Sidney Crosby étant aux prises avec la pire léthargie de sa carrière en séries - avant la rencontre de lundi au Centre Bell, du moins - il était normal qu'ils soient quelques-uns à lui poser des questions à ce sujet.

Mais voilà déjà plus d'une semaine qu'on demandait au capitaine des Penguins s'il s'inquiétait du fait qu'il n'a pas marqué, c'est-à-dire depuis que le Canadien a égalé la série 1-1 après son gain à Mellon Arena.

Même après la victoire de samedi à Pittsburgh, certains affirmaient que oui, les Penguins avaient gagné et pris les devants dans la série, mais... Crosby et Evgeni Malkin n'avaient pas marqué. Comme quoi que ce n'est pas qu'à Montréal qu'on garde le doigt tout près du bouton de panique.

Kristopher Letang ne passe pas par quatre chemins pour dire ce qu'il pense de cette pression constante, pour ne pas dire indue, sur les deux super-vedettes des Penguins.

«Comme on dit en bon français, c'est de la merde, a lancé le défenseur québécois des Penguins, lundi, après la séance d'entraînement matinale des siens. Parce que dans les séries, les statistiques, aucun joueur ne regarde ça. L'important, c'est le résultat à la fin du match, et en ce moment, ces deux gars-là jouent très bien.»

Crosby avait cinq buts et 12 aides en séries avant la rencontre de lundi soir, ce qui lui donnait le troisième rang des marqueurs dans la LNH, à deux points de Jonathan Toews, des Blackhawks de Chicago. Il avait un différentiel de plus-7.

Il avait été limité à trois aides dans les cinq premières rencontres de la série contre le Canadien, avec un différentiel neutre. Il n'avait pas marqué en six matchs.

Malkin, le lauréat du trophée Conn-Smythe le printemps dernier, avait cinq buts et six aides depuis la fin du calendrier régulier, avec un différentiel de plus-1. Il avait un but et deux aides contre Montréal avant lundi, avec un différentiel de moins-1.

Sauf que ça n'a pas empêché les Penguins de prendre l'initiative de la série à trois reprises, soit 1-0, 2-1 et 3-2, et de dominer le cours du jeu pendant de longues séquence dans toutes les rencontres face au Tricolore.

«On a énormément de profondeur», a rappelé Letang.

«Les gens regardent seulement leurs statistiques, a ajouté le défenseur de Montréal en poursuivant sur le sujet de Crosby et Malkin. Mais ce qu'ils font, c'est qu'ils créent de l'espace pour tout le monde sur la glace, en forçant l'autre équipe à les couvrir à deux.»

Crosby et Malkin vivent cette pression extérieure de manières bien différentes. Tandis que l'attaquant russe a tendance à rester éloigné des médias, son coéquipier de Cole Harbour, en Nouvelle-Écosse, se retrouve littéralement sous les feux de la rampe quotidiennement.

Pour éviter la cohue dans le vestaire, la direction des Penguins s'assure que Crosby se présente toujours sur une estrade spécialement aménagée pour lui dans un couloir d'aréna pour répondre aux questions des médias. Le groupe de journalistes voulant recueillir ses propos est si imposant que le capitaine doit faire un point de presse en deux temps: un premier pour les médias électroniques, puis un autre avec la presse écrite.

Donc, même si Crosby voulait oublier ses problèmes, ils sont toujours plusieurs à les lui rappeler, jour après jour.

Reste que ni Crosby, ni Malkin ne semblent se laisser affecter par l'opinion que se font les gens de la qualité de leur jeu, a indiqué Marc-André Fleury.

«Ils n'ont rien changé à cause du fait qu'ils ne marquent pas», a assuré le gardien des Penguins.

«Les deux réagissent de la même manière. Ils aiment avoir de la pression, avoir des défis, a indiqué Letang. Ils sont toujours prêts à s'attaquer de front à ces défis-là. Ils en ont un en ce moment, mais ils devraient quand même être satisfaits de leur travail, ils jouent bien en ce moment. Et on sait que ça risque fort de débloquer à un moment donné, dans un cas comme dans l'autre.»