André Roy croyait bien se trouver un nouveau boulot dans la LNH après sa saison avec les Flames de Calgary en 2008-2009. Mais l'appel tant espéré n'est jamais venu.

Un an plus tard, devant le manque d'intérêt des équipes, il a été contraint à la retraite, à seulement 34 ans... même s'il n'a toujours pas signé la formule pour officialiser le tout. Il croyait bien retomber sur ses pattes rapidement, mais ce n'a pas été le cas.

«Je ne m'inquiétais pas. Je me disais que j'allais m'ouvrir un Tim Hortons ou encore acheter un immeuble. Je croyais aussi que j'allais me trouver quelque chose facilement dans le monde des médias puisque j'avais toujours eu une bonne relation avec les journalistes. Dans ma tête, tout le monde allait être au courant que j'étais disponible et je m'imaginais avoir des offres à gauche et à droite. Mais ça ne s'est pas passé comme je l'imaginais.»

Roy semble désormais trouver sa place dans les médias. Après quelques apparitions fructueuses à la télé, le téléphone sonne plus souvent et il réfléchit à quelques projets intéressants et durables. Sauf qu'il s'est tourné les pouces pendant 18 mois. «Tous les retraités disent que la première année de la retraite est la plus difficile et j'y croyais plus ou moins, mais avec le recul, ils avaient raison, explique Roy. On joue au hockey toute sa vie et, du jour au lendemain, c'est terminé. Si on peut demeurer dans le domaine à titre d'entraîneur ou de dépisteur, c'est bien, mais sinon, on fait quoi? Pharmacien? J'ai eu beaucoup de hauts et de bas la première année, de remises en question. On est stressé, on ne sait pas si on pourra se placer les pieds et on a une famille à soutenir, deux filles plus une troisième à venir.»

Les salaires sont plus intéressants de nos jours et un athlète qui fait attention à ses sous n'a pas à vivre pauvrement comme les hockeyeurs d'antan. Mais il ne peut pas se permettre de rester chez lui à ne rien faire. «Pour les gens, nous sommes tous des millionnaires, mais je n'ai pas fait 7 millions par année. J'avais un fonds de réserve, mais l'argent sortait et ne rentrait pas. Quelques années à ce rythme et le puits aurait été à sec. C'est angoissant.»

«C'est plus dur pour les gars qui ne voient pas le coup arriver, souligne l'ancien joueur devenu commentateur Joël Bouchard. Du jour au lendemain, ils se font remplacer par un jeune. Un joueur au début de la trentaine qui n'est plus en demande est contraint d'arrêter quatre ou cinq ans trop tôt. Pour ma part, j'ai eu le temps de me préparer. Pendant le lock-out en 2004, j'ai mis sur pied la Caravane, une tournée avec les joueurs. Ce n'était pas une entreprise à but lucratif, mais ça m'a donné beaucoup d'outils pour l'avenir. Parallèlement, j'ai toujours aimé enseigner, et j'ai commencé à produire, écrire, réaliser et animer L'académie de hockey alors que je jouais encore. En même temps, j'ai commencé à concevoir le projet de construction de l'amphithéâtre à Boisbriand en 2005. La transition s'est faite en douceur.»

Tous n'ont pas cette chance. «Ce ne sont pas tous les joueurs qui ont fait de l'argent, note l'ancien joueur devenu agent Enrico Ciccone, qui fait également de la télé. Et ceux-là, on leur dit qu'ils doivent garder un train de vie modéré. Pendant une dizaine d'années, les gars sont habitués de voir le compte de banque diminuer l'été, mais ça repart à compter du 1er octobre. Après la retraite, ça ne remonte plus et les gars vivent de plus en plus d'insécurité. En plus, on n'est pas instruits. Ça ne veut pas dire qu'on n'est pas intelligents, mais le système nous a fait sortir de l'école. On n'a pas beaucoup d'options. Il faut rester dans le hockey, mais les jobs dans ce domaine ne sont pas nombreux.»

André Roy en sait quelque chose. «J'ai eu des moments de panique, admet-il. On n'a plus de paye. Et il nous reste 40 ans à vivre.»