En attendant que la LNH se branche sur la définition officielle d'un coup à la tête - ne retenez pas votre souffle, ça pourrait être aussi long que la sortie de Chinese Democracy -, elle pourrait au moins commencer par mettre fin à une pratique qui existe depuis trop longtemps: le profilage social.

Eh oui, mesdames et messieurs. Du profilage social, il y en a un peu partout. Il y en a dans la rue. Il y en a près de chez vous. Et il y en a dans la LNH, là où l'on punit les agresseurs selon leur degré d'importance dans la compagnie.

 

L'exemple par excellence du profilage social dans la LNH, c'est Mike Richards et son coup sur David Booth. Richards n'a pas été puni, principalement parce qu'il est... Mike Richards. Un joueur vedette. Un important. Un distingué membre d'Équipe Canada. Bref, un de ceux dont la Ligue a besoin pour vendre des billets.

Matt Cooke n'est certes pas un joueur important, encore moins un gars qui permet de vendre des billets, mais puisque Richards n'a pas été puni, la Ligue n'allait certes pas lui taper sur les doigts. Raisonnement stupide? Bien sûr. Mais c'est comme ça que ça marche dans notre belle LNH.

Ce qui nous mène à Maxim Lapierre.

Lapierre lui-même vous le dira, il est un fatiguant. Une peste. Sur la glace, il parle. Et parle. Et parle. Souvent pour dire des choses qu'on ne peut reproduire ici. Au lendemain de son coup par derrière sur Scott Nichol à San Jose, les «experts» du hockey ont vite tranché: ce Lapierre est un ci et un ça, et même pire. On l'a donc suspendu pour quatre matchs. Parce qu'il est Maxim Lapierre. Parce qu'il est un fatiguant.

«Ce que j'ai trouvé le plus plate, c'est d'entendre dire que je suis un joueur salaud, m'a confié le 40 du Canadien avant le match d'hier soir. Nichol, je voulais juste le frapper à la hauteur des hanches pour qu'il ne soit pas capable de prendre le retour. Je ne voulais pas que ça finisse de même, il aurait pu se ramasser en chaise roulante. Personne ne veut voir ça. Alors, de me faire traiter de joueur salaud... Je n'avais jamais été suspendu avant ça.»

J'ai fait remarquer à Lapierre que plus on voit ce coup, et plus ça paraît encore pire. «C'est sûr que quand on revoit ça à la télé, ça ne paraît pas bien. Mais je ne voulais pas le blesser», m'a-t-il répété.

Ma question, donc: si ç'avait été un autre que Lapierre, est-ce qu'il y aurait eu suspension? Markov, disons. Ou Gionta. Est-ce que la Ligue aurait réagi de la même façon? En plus, Lapierre n'a pas eu la chance de Matt Cooke, qui s'en est sorti seulement parce qu'un joueur vedette s'en était sorti avant lui. «Je préfère ne pas commenter là-dessus», a ajouté Lapierre en serrant les dents.

C'est bien là le problème. Dans ce circuit humoristique nommé LNH, les décisions disciplinaires sont trop souvent basées sur l'identité du coupable. Sur ce qui s'est passé auparavant. Je ne défends surtout pas Lapierre; son geste était dangereux, même s'il jure qu'il ne voulait pas blesser Scott Nichol. Mais ce profilage social doit cesser. Parce que ça ne fait pas très sérieux.

Les dirigeants de la LNH peuvent bien faire des belles promesses et affirmer qu'ils vont mettre fin aux coups à la tête. Dans les faits, le problème est pas mal plus grave que ça. Le problème en est un de culture. Culture du vide, culture du flou. La même culture qui permet aux arbitres de prendre des décisions selon l'allure du match, qui permet à ses patrons d'établir deux codes de conduite: un pour les bons, et un pour les méchants.

Il y a une autre ligue qui fonctionne de cette manière. Son nom? La WWE.

Je ne sais pas trop s'il faut en rire ou en pleurer.