Les équipes ne réagissent pas toujours de la même façon devant l'élimination. Et l'attitude du Canadien au sortir du cinquième match face aux Flyers démontre que le groupe auquel nous avons affaire tranche avec celui qui peuplait le vestiaire dans les saisons précédentes.

Ainsi, le parcours étonnant et inattendu du Canadien était loin d'avoir satisfait le Tricolore.

«La personnalité de ce vestiaire n'est pas de se satisfaire de victoires morales, a martelé Michael Cammalleri. Nous apprécions beaucoup le soutien des amateurs et le fait qu'ils peuvent être fiers de ce que nous avons accompli. Mais nous aurions voulu continuer à jouer.

«C'est décevant de terminer les choses de cette façon, mais j'ai l'impression de faire partie d'une équipe spéciale qui joue dans un endroit spécial. J'ai savouré ma première saison dans cette ville et je vais travailler fort cet été pour revenir et faire mieux l'an prochain.»

«C'est tout à l'honneur de l'organisation d'avoir mis sur pied un groupe de joueurs qui veulent jouer les uns pour les autres», a indiqué Josh Gorges avec beaucoup d'émotion dans la voix.

«Quand personne ne lui accordait la moindre chance, cette équipe s'est regroupée et a travaillé avec acharnement. Nous avons joué à fond de train les uns pour les autres, pour l'organisation et pour nos amateurs.

«Personne n'a lâché ce soir.»

Halak : «C'est poche»

Jaroslav Halak, lui, contenait mal sa frustration devant l'élimination du Canadien, surtout que le premier but des Flyers, inscrit sur une sortie pour le moins douteuse de sa part, a empêché le Tricolore de bâtir sur son avance de 1-0.

«Que voulez-vous que je vous dise... c'est poche», a lâché Jaroslav Halak dans le vestiaire du Canadien.

Mais il a vite repris le contrôle de ses émotions pour mettre cette saison en perspective.

«Ça a été une année de défis pour tout le monde et particulièrement pour moi, a confié le gardien slovaque. Ça n'a pas été facile. Je suis fier de ce groupe de joueurs, et particulièrement de ce que j'ai vu dans les derniers mois de la saison.

«Nous avons surmonté tellement d'adversité. Nous avons eu plusieurs blessés, mais on a fait les séries et l'on s'est rendu en finale d'association. Personne n'est satisfait en ce moment, mais on peut être fiers de ce que l'on a fait.»

Les vétérans Scott Gomez et Brian Gionta, qui connaissent assez bien le tabac, refusaient pour leur part de voir le verre à moitié plein.

«Nous n'avons pas atteint notre but, a dit Gomez. Tant que tu ne te rends pas en finale et que tu ne remportes pas la Coupe Stanley, c'est une déception.

«Nous avons établi un standard au sein de cette équipe et nous sommes dans la bonne direction, mais nous avons échoué. On ne satisfera pas d'une présence en finale d'association.»

Selon son complice Gionta, d'aucune façon la fierté qu'il ressent envers son équipe peut atténuer sa déception.

«La finale de la Coupe Stanley était à portée de main, et c'est difficile à digérer», a-t-il dit, les dents serrées.

Plekanec ignore ce qui l'attend

L'élimination en cinq matchs face aux Flyers a laissé son lot de questions sans réponses.

«Nous ne pouvions pas aller loin avec tous ces matchs où nous n'avons marqué aucun but, a déploré Gomez. Je pourrais dire que c'est à cause de ceci ou de cela, mais ce serait adopter une mentalité de perdant.

«Le plus dur, c'est de regarder dans ce vestiaire, constater quel genre de groupe on a formé, et réaliser ensuite que certains de ces gars-là ne seront pas là l'an prochain, a-t-il ajouté.

«On a traversé tant de choses ensemble. On s'est fait dire à quel point on était terrible à certains moments cette saison... Mais nous, nous savions de quoi nous étions fait.»

Parmi ceux qui pourraient avoir disputé leur dernier match avec le Canadien, il y a le centre Tomas Plekanec, qui doit devenir joueur autonome sans compensation le 1er juillet.

«Je suis déçu de ne pas avoir réussi à marquer depuis plusieurs matchs, a indiqué Plekanec avec une voix éteinte. Au match précédent, j'ai raté le filet de quelques pouces. Si l'on avait marqué, ça aurait fait 1-0 et la série aurait été différente. Encore ce soir, j'ai eu des chances, mais ça ne s'est pas passé.

«Comme je l'ai dit par le passé, j'aime beaucoup jouer à Montréal. Quant à ce qui va se passer cet été, je n'en ai aucune idée.»