Le Canadien offre aux Penguins l'opposition à laquelle ils s'attendaient. Et plus encore: jeudi, au Centre Bell, le Canadien a renversé une avance des Penguins après 40 minutes (2-1) pour se sauver avec une victoire à l'arraché de 3-2.

Un premier affront du genre après 25 victoires consécutives des Penguins en pareille circonstance en séries. Un premier affront du genre depuis un revers aux mains des Sabres de Buffalo en mai 2001.

«Il était clair que le Canadien allait déployer une énergie du désespoir en troisième afin d'éviter de revenir ici avec un déficit de 1-3 à combler. Nous avons été incapables d'offrir un niveau d'intensité comparable à celui du Canadien», a admis le défenseur Mark Eaton en guise de justification à la défaite qui a nivelé les chances 2-2 dans la série.

«C'est maintenant à nous d'afficher le même genre de désespoir. On ne peut se permettre de perdre le match de demain. Il n'est pas question de retourner à Montréal avec un déficit de 2-3. On sait ce que cette équipe est capable de faire. Personne dans notre vestiaire ne veut avoir à faire face à l'élimination devant les partisans aussi bruyants que ceux du Canadien», a ensuite convenu Eaton, l'un des quatre joueurs que les Penguins ont «offerts» aux journalistes hier.

Crosby muselé

Les exemples de l'efficacité du jeu défensif du Canadien et de la tenue splendide du gardien Jaroslav Halak sont nombreux depuis le début de la série.

Mais le fait que Sidney Crosby, après quatre matchs, ait été limité à trois passes est le plus éloquent de tous.

Crosby, qui n'affiche qu'un but en carrière au Centre Bell, n'a pas marqué à ses cinq derniers matchs. C'est la troisième fois de sa carrière qu'il doit composer avec une disette pareille. Si le Canadien l'éteint une fois encore samedi, il pourra se glorifier d'être le premier club à avoir prolongé cette disette à six parties de suite.

«Il ne faut pas que Sidney s'accroche avec cette statistique qui démontre clairement à quel point le Canadien est efficace en défense. Personne ne travaille plus fort au sein de notre équipe que Sidney. Il fait des tas de bonnes choses depuis le début de la série et les buts viendront. Je ne suis pas inquiet», assurait Jordan Staal.

Crosby affiche une récolte de 17 points en 10 matchs depuis le début des séries. Une production qui l'assurerait de 41 buts et 139 points dans une saison de 82 matchs.

Mais 14 de ces 17 points ont été récoltés aux dépens des Sénateurs d'Ottawa.

«Il n'y a pas que Sidney qui aimerait marquer plus souvent. C'est vrai pour l'ensemble de notre équipe. Ottawa présentait un système défensif différent de celui du Canadien. Il est clair depuis le début de la série que nous n'avons pas généré assez de deuxièmes occasions de marquer et de descentes en surnombre», a poursuivi l'entraîneur-chef Dan Bylsma...

Le spectre des Capitals

S'il est clair que les Penguins ont largement dominé le Canadien depuis le début de la série aux chapitres du temps de possession de la rondelle, du temps passé en zone offensive et des batailles le long des bandes, ils ont été incapables de transformer ces victoires en buts.

Après avoir vu le Canadien surprendre les Capitals de Washington en première ronde, les Penguins commencent-ils à ressentir une forme d'inquiétude?

«Je ne sais pas si on peut parler d'inquiétude. Ce n'est pas comme si on jouait du mauvais hockey. Il faut simplement maximiser nos résultats», a mentionné le robuste Matt Cooke.

Cette attitude a coulé les Capitals en première ronde.

Dan Bylsma a d'ailleurs convenu qu'il avait servi une mise en garde à ses joueurs. «Il faut donner au Canadien tout le crédit qui lui revient. Il a su limiter au minimum notre production. Et s'il est vrai que nous jouons bien, que nous faisons un tas de bonnes choses sur la patinoire, il est aussi vrai que ça n'a pas été suffisant. Nous ne pourrons nous contenter du statu quo lors des trois derniers matchs. Il faudra en faire plus pour contrer l'efficacité du Canadien et reprendre le contrôle de la série», a conclu l'entraîneur-chef des Penguins.