Guy Boucher n'avait pas envie de se donner en spectacle, à l'entraînement matinal du Lightning de Tampa Bay, même si certains détails le titillaient dans l'exécution de ses hommes.

L'entraîneur de 39 ans ne voulait pas que les projecteurs soient braqués sur lui encore plus qu'ils ne le sont déjà. C'est vrai qu'ils le sont déjà passablement!

Les vétérans du Lightning se sont succédé pour décrire comment l'arrivée de Boucher ­ mais aussi celle du DG Steve Yzerman et du propriétaire ­ permet à l'équipe d'enfin pouvoir envisager l'avenir avec optimisme.

«Je suis choyé d'avoir un tel groupe d'individus de premier plan qui respectent l'autorité et qui écoutent, a raconté Boucher au terme de l'exercice matinal.

«J'ai senti qu'ils étaient mûrs pour un changement, ou du moins qu'ils étaient dans une position où ils allaient bien l'accepter.»

Martin St-Louis a gagné la Coupe Stanley à Tampa et se réjouit de voir le Lightning retrouver graduellement son aplomb et son sérieux. Il a signé une prolongation de contrat de quatre ans avec l'équipe cet été, mais on peut se demander s'il serait engagé à Tampa si l'ancienne administration était encore en place...

«C'est une nouvelle stabilité pour nous car pendant trois ans, il y a eu beaucoup de changements au niveau de notre personnel.

«Pour ma part, je suis content d'être à Tampa. Je n'ai plus 20 ans et j'ai signé un nouveau contrat parce que je voulais être avec une équipe qui ferait les séries à chaque année.»

«Boucher n'est pas intimidé»

Les gens font grand état du système de Guy Boucher, des idées novatrices qu'il intègre à ses enseignements. Mais ce sont ses talents de psychologue et de communicateur qui lui permettent de vendre ces nouveaux concepts.

«Ce n'est pas seulement qu'il a apporté ses méthodes, c'est aussi qu'il te fait faire partie de ses méthodes, explique St-Louis. Il t'intègre dans ses décisions et il t'explique pourquoi il les prend.»

«Il y a une grande différence entre Guy et les autres entraîneurs recrues, ajoute Simon Gagné, un nouveau venu chez le Lightning.

«Il a implanté son système immédiatement alors que les entraîneurs, souvent, ont peur de s'imposer à leur première année. Il n'est pas intimidé, c'est comme si ça faisait 10 ans qu'il était dans la ligue!»

«Guy est un homme qui pense beaucoup. Je crois qu'il pense même pendant qu'il dort!» enchaîne l'ancien du Canadien Dominic Moore.

On aurait tort d'imputer à la seule présence de Guy Boucher le redressement qui s'opère actuellement chez le Lightning. L'entraîneur lui-même ne tarit pas d'éloges envers le propriétaire Jeff Vinik, «qui veut améliorer l'organisation sous toutes ses facettes», un homme «qui n'attend pas, qui agit».

Mais en bout de ligne, ce sont les joueurs qui exécutent. Et de ce point de vue, Boucher se dit privilégié de compter sur un noyau de joueurs ­ surtout à l'offensive ­ qui exercent un leadership aussi positif.

«J'ai essayé de reprendre Vincent Lecavalier dans les entraînements, mais je n'ai pas trouvé un seul moment où il n'avait pas la pédale dans le fond», a illustré Boucher.