Quand le chef de police de Gotham City a de graves ennuis sur les bras, il fait apparaître le visage masqué de Batman dans le ciel noir de sa ville en détresse.

Le temps qu'il faut pour dire «Simonac! On va rater les séries !», Bruce Wayne a eu le temps d'enfiler son costume, de sauter dans sa Batmobile, de passer prendre Robin et d'arriver sur les lieux du crime.

Le ciel était sombre hier soir. Il était gris sale. Un gris annonciateur d'une exclusion possible des séries éliminatoires.

On a attendu, attendu encore, mais jamais le logo du Canadien n'est apparu en signe de détresse.

Ça ne veut pas dire que le Canadien n'est pas dans le pétrin. Ça ne veut pas dire non plus qu'il n'a pas besoin d'aide.

Que non!

Ça veut juste dire que Batman, c'est beau au cinéma.

Dans la vraie vie, l'aide qui permettra au Canadien de faire oublier la fin de semaine atroce qu'il vient de connaître ne viendra pas du ciel.

Et elle ne viendra pas de Hamilton.

Il n'y a personne à Hamilton capable de compléter Tomas Plekanec et Mike Cammalleri en l'absence du plus vieux des frères K., Andrei. Et comme le petit frère Sergei n'est pas prêt à revenir au jeu, Jacques Martin devra encore mettre un diachylon sur une plaie ouverte tant Matt D'Agostini et Max Pacioretty sont incapables de faire ce travail.

On lui suggère de donner une chance à Marc-André Bergeron, mais bon!

Et non, petits comiques, l'aide ne viendra du Minnesota même si vous aimeriez bien que le Wild renvoie Guillaume Latendresse à Montréal après l'avoir remis sur le droit chemin.

L'aide pourrait venir d'un autre coin de la LNH à la suite d'une transaction concoctée par Bob Gainey, qu'on ne confondra jamais avec le Joker...

Mais d'ici à ce que Bob décide de s'en mêler, s'il décide de s'en mêler, l'aide devra venir de l'intérieur.

Du vestiaire, et du bureau du coach, qui doit trouver le moyen de réveiller cette équipe qui s'est endormie à New York, dimanche.

Les meilleurs doivent être meilleurs

Comment y arriver?

Il faudra d'abord que les meilleurs soient meilleurs.

C'est un cliché, c'est vrai.

Mais ce sont les gars des deux premiers trios, Andrei Markov, Roman Hamrlik et l'attaque à cinq qui étaient sur la glace lors de la majorité des buts marqués par les Sénateurs d'Ottawa et les Rangers de New York en fin de semaine.

Et comme ils en ont accordé plus qu'ils n'en ont marqué, ça devenait bien difficile de gagner.

Non! Impossible.

Car derrière les piliers, personne, absolument personne, ne peut prendre la relève.

Glen Metropolit a connu une première moitié de saison surprenante.

Mais il s'est calmé.

Le troisième trio s'est calmé avec lui.

Le quatrième?

Sa saison n'est pas encore commencée!

Même chose à la ligne bleue.

Si Markov joue juste en deçà de son niveau d'excellence et que Hamrlik n'est pas parfait, les autres ne prennent pas la relève et il arrive ce qui est arrivé en fin de semaine.

Et les gardiens?

Ceux qui aiment Carey Price critiquent vertement Jaroslav Halak. Ceux qui préfèrent le Slovaque soulignent à grands traits noirs les mauvais buts accordés par le cow-boy.

Mais les bourreaux de l'un et de l'autre oublient une chose: des fois, souvent, trop souvent, les responsables de buts se tiennent à 50 pieds du filet lorsque la lumière rouge s'allume.

Et ils rentrent discrètement, la tête basse, au banc des joueurs alors que tous les yeux méchants fusillent les gardiens.

Un mal pour un bien

Pas de doute, ça va mal pour le Canadien: les Sénateurs, les Rangers et les Islanders de New York se détachent.

Les Panthers de la Floride, les Flyers de Philadelphie, les Thrashers d'Atlanta et le Lightning de Tampa Bay menacent de le faire glisser encore plus bas au classement.

Mais il y a du bon dans tout ça.

Car c'est quand les choses vont mal qu'on peut connaître la vraie valeur d'un individu, qu'il soit joueur de hockey ou simple mortel. On devrait donc être fixé sur la valeur de vos favoris avant longtemps.

Si les joueurs du Canadien s'écrasent devant l'épreuve, comme ils l'ont fait dimanche contre les Rangers, il faudra oublier les séries.

Mais pour l'instant, rien n'est joué et tout est encore possible.

Ce sera juste plus difficile...