Éric Desjardins a cru voir une équipe intimidée dimanche soir à Philadelphie.

«Je ne dis pas que les joueurs du Canadien ont été intimidés, mais leurs jeux, leurs décisions avec la rondelle nous laissaient croire qu'ils l'étaient, a confié hier l'ancien défenseur des Flyers et du Canadien. C'est assez difficile à croire après ce qu'ils ont accompli et compte tenu des joueurs d'expérience qu'ils ont dans la formation, mais disons à la limite qu'ils ont mal réagi à la pression des Flyers. Ils devront agir plus rapidement et amener la rondelle dans les endroits moins agréables. Le gardien Michael Leighton a bien paru, mais il n'a pas été testé.»

Desjardins estime que le Tricolore pourrait connaître plus de difficultés contre les Flyers que face aux Capitals de Washington et aux Penguins de Pittsburgh. «Les joueurs du Canadien forcent l'adversaire à se débarrasser de la rondelle en fond de territoire parce qu'ils ne donnent pas d'espace en zone neutre. Ça compliquait la vie des Capitals et des Penguins parce qu'ils aiment entrer en territoire adverse en possession de la rondelle. Mais les Flyers, eux, aiment justement envoyer la rondelle en fond de territoire pour pratiquer leur échec-avant. Ils sont forts en fond de zone, ils pressent les défenseurs, font des rotations dans le coin, amènent la rondelle au filet avec de la circulation devant le gardien. C'est comme ça qu'ils marquent leurs buts. En plus, les Flyers forment une équipe, ce n'est pas seulement l'affaire de deux ou trois bons joueurs.»

Les défenseurs du CH devront s'ajuster rapidement, estime Desjardins. «On regarde leurs défenseurs individuellement, ils ont de la misère à aller chercher la rondelle, battre leur gars et faire la passe. Une couple de fois, on les a vus s'en débarrasser. Ça va être mortel contre les Flyers, qui ne donnent pas le temps aux attaquants d'aider leurs défenseurs ni au deuxième défenseur de se positionner pour recevoir une passe.»

L'ancien capitaine des Flyers estime pourtant que Philadelphie n'a plus le club intimidant d'antan. «On parle beaucoup de Chris Pronger, mais les autres défenseurs ne sont pas très robustes quand on pense à Matt Carle, Kimmo Timonen, Braydon Coburn, Lukas Krajicek et Ryan Parent. Même à l'attaque, ils ont certains joueurs robustes, mais ce club ne joue pas que de façon robuste. Mike Richards, Simon Gagné, Claude Giroux et Daniel Brière aiment avoir la rondelle sur la palette et faire des jeux. Mais c'est une équipe qui fonce et qui veut la rondelle. S'il faut qu'ils frappent pour reprendre la rondelle, tant pis. C'est peut-être plutôt l'image des Flyers qui est intimidante.»

Les Flyers n'étaient pas aussi agressifs en échec-avant en début de saison. «Ils ont changé leur style avec l'arrivée du nouvel entraîneur Peter Laviolette. C'est un style auquel il croit et il a le club pour jouer de cette manière-là. Moi, je n'ai jamais gagné de cette façon-là et j'ai de la difficulté à croire en ce système, mais il obtient de bons résultats. Tous les joueurs mettent de la pression, même les défenseurs.»

Desjardins vante le travail du capitaine Mike Richards. «Il est vraiment un bon leader. Il commence à avoir beaucoup d'expérience et il a toujours gagné en jouant de façon agressive. Les Flyers ont traversé beaucoup d'épreuves cette année, plusieurs blessures aux gardiens, à Simon Gagné, Jeff Carter. Mais c'est une équipe qui a du caractère. C'est l'image des Flyers depuis toujours.»

Mais pour cet ancien défenseur, la révélation demeure Claude Giroux, qui a obtenu 13 points en autant de matchs depuis le début des séries. «Je suis étonné de le voir afficher autant de confiance, de le voir contrôler le jeu comme il le fait après seulement une année complète dans la Ligue nationale. Dans les quatrième et cinquième matchs contre les Bruins de Boston, il semblait pouvoir tout faire seul sur la glace. Autant il est capable de ralentir le jeu, autant il peut l'accélérer. Il jouait comme ça chez les juniors et il a été capable de le faire dans la Ligue américaine puis dans la Ligue nationale. Je suis vraiment impressionné.»

Éric Desjardins estime qu'il est évidemment trop tôt pour paniquer chez les partisans du Canadien. «Je m'attends encore à une longue série. Le Canadien a toujours su s'ajuster et bien répondre après un mauvais match. On l'a vu dans les deux premières séries.»