Jonathan Toews et Mike Richards ont évolué au sein du même trio, porté le même uniforme et partagé le même objectif pendant le difficile parcours du Canada vers la médaille d'or aux Jeux olympiques de Vancouver.

L'or a été d'autant plus satisfaisant que les deux jeunes vedettes évoluaient dans leur propre pays, où le hockey est roi et où les attentes étaient immenses.

Quelques mois plus tard ils se retrouvent devant la possibilité d'accomplir un exploit rarissime au hockey, celui d'ajouter une conquête de la Coupe Stanley à leur titre olympique. Cette fois cependant ils sont adversaires, Toews et les Blackhawks étant à la recherche d'un premier titre depuis 1961 et Richards évoluant pour une équipe qui est de retour en finale pour la première fois en 13 ans.

Les deux jeunes capitaines - Toews est âgé de 22 ans et Richards, de 25 -, tous deux repêchés au premier tour, évoluent pour des clubs qui suivent leur exemple et qui se sont moulés à leur style de jeu.

Tous deux occupent le sommet des pointeurs durant les présentes séries. Toews compte 26 points, dont 7 buts, en plus d'avoir établi une marque d'équipe en inscrivant au moins un point lors de 13 matchs éliminatoires consécutifs. Richards, de son côté, a 21 points, dont 6 buts.

Ce qu'ils accomplissent pour leur formation dépasse cependant le simple fait de marquer des buts. Ils peuvent en effet offrir du jeu agressif dans les coins de patinoire ou près du filet, contrecarrer les menaces offensives de l'adversaire ou y aller d'une passe précise à un coéquipier.

«Je dirais qu'il joue de façon un peu plus physique que moi, soutient Toews.

«Il aime distribuer les grosses mises en échec. Il est un gars compétitif, qui joue avec coeur et qui ne se contente pas du jeu facile. Il travaille fort et vous avez eu comment il a joué lors du cinquième match... Il se montre dominant et peut vraiment, parfois, vous prendre par surprise. Il est le type d'homme qui pousse son équipe à réagir et à bien jouer lorsqu'il se trouve sur la glace.»

Lors du match qui a éliminé le Canadien de Montréal, Richards a plongé tête première et est parvenu à glisser entre le gardien du Tricolore Jaroslav Halak et le défenseur Roman Hamrlik. La rondelle s'est faufilée tandis que Halak et Hamrlik se percutaient, et Richards n'a eu qu'à la pousser dans le filet après s'être relevé.

«Il a quelque chose de plus que les autres joueurs. Il pratique un jeu physique, il est courageux, il laisse tomber les gants. Il n'y a pas vraiment de faiblesse dans son jeu, reconnaît l'attaquant des Blackhawks Patrick Sharp, qui a déjà évolué avec les Flyers et qui a gagné la Coupe Calder avec Richards il y a cinq ans.

«C'est pour cette raison qu'il est leur capitaine, leur leader, ajoute Sharp. Lorsque je jouais avec eux il est arrivé avec l'équipe en étant perçu comme le prochain meneur après Keith Primeau. Il a accompli tout un travail à ce chapitre. Il est certainement un joueur que nous devrons avoir à l'oeil.»

Toews et Richards ne sont pas les seuls susceptibles de remporter la Coupe Stanley après avoir récolté l'or olympique cette année.

Le tandem défensif des Hawks composé de Duncan Keith et Brent Seabrook, de même que le vétéran défenseur des Flyers Chris Pronger, ont eux aussi aidé le Canada à gagner l'or.

«Ce serait spécial. Il n'y a pas eu la moindre pause depuis les Jeux, pas d'occasion de penser à cela», souligne Richards.

Interrogé au sujet de Toews, Richards se fait tout aussi élogieux.

«Ce que je sais c'est que Toews travaille fort et qu'il rend ses compagnons de trio meilleurs. Duncan et Seabrook font pareil. Ils jouent bien ensemble. Il faut faire attention à ces choses-là.»

La seule fois où ces deux clubs se sont affrontés cette saison, Pronger a enfilé le but vainqueur avec deux secondes à faire pour ainsi permettre aux Flyers de l'emporter. Une défaite qui, selon l'entraîneur-chef des Blackhawks Joel Quenneville, a peut-être été la plus frustrante de toute la campagne.

Pronger a observé Richards se mouler graduellement à son rôle cette année et il a toujours été là en cas de besoin - sur la glace et en dehors.

«Ce ne sera pas toujours facile. Il y aura toujours des périodes difficiles, même pour les capitaines plus âgés, explique Pronger. Plus la saison avançait, plus il trouvait sa niche et la façon de mener cette équipe. Non seulement a-t-il connu beaucoup de succès mais l'équipe en a connu tout autant. Tout est tombé en place.»

La fréquence avec laquelle Toews et Richards seront opposés l'un à l'autre dépendra des trios qui s'affronteront lorsque s'amorcera la finale, samedi soir. Chicago pourrait opposer à Richards la petite peste Dave Bolland, ce dernier ayant connu du succès contre les meilleurs marqueurs adverses en séries éliminatoires.