La Ligue nationale évoque la possibilité de mettre en application dans les prochaines heures son nouveau règlement sur les coups à la tête.

«Tout le monde connaît mon point de vue là-dessus, il faut qu'un règlement entre en vigueur le plus vite possible», s'est réjoui David Booth, qui est devenu le visage de cet épineux dossier après avoir raté la majorité de la saison à cause d'une mise en échec latérale à la tête que lui a administré Mike Richards, des Flyers.

«Trop de carrières sont mises en danger», a ajouté l'attaquant des Panthers de la Floride, qui patinaient mercredi au Complexe Sportif Bell de Brossard.

Le voeu de Booth sera peut-être exaucé car la Ligue nationale livre présentement un bras de fer à l'Association des joueurs pour la forcer à l'entériner. Bras de fer dont la ligue semble sortir gagnante.

En effet, la question des coups à la tête est devenue ces derniers jours le nouveau terrain sur lequel s'affrontent la LNH et le syndicat des joueurs.

Mardi, le Bureau des gouverneurs de la ligue a voté à l'unanimité en faveur de l'application immédiate du règlement portant sur les coups à la tête.

La LNH a songé dès lors à imposer le règlement sans qu'il n'ait été approuvé par l'Association des joueurs ou par le Comité de compétition, dont font partie une demi-douzaine de joueurs.

«Je sais que le Comité de compétition a droit de vote sur cette question et je ne vois pas comment ils pourraient mettre le règlement en application sans avoir eu l'accord du Comité», soutenait en après-midi Bryan Allen, le représentant des joueurs des Panthers de la Floride.

«Le comité a été créé dans le cadre de la convention collective et c'est juste normal que nous ayons notre mot à dire. C'est nous qui jouons les matchs.»

Le Comité votera

Lors du passage à Montréal des Sénateurs d'Ottawa, en début de semaine, Jason Spezza a expliqué que le Comité de compétition sur lequel il siège souhaite que le règlement soit reformulé et étudié durant l'été avant d'être mis en application.

Or, Bill Daly, le bras droit de Gary Bettman, juge que le Comité n'a pas collaboré avec la ligue au cours des derniers jours et qu'il retarde les choses.

«Dans la mesure où nous ne recevons pas l'aval de l'Association des joueurs ou du Comité de compétition, nous allons considérer toutes nos options et prendre une décision dans le meilleur intérêt de la ligue», a prévenu Daly dans un courriel envoyé mercredi à TSN.

«Si cela se produit - et peu importe ce qu'on décide de faire avec le règlement - plusieurs jugeront que le Comité de compétition a échoué à réaliser ce qui en avait motivé la création, et qu'il devra être revu dans la prochaine convention collective.»

Le coup a porté : en soirée, l'Association des joueurs a finalement accepté de passer au vote par le biais du Comité de compétition. Celui-ci rendra sa décision jeudi ou vendredi.

Le fardeau de la preuve

Dans un débat devenu éminemment politique, la ligue a transféré de façon très habile le fardeau de la preuve aux joueurs.

Jusqu'à ce qu'ils décident de plier et de se soumettre au vote, les joueurs avaient désormais l'air d'être ceux qui ralentissaient le processus.

«Ce n'est pas que l'on veuille le ralentir, mais on veut que ce soit fait de la bonne manière, se défend Bryan Allen. On ne veut pas d'un règlement qu'on va regretter ou que l'on sera forcé de modifier ensuite.»

David Booth, pendant ce temps, continue de répondre aux questions portant sur les coups à la tête dans toutes les villes où il va.

Il aimerait bien passer à autre chose.

«Je ne suis pas un expert sur la question, je ne suis qu'un gars à qui c'est arrivé», nous a-t-il dit au Complexe Sportif Bell de Brossard.

«J'essaie d'oublier l'incident et de me concentrer sur le hockey.»

Les Panthers de la Floride sont les adversaires du Canadien, jeudi soir au Centre Bell.