Quand il jouait au hockey dans les rues de Ville Saint-Laurent où il a grandi, Mathieu Darche défendait déjà les couleurs du Canadien. Parce que son prénom ressemblait à celui du petit Viking qui faisait les joies des partisans du Tricolore, Darche se prenait pour Mats Naslund.

À 33 ans, après plusieurs années difficiles au cours desquelles les portes de la LNH se sont refermées devant lui bien plus souvent qu'elles ne se sont ouvertes, Darche a donc réalisé un rêve mercredi: jouer à Montréal, pour le Canadien.

«C'est un match spécial pour moi, ma famille et mes amis. Je dirais même que c'est plus spécial pour eux. Car même si j'ai plus de 100 matchs d'expérience dans la LNH et que j'ai déjà joué trois fois au Centre Bell - deux avec le Lightning de Tampa Bay et une avec les Blue Jackets de Columbus -, on dirait qu'à leurs yeux, tout commence ce soir. C'est comme si je jouais mon premier vrai match parce que je le joue pour le Canadien», a expliqué l'attaquant, qui a été sollicité de toutes parts pour des billets.

Pour s'assurer de ne faire de peine à personne, il a limité ses achats au strict minimum.

«J'ai des billets pour mes parents, ma femme et les enfants, qui sont plus contents de rater trois jours d'école et de voir les grands-parents, que de voir leur père jouer pour le Canadien», a lancé le diplômé en économie de l'Université McGill.

Jeune ou petit vieux?

Capitaine des Bulldogs de Hamilton, Mathieu Darche se fait souvent traiter de petit vieux par ses jeunes adversaires dans la Ligue américaine.

Le «petit vieux» a eu droit à une surprise récemment.

«On jouait contre le Manitoba et je me suis retrouvé devant Mike Keane à une mise en jeu. Il m'a dit: 'Eh Darchy! Comment ça va, le kid?' Ça faisait longtemps que je ne m'étais pas fait traiter de kid...»

Darche sait que le rêve qu'il réalisait mercredi pourrait vite refaire place à sa réalité de hockeyeur des ligues mineures. Mais il n'avait pas la moindre intention de profiter de son passage avec le Canadien pour changer son style de jeu.

«Je ne commencerai pas à me conter des menteries à 33 ans. Je sais ce qui m'a amené ici et je serai fidèle au style de joueur que je suis», a assuré l'attaquant, qui compte 16 buts et neuf passes en 32 matchs cette saison avec les Bulldogs.

Bien guidés par Boucher

Bien qu'il ait joué une saison entière dans la LNH il y a deux ans avec le Lightning, Mathieu Darche a vu différents joueurs voler au secours du Canadien depuis le début de la saison.

Maintenant que son tour est venu, le vétéran s'est assuré de bien remplir son rôle de capitaine des Bulldogs en distribuant de bons mots à l'endroit de ses jeunes coéquipiers et surtout de son entraîneur-chef Guy Boucher.

«C'est le gars parfait pour développer nos joueurs. Il est très exigeant. Mais il est aussi un très bon tacticien, qui a plusieurs plans différents à présenter aux joueurs et qui sait passer de l'un à l'autre pendant les parties. Les gars apprennent beaucoup et doivent toujours être en mesure de s'adapter, car nos stratégies, comme nos trios, évoluent constamment. C'est l'une des raisons qui expliquent nos succès cette année et qui nous permettront d'aller loin en séries éliminatoires, car il est très difficile de trouver des stratégies pour nous freiner.»

Mathieu Darche a complimenté les Ben Maxwell, Tom Pyatt, Brock Trotter et même Eric Neilson, l'ancien protecteur de Sidney Crosby avec l'Océanic de Rimouski.

Il a été particulièrement élogieux à l'endroit de David Desharnais.

«J'aime beaucoup David. Il travaille très fort et a de très bonnes mains. Je suis convaincu qu'il jouera dans la LNH un jour. Il n'est pas grand, mais c'est toujours autour du but qu'il bataille quand vient le temps de marquer. Et il marque. Il m'impressionne.»