Les Capitals de Washington avaient le même arsenal offensif l'an dernier que cette année. Mais le printemps dernier, les Penguins de Pittsburgh leur ont fait mordre la poussière au deuxième tour des séries.

Hal Gill était là.

«La clé c'est simplement de joueur le plus de temps possible dans leur zone, a expliqué l'immense défenseur. Il ne s'agit pas seulement d'avoir l'artillerie la plus lourde, mais aussi d'être en mesure d'appliquer une pression constante en zone adverse.

«C'est tellement difficile de se donner du rythme en séries. On peut s'en donner et en ôter à leurs avants en passant beaucoup de temps dans leur territoire.»

L'idée de base dont parle Gill a été intégrée par tous ses coéquipiers. Elle semble au centre de leurs préoccupations.

«Tu dois leur ôter temps et espace en t'assurant que ton échec-avant soit bien huilé, a indiqué Brian Gionta. Il faut les arrêter avant qu'ils aient pris de la vitesse en zone neutre.

«Autrement ils vont te le faire payer.»

Évidemment, les Penguins de Pittsburgh, qui ont par la suite remporté la Coupe Stanley, avaient les armes rivaliser avec l'attaque des Capitals.

Tandis que le Tricolore serait mal avisé de vouloir combattre le feu par le feu...

«Ce serait une mauvaise idée, a reconnu Tomas Plekanec. Ça doit être la défensive d'abord. On doit capitaliser sur les revirements et leurs erreurs.

«Tout le monde s'attend à ce que les Capitals l'emportent, sauf nous. Je pense que ce sera une longue série.»

Le manifeste anti-Capitals

Il y a quelques semaines, l'attaquant R.J. Umberger, des Blue Jackets de Columbus, a défrayé la manchette en disant que plusieurs formations de l'Ouest pouvaient aisément venir à bout des hommes de Bruce Boudreau.

Un genre de petit manifeste anti-Capitals dont les joueurs du Canadien semblent avoir retenu des passages!

«Ils jouent de la mauvaise façon, avait osé Umberger. Ils veulent constamment être en mouvement, ils se laissent glisser dans leur zone en attendant un revirement ou un surnombre.

«Une bonne équipe défensive va les battre en séries. Si vous éliminez vos revirements et les empêchez d'aller en avantage numérique, ils vont se frustrer à force d'être souvent dans leur territoire.»

La recette semble simple. Or, les Capitals ont remporté 54 de leurs 82 matchs cette saison! Et jamais dans leur histoire n'avaient-ils récolté autant de points (121) en une campagne...

Des défenseurs peu mobiles

Le Canadien a quand même gagné deux de ses quatre affrontements en saison régulière face aux Capitals, en plus de s'incliner une fois en prolongation.

Il ne part donc pas de zéro en voulant éteindre le feu qu'alimenteront les Ovechkin, Backstrom, Semin et Green.

«On devra être une équipe patiente qui joue physique et qui ferme le jeu, a prévenu Maxim Lapierre.

«Les Caps ont des joueurs capables de marquer des buts sur tous les trios. Il faut envoyer la rondelle profondément dans leur zone et pratiquer un bon échec-avant.»

Mais à partir du moment où les Caps auront le disque, un tout autre défi va se poser au Canadien. Car la mobilité douteuse de la défense montréalaise risque de la mettre en difficulté.

Ryan O'Byrne, qui ne sait toujours pas s'il jouera ou non en lever de rideau, est conscient que le Tricolore devra compenser pour ce manque de mobilité.

«Le positionnement des défenseurs et le fait de rester très à l'affût du jeu qui se développe seront très importants, a répondu O'Byrne.

«Certains joueurs des Capitals ont tendance à rester en maraude près de la ligne bleue adverse pour glisser derrière les défenseurs.

«Si tu permets à un gars comme Ovechkin de se faire oublier pendant une fraction de seconde, tu es cuit.»

Discipline et mouvement de rondelle

Les Capitals ne dominent pas seulement le Tricolore en attaque, mais aussi au plan de la robustesse.

Aux yeux de Jacques Martin, la solution à ce déficit passe par une exécution rapide.

«Il faut se servir de notre vitesse, bien déplacer la rondelle et assurer un bon soutien entre nos attaquants, a mentionné l'entraîneur. Le jeu en équipe finit par entrer en ligne de compte.

«À l'époque où Eric Lindros était à son meilleur - les Flyers avaient atteint la finale face aux Red Wings en 1996-97 - on pensait que les Wings lui opposeraient leur gros duo de défenseurs russes.

«Or, ils lui ont confronté Nicklas Lidstrom et Larry Murphy, deux défenseurs qui n'étaient pas robustes du tout, mais qui déplaçaient bien la rondelle.»

Il reste les unités spéciales, qui pèsent toujours lourd dans la balance.

La bande à Ovechkin a profité de 313 attaques à cinq cette saison alors que le Tricolore n'en a eu que 261, ce qui constitue le plus faible total de la LNH.

Les hommes de Jacques Martin devront trouver une façon de forcer l'adversaire à commettre plus d'infractions que ce qu'ils ont réussi à faire en saison régulière.