Brian Gionta a célébré son but en troisième période du match de samedi comme si c'était son tout premier en carrière... ou son 50e de la saison.

Ce n'était pourtant que son deuxième. Un cadeau, en plus, alors que le gardien Brian Elliott s'est fait déjouer par une rondelle qu'il aurait dû bloquer.

Mais bon, Gionta venait de frapper le poteau quelques secondes plus tôt et ses autres bonnes occasions s'étaient toutes soldées par des déceptions. Comme c'est trop souvent le cas depuis le début de l'année. «J'aurais pris n'importe quoi», a expliqué Gionta pour justifier sa célébration.

Une célébration qui était toutefois très loin de faire contrepoids à la défaite de 3-2 aux mains des Sénateurs d'Ottawa. Une défaite gênante. Pas à cause du score final, mais à cause du manque d'effort collectif qui a miné les chances du Tricolore et une autre bonne sortie de Carey Price-le seul de son camp à avoir disputé un match à la hauteur de son talent.

Le Canadien endormi, ses partisans aussi

Le but de Gionta a donné un peu de vie à ses coéquipiers, qui se sont alors vraiment mis à jouer au hockey. Avant, ils dormaient. Leurs partisans aussi. Mais après, on a eu droit à quelques poussées intéressantes et à des oh! et des ah! qui ont remplacé les «chou!» qui se faisaient entendre de plus en plus fort, de plus en plus souvent.

Au cours de ce trop bref soubresaut, le Canadien aurait pu niveler les chances et s'offrir au moins un point, voire deux. Des points qu'il ne méritait absolument pas, cela dit.

Comment expliquer qu'une équipe qui a maintenant perdu trois de ses quatre derniers matchs -et qui n'a convaincu personne en battant les Sabres, vendredi- ait pu se contenter de six petites minutes de travail?

«C'est inacceptable», a reconnu le capitaine.

Maintenant qu'il a marqué ce but attendu depuis trop longtemps, il doit reprendre les commandes de son équipe. Il doit même la brasser. À commencer par son copain Scott Gomez.

Oui! Gomez a été moins mauvais samedi. Il a même été presque bon. On l'a vu foncer au filet au lieu de rester sagement dans les zones de confort. On l'a vu décocher de vrais tirs. On l'a même vu «exceller» aux cercles des mises en jeu (64% d'efficacité). Sauf que Gomez a encore bien des dettes à rembourser...

Gionta doit aussi réveiller Cammalleri et Kostitsyn qui semblent plus démunis que Plekanec, alors que c'est le Tchèque qui est amoindri par la grippe. Il doit réveiller le quatrième trio (Boyd, Lapierre et Pyatt) qui s'est fait poivrer deux buts samedi sans offrir la moindre résistance.

Capitaine sans égards aux succès

D'accord, ou à peu près, avec toutes ces critiques et ces observations défilées après la défaite, Brian Gionta a tiqué sur un point: ce n'est pas parce qu'il a touché le fond du filet samedi qu'il se sent aujourd'hui en meilleure position pour parler.

«Capitaine ou non, je suis toujours le même joueur. Je n'étais pas caché dans un coin parce que je ne marquais pas. Je travaillais. J'étais même content de la façon dont je jouais. C'est mon premier mandat comme capitaine: toujours donner l'effort maximum. Les résultats n'ont pas d'impact sur le fait que je doive ou non donner l'exemple et prendre la parole. Si c'est nécessaire, je le fais. Que j'aie trois buts en quatre matchs, ou aucun en 10 parties.»

Après trois défaites en quatre matchs et une semaine où l'intensité a baissé de plusieurs crans alors que ses coéquipiers promettaient le contraire à la suite du revers contre les Panthers de la Floride, il semble nécessaire que Gionta prenne la parole. Il est temps de secouer, de réveiller une équipe qui s'est vite endormie après les succès relatifs des 10 premières parties.

Contre Vancouver (demain au Centre Bell) et Boston (jeudi au Garden), le Canadien se fera endormir par K.-O. s'il se contente de six petites minutes de travail comme il l'a fait samedi.