La prudence est toujours de mise dans le cas des espoirs de la LNH. On doit éviter de les mettre sur un piédestal trop rapidement pour ne pas créer d'attentes démesurées.

Mais la tentation est parfois forte, comme dans le cas du défenseur Pernell Karl Subban, qui fait un tabac dans la Ligue américaine à sa première année chez les professionnels.

En 36 matchs à Hamilton, Subban, un choix de deuxième ronde du Canadien en 2007, a déjà obtenu 24 points en 36 matchs, ce qui le place au quatrième rang des compteurs du club derrière les attaquants Brock Trotter, David Desharnais et Ben Maxwell. Sa fiche de +20 est encore plus impressionnante, puisque le meilleur défenseur du club après lui à ce chapitre, André Benoit, affiche un +7.

Subban vient au cinquième rang des compteurs chez les défenseurs de la Ligue américaine et a été nommé, ces dernières semaines, au sein de la formation partante de l'équipe d'étoiles de l'AHL.

Au fil de conversations avec des recruteurs, des agents ou des entraîneurs de la Ligue américaine, on constate l'unanimité des commentaires: P.K. Subban a tout pour devenir un défenseur d'impact dans la Ligue nationale.

«Des atouts très spéciaux»

L'entraîneur des Bulldogs, Guy Boucher, doit toujours peser ses mots quand il parle publiquement des espoirs de l'organisation. Éviter des propos trop sévères à l'endroit de ceux qui déçoivent et ne pas glorifier un jeune qui promet afin d'éviter de lui imposer une pression inutile. On sent toutefois beaucoup d'enthousiasme dans sa voix lorsqu'il est question de Subban, qu'il a aussi eu l'occasion de diriger au Championnat mondial junior, l'an dernier, à titre d'entraîneur-adjoint.

«Disons qu'on parle d'un joueur qui a des atouts très spéciaux; on ne parle pas d'un joueur marginal, répond-il prudemment au bout du fil. C'est un joueur spectaculaire, que les gens à Montréal vont aimer regarder, mais c'est plus que ça: il est aussi très efficace sur la glace.»

Boucher s'attendait-il à le voir briller à ce point à sa première année chez les professionnels? «Je l'ai vu faire des choses étonnantes ces dernières années. Alors, je ne suis pas surpris par certains jeux qu'il peut accomplir. Mais en ce moment, je suis épaté de constater qu'il a atteint une constance plus rapidement que prévu. Il gagne en confiance et en maturité. P.K. est un défenseur qui va toujours ressortir avec des jeux impressionnants et il réussit à limiter de plus en plus ses erreurs. C'est clair qu'il n'est pas uniquement bon à l'attaque. L'autre chose intéressante, c'est qu'il joue mieux collectivement. On sait tous qu'il peut traverser la glace d'un bout à l'autre avec la rondelle. Le problème, c'est qu'il ne le faisait pas toujours au bon moment. Maintenant, il choisit mieux ses occasions. Quand il a de meilleures options, il les utilise.»

Faut-il pour autant le rappeler sur-le-champ à Montréal?

«Si le jeune est appelé à passer du temps dans la Ligue américaine, c'est qu'il y a des raisons, répond Boucher, dont le club se classe premier dans sa division, deuxième dans la Ligue américaine. Dans le cas de P.K., ce n'est pas un drame qu'il soit à Hamilton. C'est un mal nécessaire pour que son jeu puisse arriver à maturité. La LNH est une ligue de performances. La marge d'erreur est plus mince. Quand on cause des défaites, c'est beaucoup plus difficile de rebondir et de continuer de s'améliorer dans un environnement positif parce qu'on sait qu'on a coûté des points au classement.

«Dans la Ligue américaine, poursuit Boucher, les mêmes erreurs, sans être nécessairement permises, sont acceptées plus facilement parce que prévisibles. Dans cette optique, le jeune sait qu'il peut faire des erreurs sans que ce soit dramatique. Certains individus sont prêts à affronter le défi de la LNH plus tôt. Soit parce qu'ils commettent moins d'erreurs, soit parce qu'ils sont prêts psychologiquement pour un tel défi.

«En ce moment, le choix du Canadien dans le cas de P.K. est très judicieux parce qu'on voit sa progression et son succès. Et pas seulement sur la glace, mais par sa façon d'approcher la vie d'un professionnel. Il a besoin d'un apprentissage graduel. Crosby, qu'on a eu à Rimouski, n'avait plus rien à apprendre dans les rangs juniors. Tout le monde a un cheminement différent. Certains atteignent la Ligue nationale plus tôt que d'autres, mais ça se solde par un échec. C'est du cas par cas. Un gars comme P.K. a besoin d'un tel apprentissage. Il est très valorisé en ce moment par ses succès et par sa participation au match des Étoiles.»

Subban a été le troisième choix du Canadien, au 43e rang de la deuxième ronde, après Ryan McDonagh (12e) et Max Pacioretty (22e). Les premiers choix ne sont pas toujours les meilleurs.