Les Blue Jackets de Columbus semblaient promis à un brillant avenir l'an dernier.

Fiche de 25-9-7 en deuxième portion de saison; un jeune gardien, Steve Mason, presque miraculeux; une première participation en séries éliminatoires depuis la naissance de l'équipe, et des jeunes, Derick Brassard, Jakub Voracek et Nikita Filatov, à l'aube d'une belle carrière.

Six mois plus tard, Mason en arrache, le rendement de Brassard est à la baisse, Filatov s'est sauvé en Russie, les Blue Jackets sont avant-derniers dans l'Association de l'Ouest, et Ken Hitchcock est passé de génie à entraîneur en danger.

Les Blue Jackets ont subi une quatrième défaite à leurs cinq derniers matchs, mardi soir, à Philadelphie. Hitchcock est préoccupé. Ça ne l'empêche pas de répondre à l'appel d'un journaliste de Montréal.

Au téléphone, il est toutefois beaucoup moins fringant qu'à l'habitude. L'écroulement de son jeune gardien ne l'aide certainement pas à retrouver sa verve. Gagnant du trophée Calder, remis à la recrue par excellence, et finaliste pour le trophée Vézina, décerné au meilleur gardien en vertu d'une fiche de 33-20-7, moyenne de 2,29 et taux d'arrêts de 91,6%, Mason n'est plus que l'ombre de lui-même cet hiver: fiche de 11-16-6, moyenne de 3,32 et taux d'arrêts de 89,0%.

«La tenue de nos gardiens n'explique pas en totalité nos insuccès parce que Mathieu Garon a été incroyable pour nous, a expliqué Hitchcock. Mais Steve connaît une année difficile. On espérait qu'il soit aussi bon que l'an dernier et même supérieur. Cette guigne de la deuxième année ne nous a jamais effleuré l'esprit. Il avait été extraordinaire l'an dernier malgré une mononucléose et des maux de dos. On s'est dit qu'en santé, il allait être encore meilleur. À sa décharge, nous ne sommes pas aussi efficaces en défense. Nous étions très tenaces dans notre territoire l'an dernier. Mais trois de nos quatre meilleurs défenseurs ont subi des blessures importantes et ça a affecté notre chimie.»

Pas différent des autres

Hitchcock, qui a aussi dirigé les Stars de Dallas, gagnants de la Coupe Stanley en 1999, puis les Flyers de Philadelphie, a la réputation d'être un entraîneur dur. Et intransigeant avec ses jeunes. Il n'est pas d'accord avec l'affirmation.

«Tous les entraîneurs d'expérience entendent cette remarque, a-t-il rétorqué. Mais les joueurs ont tous été jeunes. Ils l'étaient à Dallas, ils ont grandi et regardez ce que ça a donné. Ils étaient jeunes à Philadelphie aussi. Je suis comme les autres entraîneurs de la LNH, je suis exigeant envers tous mes joueurs. Je traite tout le monde de la même façon et ça permet aux joueurs de s'améliorer. Nous sommes là pour ça.»

Hitchcock rejette d'un revers de main l'affirmation selon laquelle les jeunes des Blue Jackets ne progressent pas sous ses ordres. «Anton Stralman et Kris Russell, deux jeunes défenseurs, sont passés à un niveau supérieur cette saison. Mais ils ont 23 ans, pas 20 ans. J'ai évidemment été très déçu par le dénouement de l'histoire Filatov. Je voulais qu'il reste. Pour qu'il réalise vraiment à quel point c'est difficile de jouer dans la LNH. C'était très exigeant pour lui physiquement, il avait de la difficulté à l'étranger mais nous espérions qu'il s'en sorte, comme la plupart des jeunes. Mais il voulait rentrer en Russie dès le quatrième ou le cinquième match. On a essayé de le convaincre de rester. Il croyait qu'il se développerait mieux en jouant plus souvent en Russie.

« Dans le cas de Derick Brassard, on ne devrait porter aucun jugement sur son jeu cette année. Il a raté 55 matchs l'an dernier et, en plus, il commence à s'habituer aux rigueurs de la LNH. Les gens s'attendaient à ce qu'il reprenne où il a laissé, mais ça ne fonctionne pas comme ça. Il s'améliore chaque jour, il deviendra un bon joueur dans cette ligue mais, comme tout joueur qui revient après une blessure grave, il faut du temps pour revenir à son plus haut niveau. Son attitude est exemplaire, il travaille très fort. Ça viendra.»

Après le congédiement d'Andy Murray à St. Louis, plusieurs croyaient qu'Hitchcock serait le suivant. Mais les Blue Jackets ont connu une série de victoires par la suite et ont fait taire les rumeurs. Surpris par le licenciement de Murray?

«Je ne sais pas trop. Je n'ai pas suivi le dossier. Mais il y avait beaucoup d'attentes à St. Louis. J'ai surtout été surpris par le congédiement de John Stevens à Philadelphie. Je ne croyais pas que ça arriverait si tôt.»

Il faut mentionner que Stevens avait succédé à Hitchcock...