C'est peut-être l'odeur du printemps, c'est peut-être la fièvre des séries éliminatoires qui commence à m'habiter, mais aujourd'hui, j'ai le goût de lancer des fleurs. À Trevor Timmins.

Vous le savez, taper sur Trevor Timmins, c'est facile. C'est parfois même un sport national. Au fil des ans, on s'est mis à plusieurs sur le grand manitou du repêchage pour le CH. On a rappelé ses mauvais coups (quoi, André K. à la place de Jeff Carter?), on a rappelé ses décisions douteuses, mais au final, on a rarement souligné ses bons coups.

Voici l'occasion de le faire.

Tout le monde s'entend là-dessus: si jamais le CH se permet un miracle sur le dos des puissants Capitals de Washington, ce sera probablement grâce à Jaroslav Halak. Qui est sans doute le meilleur coup de... Trevor Timmins.

Eh oui. Ce gardien slovaque, que l'on dit trop petit, trop faible et pas assez comme Carey Price fut, rappelons-le, choisi au neuvième tour du repêchage de 2003 par le Canadien. Et par Trevor Timmins.

«Halak, c'est le choix de Trevor et son équipe, m'expliquait humblement André Savard, hier, de sa voiture, quelque part aux États-Unis. Pour ce choix-là, c'est Trevor qui mérite tout le crédit.»

Savard, bien sûr, était le DG du CH en ce jour d'été 2003, quand le Canadien, avec son dernier choix du repêchage, a mis la main sur Halak. Le jeune gardien a été le 271e choix au total cette année-là.

Vous voulez que je vous dise? J'ai toujours cru que ce coup-là était avant tout un coup de chance. Un gros pile ou face. C'était le dernier choix du Canadien, il était tard, tout le monde avait faim, et quelqu'un a lancé «Halak!». Du moins, c'est ce que je croyais naïvement.

Il faut dire qu'avant Halak, le Canadien venait juste de sélectionner des noms aussi prestigieux que Jimmy Bonneau, Oskari Korpikari («Je me souviens même pas de ce gars-là», avoue Savard) et Mark Flood. En d'autres termes, si le CH a prononcé le nom de Halak après ces trois-là, c'est parce qu'on n'attendait pas grand-chose de lui, non?

André Savard n'est pas d'accord. «Tu ne peux pas dire ça. Quand un club se trompe, on le dit, mais quand il fait un bon coup, il faudrait que ce soit de la chance? Ce n'est pas de la chance. La vérité, c'est que Trevor Timmins aimait Jaroslav Halak. Il l'avait vu participer à un tournoi en Russie à l'époque, et il avait remarqué que ce jeune-là avait du caractère. C'est pour ça qu'il l'a pris. Halak est ensuite allé à Lewiston pour y jouer son hockey junior, et il s'est bien développé. Ces affaires-là, ça arrive. Il y a des gars qui ne sont pas repêchés, mais qui finissent par jouer quand même dans la LNH.»

On peut donc présumer que Jaroslav Halak est le meilleur choix de neuvième ronde de l'histoire du Canadien. Et c'est ce type qui doit maintenant aider son club à réussir l'impossible: aller dans la capitale américaine, et battre les Capitals.

J'ai comme l'impression que si Halak réussit ce petit miracle, on va devoir envoyer des excuses très sincères à Trevor Timmins. Et peut-être aussi lui faire parvenir des fleurs et du chocolat. Ce serait bien la moindre des délicatesses.

Pendant ce temps, Carey Price doit se contenter d'un rôle de figurant. Le Sauveur du club, celui qui avait été choisi quatre rangs derrière Sidney Crosby au repêchage de 2005, sera réduit à un rôle de second, qui consistera à donner des tapes dans le dos, à ouvrir des portes de bande, et à distribuer des bouteilles de Gatorade aux collègues.

Pour citer Benoît Brunet: incroyable.