C'est difficile de remporter une Coupe Stanley. Mais dans la LNH d'aujourd'hui, c'est encore plus difficile de la conserver.

Depuis 1998 et les Red Wings de Detroit, aucune équipe championne de la LNH n'a réussi à gagner deux titres d'affilée. Aucune. C'est pourquoi la saison qui s'en vient sera doublement ardue pour les Blackhawks de Chicago; en plus de se battre pour conserver leur couronne, les champions devront le faire avec une équipe au visage différent, qui se remet encore du départ de huit membres de la formation de 2009-10.

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Parmi les disparus: le gardien Antti Niemi, et aussi des meneurs comme John Madden, Andrew Ladd et Brent Sopel. Mais c'est peut-être la perte du gros Dustin Byfuglien qui va vraiment se faire sentir; en séries, le joueur de 6'4 et 257 livres avait récolté 11 buts, en plus de brasser la cage aux joueurs adverses, notamment le défenseur Chris Pronger des Flyers de Philadelphie.

Byfuglien est depuis passé aux Thrashers d'Atlanta. Kris Versteeg, un autre attaquant qui avait fait sa marque en séries - 14 points en 22 rencontres -, a été échangé aux Maple Leafs de Toronto en retour de Viktor Stalberg, un ailier gauche en lequel les Hawks fondent de grands espoirs.

«Avec tous les changements qui sont survenus, ce ne fut pas un été facile, reconnaît d'emblée le capitaine Jonathan Toews. Mais ce n'est pas la fin du monde non plus; c'est quand même excitant de voir ces nouveaux joueurs qui veulent faire leurs preuves. On va être bien préparés, et je pense qu'on va être une meilleure équipe à cause de ça. En plus, le noyau du club est encore là, il ne faut pas l'oublier.»

Ce noyau, c'est bien sûr Toews lui-même, souvent considéré comme l'un des 10 meilleurs joueurs de la ligue. Le Franco-Manitobain revient d'une saison de rêve, marquée par une place sur l'équipe d'étoiles aux Jeux de Vancouver, et par le titre de joueur le plus utile en séries dans la LNH.

En plus de Toews, la formation de Chicago peut toujours compter sur Duncan Keith, sacré meilleur défenseur de la LNH la saison dernière, et sur l'attaquant Patrick Kane, auteur de 88 points en 82 rencontres en 2009-10.

«Il y a des leaders dans ce vestiaire, a ajouté Toews, en pointant les casiers du United Center de Chicago. On a juste à trouver l'équilibre entre nos différents trios. On comprend vraiment ce que ça prend pour gagner dans cette ligue, et on sait aussi qu'il y a toujours moyen de s'améliorer.»

De tous les membres des Blackhawks cette saison, c'est sans doute Marty Turco qui sera le joueur le plus observé. Le vétéran gardien s'amène à Chicago avec un énorme défi sur les épaulettes: celui de faire oublier Antti Niemi, le gardien finlandais qui avait fortement contribué au championnat du club le printemps dernier.

Les partisans des Blackhawks, encore sous le charme de la récente conquête, pourraient-ils se mettre à huer au premier signe de faiblesse du nouveau gardien? Pourraient-ils se mettre à huer si le club connaît un mauvais départ?

Jonathan Toews préfère ne pas trop y penser.

«Peu importe ce qui arrive, peu importe s'il y a du mécontentement, ce ne sera jamais aussi chaud qu'à Toronto ou à Montréal! On s'attend à obtenir le même appui du public cette fois-ci. Mais c'est sûr que si on a un mauvais début de saison, les fans d'ici vont nous le faire savoir.»

C'est d'ailleurs le double défi des Blackhawks cette saison: répéter leur exploit du printemps dernier, mais aussi s'assurer que les fans ne quittent pas le navire. Il y a quelques années à peine, les gradins du United Center étaient plutôt tranquilles. Dans une ville où les Cubs, les White Sox, les Bulls et les Bears prennent beaucoup de place, les pauvres Hawks arrivaient bon derniers dans le palmarès sportif local.

Plus maintenant.

«C'est devenu plus personnel, les gens nous reconnaissent de plus en plus dans la rue, fait remarquer Jonathan Toews. Je n'ai rien de négatif à dire sur nos partisans. Je crois que le hockey est devenu aussi important que le baseball, le football ou le basketball par ici. On a réussi à obtenir le respect des gens de Chicago, on fait maintenant partie de leurs préoccupations.»

Le capitaine de l'équipe sait ce qu'il a à faire: mener son club à une deuxième conquête de la Coupe Stanley en autant de saisons. Rien de moins.

«C'est sûr que ça ne va pas être facile... C'est un nouveau départ pour nous. En plus, tout le monde veut battre une équipe championne. On le sait. Mais notre équipe est pleine de confiance, et ça, c'est toujours bon signe.»