Unanimement mardi, les joueurs du Canadien assuraient que les liens étroits, la complicité et le respect qui les unissaient avaient ouvert la voie à la belle aventure qui a pris fin lundi à Philadelphie en finale d'Association.

Contrairement aux noyaux autour desquels le Canadien était bâti depuis quelques années, le noyau formé par Scott Gomez, Hal Gill, Michael Cammalleri, Brian Gionta et les autres joueurs acquis l'été dernier était sans pépin.

De moins à la fin de la saison.

Mais en début d'année, les pépins enrayaient la machine que Bob Gainey et Jacques Martin tentaient de mettre en marche.

Ces pépins bousillaient la chimie que le Tricolore tentait de concocter. Même que quelques fois, cette chimie pour le moins volatile a donné lieu à des implosions dans le vestiaire plutôt qu'à des explosions sur la patinoire...

«Il m'est arrivé à plusieurs occasions de me demander combien de temps il faudrait pour que tout fonctionne au sein de ce nouveau groupe. J'ai eu ma réponse après le 82e match. Car une fois en séries, nous avons senti que l'équipe avait pris le dessus sur tout le reste et c'est ce qui nous a permis d'avancer», assurait Josh Gorges.

Avec des gars aussi différents que Hal Gill et Scott Gomez, Brian Gionta et Michael Cammalleri, le vestiaire a été le théâtre de plusieurs chocs d'idées.

«Disons que Scott et moi avons des façons bien différentes de voir le hockey. Il a du talent, je vise l'efficacité. On s'est parlé fort à plusieurs occasions c'est vrai. Et nous n'avons pas été les seuls à le faire», a admis le grand défenseur Hal Gill lorsqu'on lui a demandé d'expliquer les hauts et les bas rencontrés par le Canadien cette saison.

«C'est peut-être l'une des raisons qui expliquent le fait que nos performances ont été aussi difficiles à prévoir. On cherchait notre identité. D'un soir à l'autre, nous ne savions pas qui allait jouer, ou comment nous allions le faire», a poursuivi Gill.

Cette tension s'est résorbée autour de la période des Fêtes.

«Sans le dire à personne, Hal et Scott se sont rencontrés à l'écart de l'équipe pour régler ce différend qui les opposait. Ce fut la première étape vers les succès que nous avons connus en fin de saison et en séries», expliquait bien candidement Gorges.

Cette philosophie est simple. L'équipe passe avant tout le reste.

«Nous nous sommes regroupés autour de ce grand principe. Les gars qui y ont adhéré ont mis l'épaule à la roue. Ceux qui n'ont pas voulu ont été mis à l'écart», a reconnu Gorges qui s'est toutefois refusé à identifier les exclus.

«Mais je vous dirai ceci : il y a des gars qui quitteront. C'est normal. C'est la loi des marchés et des affaires. Mais ce que nous avons surtout gagné en séries, c'est l'esprit d'équipe qui unit maintenant notre groupe. C'est plus fort que tout. Et les gars qui remplaceront ceux qui partiront devront respecter ce principe dès leur arrivée sans quoi ils seront aussitôt mis à l'écart eux aussi», a poursuivi Gorges.

Carey Price, qui a lui aussi candidement parlé d'une prise de bec avec Andrei Markov, a expliqué avoir senti dès le début de la saison qu'une nouvelle dynamique allait s'installer.

«Il était normal que ça change en raison de l'arrivée massive de nouveaux joueurs. Mais dès notre séjour à Teen Ranch où nous avons complété notre camp d'entraînement, je sentais que quelque chose de spécial nous unissait. Oui, nous avons eu nos ennuis. Comme dans toutes les familles. Mais jamais je n'ai senti que ces ennuis minaient le club. Je sentais plutôt qu'ils aidaient à nous unir», a témoigné Carey Price.

Parce que s'il est clair que le noyau, maintenant tout propre du Canadien, sera encore le même en début de saison prochaine, peut-on croire que la barque tanguera moins?

«Je l'espère. Il est normal de traverser des tempêtes. Ça nous rend plus forts. Mais si nous réduisons leur nombre l'an prochain, nous serons plus efficaces dès la saison régulière. On verra où ça nous mènera», a conclu Hal Gill qui écoulera la deuxième et dernière année de son contrat. Un Hal Gill dont on rit beaucoup moins et dont on comprend de plus en plus l'importance depuis le début des séries...