Des enfants de l'école Le Carignan, le nez collé à la fenêtre de la classe, regardaient des joueurs du Canadien patiner avec une cinquantaine de gamins.

En bas, le Tricolore et une batterie de dignitaires étaient venus offrir la deuxième des cinq patinoires «Bleu Blanc Bouge» à l'arrondissement de Montréal-Nord.

Une neige bucolique tombait sur ce quartier qu'on a souvent qualifié de «chaud», mais où tout le monde grelottait hier après-midi.

Pierre Boivin s'est retourné vers les enfants, leur a envoyé la main, puis il a demandé à tous d'observer un moment de silence à la suite de la tragédie qui a secoué Haïti.

Le drame était en filigrane de toute cette inauguration, entre autres en raison de l'importante communauté haïtienne de Montréal-Nord.

Mais «the show must go on».

Et le Canadien espère que cette deuxième patinoire communautaire sera un baume pour un quartier qui souffrait bien avant hier.

Si les résultats obtenus dans le quartier Saint-Michel se répètent à Montréal-Nord, l'organisation aura gagné son pari.

«Il n'y a eu qu'un seul problème avec la patinoire de Saint-Michel, et ç'a été la surabondance de demandes, a expliqué Pierre Boivin. Les responsables ont eu de la misère à gérer les 1600 heures d'activités organisées sur cette patinoire-là. D'autant plus qu'en été, il y a également du basketball et du soccer qui se jouent sur cette surface-là.

«Bref, ç'a été une réussite à tous les points de vue. Ça a été un catalyseur dans les écoles et les comités d'action locale. Ils en ont bien profité.»

L'arrondissement de Verdun sera le prochain à en récolter les fruits. La troisième de cinq patinoires est déjà en chantier.

Gainey: pas avant la fin de la saison

C'est plutôt rare que Pierre Boivin se montre le bout du nez depuis l'arrivée des frères Molson à la tête du Canadien. Pourtant, Geoff Molson a été très clair là-dessus: Boivin est bien en selle dans le poste de président.

Le directeur général Bob Gainey, lui, l'est-il autant?

Dans une entrevue au collègue Réjean Tremblay, Geoff Molson avait été limpide: «Dans la nouvelle réalité, avait dit le nouveau propriétaire, Bob Gainey va relever de Pierre Boivin.»

Or, compte tenu des résultats décroissants de l'équipe depuis deux ans, avec quels critères Boivin compte-t-il évaluer le travail de Gainey?

«On se bat pour une place en séries, il y a une belle cohésion et un bel alignement du propriétaire jusqu'au dernier joueur, a répliqué Boivin.

«Ce n'est pas une question à laquelle je vais répondre en plein milieu d'une saison.»

Un joueur de premier trio

Boivin est plus loquace à propos de la dynamique instaurée par Geoff Molson.

«On était tous très heureux à l'interne de voir la propriété de l'équipe revenir dans les mains de gens d'ici et dans les mains d'une famille intimement liée depuis 50 ans au Canadien, une famille qui en connaît l'importance et qui l'a dans les tripes.

«Geoff est très présent, il a des idées et de la vision. On vient de renforcer notre équipe d'un joueur de premier trio!»

M. Boivin admet que la conclusion de la vente s'est étirée dans les derniers milles, mais il se réjouit que tout se soit conclu à temps pour le centenaire du Canadien.

Un centenaire qui - faut-il s'en surprendre? - constitue à ses yeux une grande réussite.

«C'est sûr que lorsqu'on était dedans et que l'équipe connaissait certaines difficultés, ç'a pris une perspective qui n'était pas souhaitée. Au départ, on s'enlignait pour une 25e conquête de la Coupe Stanley au printemps dernier. Et cela fait partie du sport professionnel d'être capable de rêver...

«Il faut regarder l'ensemble de l'oeuvre et on est fiers du résultat. On aurait préféré une meilleure fin de saison l'an dernier, mais on va essayer de se reprendre cette année.»

À l'extérieur de la patinoire, les activités entourant le 100e anniversaire de l'équipe ont également tenté de rejoindre un maximum de gens.

«On voulait qu'il y ait des legs, et la patinoire de Montréal-Nord en est un, a souligné M. Boivin.

«Le Temple de la renommée du Canadien, que l'on va inaugurer vendredi, en est un autre.»