Il y avait réunion d'équipe, hier matin au centre d'entraînement à Brossard, et honnêtement, je m'attendais à quelque chose de gros. Un gars qui promet une victoire pour le cinquième match. Un gars qui se lève et qui dit aux autres que les folies, ça commence à faire. Un gars qui renverse la cruche de Gatorade.

Mais non.

En fait, vous savez ce qui s'est passé lors de cette fameuse réunion d'équipe? Je vais vous le dire tout de suite: rien. «Ce fut un bon meeting, on a parlé de ce qu'il fallait améliorer, ce fut positif», a expliqué Michael Cammalleri après la réunion en question.

Juste avant, l'entraîneur Jacques Martin, lunettes roses au bout du nez, nous avait rappelé combien son club a bien fait mercredi soir. «En termes de réduire leurs chances de marquer, ce fut notre meilleur match», a tenu à dire le coach.

Voilà où en est le Canadien, mesdames et messieurs. À s'accrocher aux détails. À chercher du positif dans les moindres recoins de la feuille de pointage. Les gens du Canadien n'ont pas le choix, remarquez. Quand on forme un bon petit club, on prend ce qu'on peut.

C'est juste que j'aurais aimé voir autre chose, surtout d'un club qui adore s'appuyer sur son glorieux passé. J'aurais aimé voir des étincelles dans ce vestiaire, j'aurais aimé voir des regards de feu.

J'aurais aimé que quelqu'un, n'importe qui, dise tout haut que le temps est venu d'être un peu méchant. Mais ce n'est pas arrivé. Probablement parce qu'il n'y a personne pour brasser un peu la cage dans ce vestiaire.

Jean Perron m'a déjà raconté qu'un soir au vieux Forum, Bob Gainey avait piqué une crise après une mauvaise période lors d'un match des séries contre Boston. Les gars du CH avaient compris le message, pour ensuite sauter sur la glace comme des enragés... et balayer la série contre les Bruins.

Des histoires comme ça, ce n'est pas seulement dans les films. Des histoires comme ça, il y en a des dizaines dans le grand livre des séries de la LNH, de Gainey à Messier en passant par Patrick Roy. La raison en est simple: souvent, quand ça se met à chauffer, les équipes se tournent vers leurs leaders pour un peu d'inspiration.

Ce qui nous mène à la question qui fait mal: vers qui les joueurs du Canadien peuvent-ils se tourner? Qui va se lever et crier haut et fort que ça commence à bien faire?

«Les grands discours et les grandes déclarations, rien de tout ça ne va nous aider, a répondu Brian Gionta. On sait très bien que c'est notre saison qui est en jeu. Il n'y a rien d'autre à dire. Notre but est de gagner la Coupe Stanley, et on se retrouve dans le trouble. Mais on sait qu'on est capables de s'en sortir.»

Tant mieux s'ils y croient. Moi? Disons simplement que je ne vais pas gager ma copie du classique En forme avec Gilbert Delorme sur un miracle du CH face aux Caps. Je sais bien que des miracles, ça se peut. En 2004, par exemple, le Canadien avait dû quitter le Centre Bell avec un retard de 1-3 dans sa série contre les Bruins. Les gars en bleu, blanc et rouge avaient fini par se réveiller, pour finalement aller voler le septième match à Boston.

Mais les Bruins de 2004 ne sont pas les Capitals de 2010, et ce Canadien trop mou et trop fragile ne me semble pas équipé pour fabriquer des miracles. À bien y penser, c'est sans doute pour ça que personne n'a porté le «C» chez le Canadien cette saison. Parce qu'il n'y a pas un seul joueur qui est assez qualifié pour le faire.