À l'image de sa personnalité, c'est en toute discrétion que Brian Gionta file vers sa meilleure saison offensive en quatre ans.

En dépit d'une fracture à un pied qui l'a tenu à l'écart du jeu pendant 21 matchs, l'ailier de 31 ans détient actuellement sa meilleure moyenne offensive (0,61 point/match) depuis sa campagne de 89 points en 2005-06.

Mieux encore, son prochain but sera son 26e de la saison, soit son plus haut total depuis les 48 buts de 2005-2006. Il en a marqué huit dans les 13 matchs qui ont suivi la pause olympique.

«Je n'ai jamais été le genre de joueur dont la contribution se mesurait par la production offensive, confie Gionta. Je peux aider de plusieurs façons.

«J'estime que mon niveau de jeu est demeuré constant tout au long de ma carrière, même si les statistiques n'étaient pas toujours là pour le démontrer.»

Gionta n'est pas prêt à dire que son départ du New Jersey était nécessaire, ni qu'à l'aube de la trentaine, il avait des choses à prouver.

«Cela dit, c'est sûr que le temps d'utilisation et le fait d'être employé dans certaines situations finissent par faire une différence», admet l'ailier de 5 pieds 7 pouces.

Il fait bien de pointer en direction de son temps d'utilisation. Au New Jersey, jamais Gionta n'a-t-il atteint une moyenne de 20 minutes par match. Pas même l'année de ses 48 buts.

Or, à sa première campagne avec le Canadien, il est employé en moyenne 20:46 par rencontre. Ce qui fait de lui l'attaquant le plus utilisé par Jacques Martin.

«J'apprécie que l'on se tourne vers moi pour aider l'équipe de cette manière. Ça aide à la concentration d'un joueur.» Vingt-cinq buts à la fiche d'un joueur qui n'a disputé que 55 matchs, ce n'est pas à dédaigner. Sauf que...

«Il devrait avoir beaucoup plus de buts car il a raté un tas de chances», lance Scott Gomez à demi sérieux.

Une éducation de première classe

Gomez connaît Gionta depuis qu'il a 14 ans.Les deux joueurs ont suivi le même programme de développement aux États-Unis avant de se retrouver chez les Devils du New Jersey.

Personne n'est mieux placé que lui pour parler de Gionta.

«Quand nous sommes arrivés dans la ligue, tout le monde disait que l'on était trop petits pour la LNH - lui en particulier.

«Il travaille tous les jours. Je dis à nos plus jeunes joueurs que s'ils veulent prendre exemple sur un coéquipier dans sa façon de se comporter, ils doivent regarder Brian Gionta.»

Selon le rapide joueur de centre, Gionta a absorbé comme une éponge les influences qui régnaient chez les Devils à leurs premières saisons.

«Nous sommes arrivés en ayant en exemple des gars comme Scott Stevens, Bobby Holik et Claude Lemieux, a noté Gomez.

«Brian est également très près de Joe Nieuwendyk. Bref, on a reçu une éducation digne du Temple de la Renommée.»

Des complices

Lorsque Bob Gainey a embauché Gionta sur le marché des joueurs autonomes, le 1er juillet dernier, tout le monde a lié son arrivée à celle de Gomez, deux jours plus tôt.

La complicité qui avait opéré entre les deux joueurs au New Jersey, tout de suite après le lock-out, avait pris la Ligue nationale par surprise.

C'est cette alchimie que Gainey voulait retrouver afin de relancer le Tricolore.

«Quand j'ai su qu'il s'en venait à Montréal, il n'y avait personne de plus heureux que moi», se souvient Gomez.

Cette saison, toutes situations confondues, Gionta a eu Gomez comme partenaire de jeu près de 70% du temps. Mais même s'ils ont formé la première unité du Canadien pendant une partie de la saison, leur niveau de complicité n'a pas atteint le degré de la saison 2005-06.

Cela n'empêche pas Gomez de flairer les bons moments à venir avec son vieux complice.

«Regardez-le aller, Brian commence à prendre son erre d'aller, avertit-il. Il a raté plusieurs matchs en raison de blessure. Ce n'est pas facile de se remettre d'une fracture à un pied quand on se fie autant que lui à sa vitesse et son jeu de pieds.

«Les gens de Montréal n'ont pas encore vu le meilleur de Brian.»