L'ancien dur à cuire de la LNH Enrico Ciccone a reçu plusieurs coups de poing à la figure au cours de sa carrière. Mais probablement aucun ne l'a sonné comme la remarque que lui a faite l'une de ses soeurs lorsqu'il a annoncé sa retraite.

«Elle m'a dit: «Rebienvenue parmi nous», raconte Ciccone, désormais agent de joueurs. Je l'ai eu dans les dents parce que je comprenais ce qu'elle voulait dire. Ça m'a brisé le coeur, mais c'était la réalité. Quand on joue dans la LNH, on n'est pas sur la même planète que les autres. Tout est centré sur nous et on peut devenir égoïste. Ça prend un an et demi à revenir sur la planète.»

L'athlète peut entretenir des rapports artificiels avec son entourage, mais les gens peuvent eux aussi faire la même chose avec l'athlète lorsque celui-ci est au faîte de sa gloire. Ciccone préfère sa réalité actuelle.

«Je m'aime pas mal plus aujourd'hui. J'ai toujours été un gars sensible et généreux, mais à l'époque, j'achetais l'amour. J'achetais mes amis. Aujourd'hui, je me dis: si c'est mon chum, il va être là. Je voulais me faire aimer. Je m'aime plus parce que je suis plus honnête avec moi-même. Je suis une grosse brute, mais je suis un gars sensible quand même (rires)...»

Le regard des autres

Un autre ancien redresseur de torts, André Roy, remarque lui aussi que le regard des gens a changé depuis son retrait du hockey, même si plusieurs demeurent fort sympathiques avec lui lorsqu'ils le croisent.

«Quand on joue, tout le monde est prêt à nous rendre service. Ils sont tous nos meilleurs chums. Après, c'est différent. On n'est plus dans la Ligue nationale, donc on n'est pas aussi impressionnant aux yeux des gens. Quand je jouais, tout le monde me demandait des billets, surtout quand j'ai gagné la Coupe. C'est difficile, oui et non. Au moins, les gens qui sont avec nous le sont pour les vraies raisons, pas seulement parce qu'on joue au hockey.»

L'ancien défenseur Stéphane Quintal dit avoir prévenu les coups. «J'ai toujours gardé mes chums de Boucherville. Ils ont toujours été là pour moi. Le fait d'avoir conservé mes amis d'enfance m'a permis de garder un équilibre. Ce que j'ai trouvé le plus difficile, par contre, c'est de constater qu'une organisation fait tout pour nous mais, du jour au lendemain, on n'existe plus. En même temps, c'est juste normal, on ne joue plus pour eux, ils ont à s'occuper de leurs joueurs actuels. La roue doit tourner. Mais j'ai trouvé la coupure dramatique.»

Quintal s'ennuie aussi des sensations qu'il pouvait vivre lors d'un match. «Il y a un deuil à faire. Le public, les applaudissements, le premier coup de patin quand la musique démarre avant le match. Ceux qui disent que ça ne leur manque pas, je ne les crois pas, on ne peut retrouver ce sentiment nulle part ailleurs...»

Rubrique poolers

Exceptionnellement, cette semaine, la rubrique «Poolers» de Mathias Brunet sera publiée dans notre numéro de demain.