Si le bouche-à-oreille est effectivement la meilleure forme de publicité, il risque d'y avoir de longues files d'attente au Temple de la renommée du Canadien au cours des prochaines semaines.

On peut déjà prédire que le nouveau musée consacré au Tricolore, qui ouvrira ses portes au Centre Bell samedi, ravira les partisans de l'équipe et incitera ceux-ci à en faire les louanges auprès de leur entourage. On y mêle habilement articles rares du passé, qui attiseront la nostalgie des amateurs d'un âge plus avancé, et éléments interactifs à la fine pointe de la technologie, qui amuseront les plus jeunes.

«Notre but a été de faire l'effort constant de garder le lien entre le présent et le passé», a souligné Ray Lalonde, vice-président au marketing et aux ventes chez le Canadien, qui a piloté le projet.

«Pas que Toronto ne mérite pas le Temple de la renommée du hockey, mais Montréal mérite d'avoir un Temple de la renommée du Canadien, a déclaré le président du club, Pierre Boivin. C'est là un geste significatif pour l'histoire de notre club et pour répondre à la passion de nos partisans.

«Et je pense que vous serez d'accord pour dire, après une visite, que c'est une réalisation remarquable.»

L'effet est effectivement réussi. Une visite guidée à l'intention des médias, vendredi, a permis de constater que des milliers d'heures de travail ont été investies dans ce projet depuis que l'idée a pris forme il y a trois ans, lors d'un souper auquel ont pris part Lalonde, Boivin ainsi que les anciens joueurs Réjean Houle et Yvan Cournoyer en compagnie d'Allan Rubin. Celui-ci a fourni au Temple plusieurs de ses articles les plus rares et les plus précieux, choisies dans son imposante collection.

Souci du détail

Le souci du détail est évident dès qu'on entre dans le Temple, du côté du Centre Bell donnant sur la cour de la Gare Windsor. En bas de l'escalateur qui mène au musée situé où se trouvait l'ancienne billetterie, on est accueilli par un écran qui défile toutes sortes de statistiques inédites sur différents joueurs du Canadien, et un autre qui présente des déclarations mémorables des Guy Lafleur, Patrick Roy et compagnie.

On passe ensuite sous une coupole illuminée où se trouvent les photos des 54 joueurs du Canadien qui ont été intronisés au Temple du hockey. On a pensé à laisser quelques places de libres pour les futurs élus.

«Pour Chris Chelios, notamment, qui pourrait être le prochain», a souligné Lalonde.

On est ensuite accueilli par des mannequins de grandeur nature de joueurs actuels du Canadien, tels que Carey Price, Brian Gionta et Hal Gill. Des mannequins habillés des équipements authentiques portés par ces joueurs.

«On invite les gens, les jeunes surtout, à venir tâter, toucher l'équipement et les chandails, à regarder les patins comme ils veulent», a indiqué Lalonde.

Price protège par ailleurs un filet qui a été utilisé lors du tout dernier match disputé au Forum de Montréal. Au-dessus de la scène, une réplique du tableau indicateur du Forum, sur lequel on retrouve un score de 5-4, celui du fameux match éliminatoire du mois de mai 1979 au cours duquel Lafleur a marqué son but égalisateur et Yvon Lambert, le filet vainqueur en prolongation, contre les Bruins de Boston.

Et à droite, une réplique de la façade du Forum, dans laquelle on retrouve les deux escalateurs lumineux qui prennent la forme de bâtons de hockey qui se croisent.

Et ce n'est que le début de la visite.

Le vestiaire du Forum

Parmi les autres moments forts de l'exposition permanente, il y a un hommage aux six équipes originales. Cette section comporte une reproduction d'un wagon de train détaillant la façon dont les joueurs tricolores, à l'époque de Maurice Richard, voyageaient à Boston, New York, Chicago, Detroit et Toronto.

Il y a aussi une reproduction détaillée du vestiaire du Canadien au Forum. On y rend hommage à l'équipe de 1976-77, celle qui n'a subi qu'un total record de huit défaites. On y a placé les chandails de tous les joueurs dans le même ordre qu'à l'époque. Au bout du vestiaire, le capitaine Yvan Cournoyer, avait un banc à lui tout seul.

«C'est exactement le même banc!», s'est exclamé Cournoyer, vendredi, en s'asseyant dessus, dans un vestiaire qui surprend par ses dimensions modestes. Cournoyer a assisté à l'inauguration officielle en compagnie de ses anciens coéquipiers Réjean Houle et Serge Savard.

On retrouve aussi de nombreux articles empruntés au Panthéon du hockey de Toronto, et provenant d'anciens joueurs du club, de collectionneurs privés et du public. Parmi eux, un masque porté par Jacques Plante en 1959-60, l'année où le gardien a commencé à se protéger le visage; un bâton de Georges Vézina; le plus vieux chandail existant du Canadien; et aussi des chandails portés par Henri Richard et Jean Béliveau, dont la texture surprendra ceux et celles qui n'ont connu que l'époque moderne du hockey.

On retrouve aussi des éléments interactifs comme un écran géant tactile, à la manière d'un iPhone, qui permet de faire défiler des photos et des éléments biographiques sur les joueurs du Canadien élus au Panthéon du hockey. On peut aussi poser des questions à Jean Béliveau, filmé sur vidéo.

Les détenteurs de billets pourront accéder au Temple pendant les matchs. Le musée sera toutefois également ouvert six jours par semaine en dehors des heures des rencontres. Il y a un prix d'entrée, mais les recettes serviront notamment à amasser des fonds pour venir en aide aux anciens joueurs du Canadien dans le besoin.