Même s'il a toujours détesté le Canadien et qu'il espère bien sûr battre le Tricolore en première ronde des séries éliminatoires, même si son français se limite à «oui, non, merci beaucoup», Bruce Boudreau a des liens étroits avec Montréal et le Québec.

Ses parents adoptifs sont originaires de la métropole et son père était un grand partisan du Canadien. «Il y a eu des guerres épiques sur le divan le samedi soir entre mon père et moi qui prenais pour les Leafs. Une chance que ma mère jouait le rôle des Nations unies entre nous deux. Je crois qu'il détestait plus les Leafs qu'il n'aimait le Canadien. Mais il a emporté ce secret quand il est décédé. Les seules fois qu'il ne rageait pas contre les Leafs, c'est lorsque je jouais. Mais quand ils m'ont écarté pour de bon, il les a détestés plus que jamais», a dit Bruce Boudreau plus tôt cette semaine.

Un des meilleurs pointeurs de l'histoire de la Ligue américaine de hockey, Boudreau a marqué 28 buts et récolté 70 points en 141 rencontres disputées avec Toronto.

C'est à Québec que s'est faite la transition entre joueur et entraîneur.

«L'idée me trottait dans la tête depuis quelques années. J'allais d'un contrat d'une saison à un autre comme joueur. Je me rendais aux séances de repêchage pour développer des contacts. Puis, à Québec, un gars des Penguins de Pittsburgh m'a apostrophé: ils cherchaient un coach pour leur club de la Ligue coloniale à Muskegon. J'ai posé deux ou trois questions. Avant d'avoir eu les réponses, j'avais un contrat de trois ans sous les yeux. Pour la première fois de ma vie, j'avais une sécurité d'emploi. J'ai sauté sur cette offre.»

S'il a beaucoup bourlingué dans les mineures, remportant des championnats dans la Ligue de la côte Est au Mississippi en 1999 et à Hershey, dans la Ligue américaine, en 2006, Boudreau a aussi vécu des déceptions.

Congédiement ridicule

L'une des pires s'est produite en 1995, à San Francisco, où Jean Perron, alors directeur général et entraîneur-chef, l'a congédié à titre d'adjoint après trois matchs seulement avec les Spiders de San Francisco, dans la Ligue internationale.

«Je ne comprends encore pas aujourd'hui ce qui s'est produit. En fait oui, je comprends: il avait peur de moi. Il s'est senti menacé parce que les joueurs m'écoutaient au lieu de l'écouter. Il voulait instaurer une forme de trappe et moi, j'en préconisais une différente. Il voulait surtout être un gars autoritaire avec les jeunes. Je n'ai jamais cru à cette forme d'autorité et j'agissais autrement avec les joueurs. C'était complètement ridicule», a lancé Boudreau.

Les choses ont mal commencé dès le début entre Perron et Boudreau.

«Il a gardé sept gars après le camp d'entraînement qui n'avaient pas d'affaire là. Jean avait promis des résultats à la direction de l'équipe qui avait des problèmes d'argent. On n'a pas gagné lors des trois premières parties (0-1-2) et il m'a appelé un matin pour me dire de ne pas entrer au bureau», a raconté Boudreau.

Boudreau serait parti sans dire un mot. Sauf que la direction de l'équipe lui a dit qu'il ne serait pas payé.

«J'ai contesté cette décision. On m'a fait faire du dépistage pendant un mois. J'ai obtenu une audition en arbitrage et en 15 minutes, l'arbitre m'a donné raison. Jean n'avait pas jeté un coup d'oeil à mes rapports de dépistage. Je ne servais à rien. Mais bon! Ça ne m'a pas empêché de me rendre où je suis rendu...»