Gabriel Dumont s'approche dangereusement du sommet des compteurs de la Ligue junior majeur du Québec.

Ce choix de cinquième ronde du Canadien l'été dernier - dans l'ombre de Louis Leblanc - a amassé 26 points à ses 15 derniers matchs au sein du premier trio des Voltigeurs de Drummondville pour porter son total à 61 points, dont 30 buts, en 42 matchs. Il est désormais à seulement sept points du leader, son partenaire de trio Sean Couturier, tout en ayant disputé six matchs de moins.

Dumont, 19 ans, originaire de Dégélis, ne déteste pas tenir un rôle offensif et produire, mais il ne se fait pas d'illusions.

«Quand je suis arrivé à Drummondville il y a quelques années, mon entraîneur Guy Boucher m'a vite fait comprendre que si j'atteignais les rangs professionnels, je ne serais pas un marqueur de 40 ou 50 buts, a-t-il dit au cours d'un entretien téléphonique. C'est important pour moi de devenir un bon joueur défensif, fiable, pour que l'entraîneur puisse m'envoyer sur la glace dans les dernières minutes d'un match pour protéger une avance. Cette année, mon nouvel entraîneur me demande de jouer un rôle plus offensif et ça va bien, mais je ne mets pas la défense de côté.»

Dumont, 5'10 et 180 livres, est souvent comparé à Maxime Talbot. Celui-ci a été repêché tardivement également, en huitième ronde en 2002, et possède de la hargne à revendre, comme Dumont. Talbot a explosé en attaque à ses dernières saisons dans la LHJMQ, ce que Dumont est en voie de faire.

«Après l'avoir vu marquer deux buts dans le septième match de la finale de la Coupe Stanley (en juin 2009), j'aime encore plus la comparaison! a déclaré Dumont. Je veux devenir comme lui. Steve Bégin a été une grande inspiration pour moi, plus jeune. Je me rappelle l'avoir vu se frapper le visage dans la bande et revenir au jeu une trentaine de minutes plus tard, les os du visage cassés. C'est quelque chose qui démontre tout son courage et sa volonté de jouer au hockey et il joue encore de la même façon aujourd'hui. Je veux être ce joueur énergique, capable de frapper l'adversaire, de déranger, de bien jouer en défense, d'être un plombier contre les bons trios adverses.»

Dumont, qui a montré toute sa hargne, mais aussi son flair offensif, en séries éliminatoires puis à la Coupe Memorial le printemps dernier, espère se joindre aux Bulldogs l'an prochain.

«C'est mon plan. On veut toujours jouer dans le meilleur calibre possible. Mais ça va dépendre de ce que le Canadien décide. Je pourrais retrouver Guy Boucher. Ça ne me donnera pas de passe-droit, mais c'est seulement un plus, parce qu'il me connaît bien. Je ne serai pas gêné de lui poser des questions au camp d'entraînement. Je le connais depuis longtemps, on vient du même coin. Il m'a beaucoup apporté. Il réussit à nous faire atteindre notre plein potentiel. Il nous amène à nous fixer des objectifs et à nous dépasser. Il est toujours là pour nous appuyer, mais aussi pour nous réveiller quand nous en avons besoin. Il sait comment parler aux joueurs et les mettre de son côté pour faire passer ses idées.»

Boucher a dit l'an dernier que Dumont était l'âme des Voltigeurs, son guerrier par excellence. Le hasard - est-ce vraiment un hasard? - fait en sorte qu'ils pourraient se retrouver l'hiver prochain.

«J'ai été agréablement surpris d'être repêché par le Canadien. Je ne m'attendais à rien. Mon agent (Philippe Lecavalier) me disait que certains clubs étaient intéressés, mais que je pourrais être repêché en quatrième ronde ou même pas du tout. Je n'avais aucune attente. Le Canadien, c'était vraiment inattendu, surtout après mon entrevue avec eux. Ce n'est pas que ça s'était mal déroulé, mais je n'avais pas un bon feeling. J'avais dit à tout le monde de mon entourage que ça ne serait pas eux. Il ne semblait pas y avoir d'intérêt de leur part. C'était peut-être pour me piquer, pour voir comment j'allais réagir. Je leur avais dit que je voulais jouer dans la LNH peu importe ma taille; c'est peut-être ça qui a fait la différence. Ils m'ont évidemment demandé si je voulais jouer pour le Canadien; j'ai répondu oui, c'est clair. Quel jeune Québécois ne veut pas jouer pour le Canadien?»

Les choix de cinquième ronde percent rarement dans la LNH. Si le Tricolore peut se retrouver avec un Talbot ou un Bégin en puissance, il pourra crier victoire.