, il était intense et émotif dans ses explications.

«Cunneyworth, lui, est un peu plus calme. Il sait de quoi il parle, c'est un bon entraîneur, mais c'est sûr que c'est un changement pour les joueurs.»