Entré en séries par la petite porte, le Canadien sera négligé lorsqu'il amorcera ses troisièmes séries éliminatoires de suite jeudi. Ses dixièmes séries depuis sa conquête de la Coupe Stanley en 1993.

Eh oui! Cela fait déjà 17 ans...

Exception faite de ses partisans les plus ardents, rares sont les observateurs qui accordent à l'équipe une chance de franchir la première ronde. Ce qu'il a fait quatre fois seulement depuis le dernier défilé. Pas celui de la Saint-Patrick ou du père Noël. Celui consacré à la conquête du précieux trophée.

Plus rares encore seront ceux qui lui donneront une chance, aussi mince soit-elle, de se rendre en finale d'Association.

Il faut dire que ce n'est pas arrivé depuis 1993.

Vrai que les chances du Canadien sont minces. Mais contrairement à ce qu'on pourrait le croire, ce n'est pas nécessairement à cause de la force de l'adversaire qu'il va croiser.

Car quand on analyse bien la saison du Canadien, quand on revient sur les matchs qu'il a gagnés alors qu'on ne donnait pas cher de sa peau, quand on analyse toutes ces parties qu'il devait gagner et qu'il a échappées, on se rend compte que le Canadien demeure son plus redoutable adversaire.

Pourquoi?

Parce qu'on ne sait jamais quelle équipe se présentera sur la patinoire.

Capable du meilleur, comme du pire

Un dépisteur professionnel croisé après la défaite gênante du Canadien en Caroline jeudi, un gars d'expérience qui sait voir ce qui échappe à bien d'autres, a lancé cette confession qui en dit long sur le Tricolore cette année.

«Si j'avais parié sur chacun des matchs que je les ai vus jouer cette année, j'aurais perdu ma maison...»

C'est tellement vrai!

Le Canadien a battu les Capitals de Washington deux fois cette saison. Il a soutiré un point dans une défaite en fusillade dans une autre partie contre la meilleure équipe de la LNH.

Le Canadien, alors handicapé par des blessures, a aussi battu les Canucks de Vancouver, les Penguins de Pittsburgh, Martin Brodeur et les Devils, au New Jersey.

Au lendemain de cette victoire surprenante, le Canadien lapidait les Rangers de New York 6-0.

Au lieu de bâtir sur ces gains, le Canadien a perdu ses deux matchs suivants contre les Panthers et le Lightning lors d'une virée désastreuse en Floride.

Comment expliquer que le Canadien, qui s'est présenté à la grande porte des séries en battant Philadelphie (1-0) et Buffalo (3-0) par jeux blancs, s'est aussi écrasé deux fois contre la Caroline, une fois contre les Islanders avant de perdre en prolongation samedi aux mains des Maple Leafs de Toronto?

Capable du meilleur quand ses joueurs respectent le système, quand ils travaillent, patinent, quand l'attaque à cinq fonctionne, quand ses gardiens réussissent les arrêts, quand les astres sont alignés en prolongation et lors des tirs de barrage, le Canadien est aussi capable du pire.

Attaque bipolaire

Qui encadrera Tomas Plekanec jeudi?

Le Andrei Kostitsyn qui a marqué 10 buts et récolté 14 points en 14 matchs en décembre? Ou le Frère André qui n'a marqué que deux buts lors des 26 premiers matchs de l'année, et trois seulement à ses 19 dernières parties? Ce qui fait un bien petit total cinq buts en 45 parties.

Le Michael Cammalleri qui a marqué ses 26 buts en 47 matchs? Un rythme qui l'aurait assuré d'une saison de 45 buts. Où le Cammalleri blanchi à ses six premiers matchs de l'année? Celui qui n'a pas marqué à ses 12 dernières rencontres?

Benoît Pouliot jouera-t-il comme le gros attaquant de puissance qui a fait oublier les buts et les points multipliés par Guillaume Latendresse au Minnesota?

Ou nous démontrera-t-il encore longtemps pourquoi Jacques Lemaire refusait de le faire jouer à profusion avec le Wild?

Que dire de Scott Gomez?

Parfait pour transporter la rondelle jusqu'à la ligne bleue adverse, Gomez doit aussi orchestrer l'attaque une fois en zone ennemie.

C'est pour ça qu'on lui a donné un contrat de 8 millions par année. Et parce que les Rangers ont été complètement irresponsables. Mais c'est une autre histoire...

Et pour illustrer encore plus la bipolarité du Canadien, cette équipe a marqué 57 buts en avantage numérique en 41 matchs cette année. C'est spectaculaire. Ce qui l'est moins, beaucoup moins, c'est qu'elle a fait chou blanc dans les 41 autres parties.

Capable du meilleur comme du pire: c'est exactement ce qui caractérise le Canadien de Montréal en 2009-2010.

Et c'est pour cette raison qu'il pourrait remporter son premier duel en séries, comme en être chassé en quatre petites parties...

Ça commence jeudi

Match 1: Jeudi 15 avril à Washington

Match 2: Samedi 17 avril à Washington

Match 3: Lundi 19 avril à Montréa

Match 4: Mercredi 21 avril à Montréal

Match 5: Vendredi 23 avril à Washington*

Match 6: Lundi 26 avril à Montréal*

Match 7: Mercredi 28 avril à Washington*

* Si nécessaire