Shane Doan a levé les yeux au ciel lorsqu'on lui a demandé, ce midi, s'il était heureux que les poursuites et contre-poursuite reliées aux propos méprisants adressés aux arbitres et juges de lignes québécois lors d'une visite des Coyotes au Centre Bell en décembre 2005 étaient maintenant réglées.

«Heureux et soulagé», a d'abord lancé le capitaine des Coyotes qui assure toujours avoir été bien plus une victime qu'un assassin dans cette histoire.

«Je me suis retrouvé au centre de cette tempête alors que je n'avais rien à voir dans tout ça. On m'a imputé des mots que je n'ai jamais prononcés. On a prétendu toutes sortes de choses plus négatives les unes que les autres sur moi et on en parle encore aujourd'hui même si ça va faire bientôt cinq ans que c'est arrivé. Alors oui vraiment, je suis heureux et soulagé que ce soit terminé», a répété Doan dont le calvaire s'est terminé par le retrait des procédures judiciaires qui l'opposaient au député Denis Coderre en août dernier.

Retour sur l'histoire

Dernier joueur sorti de la patinoire après s'être tapé de longues minutes de temps supplémentaire au Centre Bell, ce matin, Doan a parlé avec ferveur de l'incident survenu en fin de rencontre le 13 décembre 2005.

Ce soir-là, les Coyotes se font rosser 5-2 par le Canadien. Pour une très rare occasion, les arbitres et juges de lignes dépêchés par la LNH sont tous originaires du Québec. En plus de jouer mollement, les Coyotes écopent de plusieurs pénalités tout en étant victime d'un but alors que la rondelle semble avoir été touchée au-delà de la limite permise.

«Tout ce qui pouvait mal aller allait mal. Les gars étaient frustrés sur le banc et sur la glace. Celui qui était le plus en furie était «Cujo» Curtis Joseph qui s'est rendu presque à la ligne bleue pour enguirlander l'arbitre. J'étais sur la glace et je me souviens très bien m'être rendu auprès de «Cujo» pour le calmer un peu. Ce n'est qu'après le match que j'ai été mis au courant de ce qui arrivait», racontait Doan ce matin.

Victimes de propos méprisants tout au long de la rencontre, des propos qui associaient les arbitres, leurs origines québécoises et leur langue maternelle au fait qu'ils affichaient un parti-pris à l'endroit du Canadien, les arbitres, par le biais du juge de lignes Michel Cormier, signent un rapport selon lequel Shane Doan les a traités de Fucking Frog.

L'affaire a fait boule de neige.

Doan s'est fait clouer au pilori au Québec, la LNH a lancé une enquête au terme de laquelle il a été blanchi, le député Denis Coderre s'est mis de la partie contestant même l'élection de Shane Doan à titre de capitaine d'Équipe Canada au championnat du monde le printemps suivant et sa sélection au sein d'Équipe-Canada aux JO de Turin.

Doan, qui a toujours prétendu d'avoir rien dit dans cette affaire, a répliqué par le biais d'une poursuite à l'endroit de Denis Coderre, qui l'a poursuivi à son tour.

Doan a payé pour d'autres

Shane Doan jure encore sur toute la foi chrétienne qui l'habite - il voue encore plus de respect à Dieu qu'à ses coéquipiers des Coyotes - qu'il n'a jamais traité les arbitres de Fucking Frog.

«C'est vrai que des propos méprisants ont été lancés aux arbitres. Mais ils ne sont pas venus de ma bouche. En plus, je n'ai jamais sacré de ma vie - le mot Fuck chez nos amis du Rest of Canada et des USA vous envoie direction en enfer sans passer go sans réclamer 200 $ lorsque vous le prononcez - et je n'ai rien fait d'autre que de calmer le jeu ce soir là», a répété Doan.

L'enquête a permis d'établir que c'est Ladislav Nagy, un ancien de la LHJMQ, qui a lancé les propos méprisants.

Loin de minimiser l'impact de ces propos, Doan soutient que l'importance accordée au message a pris des proportions insensées.

«Le message que nous lancions était que les arbitres favorisaient le club local. Rien de plus. Si j'avais été à Toronto et que j'avais dit que les arbitres étaient Ontariens, ou si j'avais été à Calgary et que j'avais dit que les arbitres étaient des westerners est-ce que cela aurait eu les mêmes conséquences? Je ne crois pas. Il aurait fallu les traiter de homers et on aurait évité bien des ennuis», a ajouté Doan qui se dit chanceux d'avoir fait face à cette tempête après avoir passé plusieurs saisons dans la LNH.

«J'étais un proche ami de Denis Gauthier avec qui je faisais du covoiturage à cette époque à Phoenix. J'ai toujours été grand copain de Daniel Brière. Ces gars-là m'ont aidé à protéger ma réputation et m'ont aidé à comprendre un peu mieux tout ce qui se brassait. Mais si j'avais été plus jeune et que ma réputation de «bon gars» n'avait pas encore été bien ancrée dans la LNH, j'aurais vraiment pu y laisser des plumes. C'est terminé et j'espère que les gens comprennent vraiment ce qui s'est passé. J'ai eu des échanges avec Denis Coderre dans le cadre du règlement. J'ai parlé plusieurs fois avec Stéphane Auger (l'un des arbitres ce soir-là) et Michel (Cormier) à qui je ne tiens aucunement rigueur si ce n'est que j'aurais aimé pouvoir me défendre avant que tout ça devienne ce que c'est devenu», a plaidé Doan.

Le capitaine des Coyotes ne croisera pas le Canadien ce soir. Cela lui permettra d'éviter le juge de lignes Michel Cormier qui sera de la rencontre.

Pourquoi?

Parce que le capitaine des Coyotes purgera la troisième et dernière partie d'une suspension que la LNH lui a imposée pour un coup d'épaule asséné au visage de Dan Sexton des Ducks d'Anaheim le 17 octobre dernier.