Le rêve de tous les joueurs est de remporter la Coupe Stanley. C'est à cela qu'ils se préparent durant 82 matchs.

Mais maintenant que nous sommes à l'aube du premier match des séries éliminatoires, jusqu'à quel point l'objectif de la Coupe Stanley est-il nommé dans le vestiaire du Canadien?

«Peu importe que l'on cause une surprise ou non au premier tour, il faut viser la Coupe», a insisté Scott Gomez, qui en a soulevé deux avec les Devils du New Jersey.

«C'est une chose que nous avons apprise avec monsieur Lamoriello. Une année sans Coupe Stanley est une mauvaise année.

«Si l'on se satisfait d'une surprise au premier tour, nous n'irons pas beaucoup plus loin.»

Gomez a été élevé dans la culture gagnante des Devils. Il a vu que le succès engendrait le succès, et il a aussi constaté que d'être ramené sur terre redonnait de la valeur aux choses.

«À mes quatre premières saisons dans la LNH, nous avons atteint la finale trois fois, a rappelé Gomez. Je ne connaissais rien d'autre. C'était comme si atteindre la finale était un automatisme.

«C'est après avoir perdu (en sept matchs face à l'Avalanche, en 2001) que j'ai vraiment compris ce que ça prenait pour gagner.»

C'est ce genre de bagage que le Tricolore souhaite voir ses vétérans partager.

À court et à long terme

Exception faite de Gomez, pour qui il y a la Coupe et rien d'autre, Lord Stanley est rarement cité dans le vestiaire du Canadien.

Ça n'a rien à voir avec ses chances d'éliminer les Capitals de Washington. C'est plutôt le contraire.

«Parler de la Coupe Stanley ne nous sera pas d'un grand recours si nous ne parvenons pas à battre fois Washington, a observé Michael Cammalleri.

«Jacques (Martin) aime répéter qu'il faut se concentrer sur le processus et non sur le résultat, et j'adhère complètement à cela. Il faut rester dans le présent.»

L'entraîneur a en effet tenu à replacer dans son contexte le rêve d'un championnat.

«La Coupe c'est le grand objectif, et l'on a 50 ou 60 jours pour y parvenir, a indiqué Martin.

«Mais pour cela, on doit y aller avec des objectifs à court terme : quatre victoires face aux Capitals et une victoire dans le premier match de la série.»

Mathieu Darche, qui vivra à compter de jeudi ses premières séries éliminatoires en carrière, n'a entendu personne évoquer la Coupe Stanley dans le vestiaire.

L'objectif reste implicite.

«La seule personne qui m'a parlé de la Coupe Stanley, c'est mon fils Samuel, a rigolé le vétéran de 33 ans. Il m'a demandé si on allait gagner la Coupe Stanley.

«Je lui ai répondu qu'on avait beaucoup de travail à faire!»

Une expertise de la victoire

Seulement quatre équipes au cours des 40 dernières années ont remporté la Coupe Stanley sans qu'aucun de leurs joueurs ne l'aient précédemment gagné.

Bon, cela n'améliore pas les chances du Canadien de battre les Capitals.

Sauf que l'expérience des séries qu'apportent plusieurs joueurs du Tricolore est l'un des rares avantages dont ils puissent profiter par rapport à leurs jeunes rivaux.

L'été dernier, Bob Gainey a fait l'acquisition de Scott Gomez, Brian Gionta, Hal Gill et Travis Moen, qui avaient tous déjà remporté la Coupe Stanley.

Les Sharks avaient tenté un coup semblable l'an dernier en amenant à San Jose des joueurs comme Moen, Claude Lemieux, Dan Boyle, Rob Blake et Brad Lukowich. L'histoire a démontré que ce n'était pas la solution à leurs traditionnels déboires en séries.

Sauf qu'en attirant un tel noyau au sein d'une équipe, l'objectif est de développer à l'intérieur du vestiaire une expertise de la victoire.

«C'est vraiment important de pouvoir compter sur ces joueurs, a indiqué Jacques Martin. Non seulement dans notre préparation, mais aussi dans l'attitude lors des matchs.

«Ce sont des gars qui ont passé par là et qui peuvent transmettre à leurs coéquipiers la façon de gérer différentes situations.»

Commencer par un gain sur la route

Deux autres nouveaux venus, les défenseurs Jaroslav Spacek et Marc-André Bergeron, ont vécu l'expérience d'une finale en 2006 avec les Oilers d'Edmonton.

Spacek estime avoir beaucoup appris du chemin que les Oilers avaient emprunté pour s'y rendre.

«Nous nous étions classé huitièmes, comme cette année, et l'on affrontait l'équipe qui avait remporté le Trophée du Président (les Red Wings) et qui avait récolté une trentaine de points de plus que nous, a rappelé Spacek.

«Nous n'avions rien à perdre. L'idée était d'aller récolter au moins une victoire sur la route. Dès qu'on l'a fait, on a senti le momentum changer de côté. Ça avait accentué la pression sur l'autre équipe.

«Ce serait énorme pour nous d'aller faire la même chose à Washington.»