Rick DiPietro porte des jambières roses ces jours-ci.

«Il n'y a rien de subtil à propos de ces jambières, mais le but est justement qu'elles attirent l'attention le plus possible, a expliqué le gardien des Islanders de New York.

«Plusieurs membres de ma famille sont décédés à cause du cancer, c'est donc une réalité qui est proche de moi. Si c'est tout ce que ça me coûte pour ramasser des fonds, il n'y a pas d'hésitation à y avoir...»

Aujourd'hui, ce sont les jambières roses, mais Dieu sait ce que ce sera ensuite. Car il n'y a jamais rien eu de conventionnel à propos de Rick DiPietro, ce gardien au verbe assuré mais au bilan médical... dur à assurer.

DiPietro, c'est ce gardien que l'ancien DG Mike Milbury avait sélectionné au tout premier rang du repêchage au 2000. Eh oui, cela fait déjà 10 ans.

Ce fameux jour où il a préféré DiPietro à Dany Heatley et Marian Gaborik, «Mad Mike» avait également échangé Roberto Luongo aux Panthers de la Floride. Admettant volontiers qu'il «pariait un peu», Milbury avait justifié son choix en disant d'abord que DiPietro «manipule la rondelle mieux que n'importe quel gardien de la Ligue».

Puis il y a eu ce fameux contrat de 15 ans d'une valeur de 67,5 millions que l'excentrique propriétaire Charles Wang a offert à DiPietro en septembre 2006. Celui-ci venait d'offrir deux bonnes saisons aux Islanders et allait récompenser illico la «vision» de Wang avec sa meilleure campagne à vie. Et l'année suivante, en 2007-2008, il allait même être invité au match des Étoiles.

Les Islanders, malgré l'échange catastrophique de Luongo, avaient l'air d'avoir sauvé un semblant de face.

Mais tout a déraillé.

En mai 2007, DiPietro a été opéré à une hanche après s'être blessé au concours d'habiletés du match des Étoiles.

Se blesser allait devenir la principale habileté de DiPietro, car il a été limité à seulement 13 matchs lors des deux dernières saisons en raison de deux opérations au genou droit.

«Dans les deux dernières années, j'ai eu un peu l'impression d'être un voleur», a confié DiPietro, qui affirme être en ce moment dans la meilleure forme de sa carrière.

«C'est l'effet que ça me faisait de ne pas jouer et de ne même pas être autour des gars. C'est difficile de décrire à quel point on peut être déconnecté du vestiaire lorsqu'on est blessé de la sorte.

«J'ai essayé de retirer le plus de positif que je pouvais de ces deux dernières années, mais ça n'a pas été évident pour ma famille et moi. Ça m'a au moins donné le recul nécessaire pour réaliser à quel point j'étais choyé. Il n'y a même pas 1% des gens qui sont athlètes professionnels dans la vie...

«Alors je me lève tous les matins avec un sourire au visage, car je suis heureux de pouvoir de nouveau enfiler mon équipement.»

Rendu à 29 ans, il est bien loin le temps où DiPietro était perçu comme une étoile montante du circuit. Toujours aussi en verve et confiant en ses moyens, l'Américain travaille plutôt à sauver sa carrière.

«Je ne pensais pas de cette façon à l'époque, mais qui sait si, vers la fin de ma carrière, je ne récupérerai pas les deux années que je viens de perdre...»

Pour l'instant, tout le monde se demande encore à quel moment son genou fera encore des siennes. Mais DiPietro a quand même amorcé cinq matchs depuis le début de la saison et il pourrait bien affronter le Canadien ce soir.

Avec ses jambières roses.

«J'ai pu remettre Humpty Dumpty sur son muret», a-t-il imagé en faisant référence à cette comptine anglaise dans laquelle l'oeuf Humpty Dumpty, tombé de son muret, se fracasse en mille morceaux.

Une analogie qui ne manque pas d'autodérision, car DiPietro s'est révélé aussi fragile qu'un oeuf.

Son contrat viendra à échéance en 2021.