La formation canadienne masculine de hockey junior, qui a permis au pays de prolonger sa série de présences sur la plus haute marche du podium malgré son statut de négligée, a été nommée équipe de l'année 2009 par La Presse Canadienne.

Le Canada a remporté un cinquième championnat du monde de hockey junior d'affilée, le 5 janvier 2009 à Ottawa, à l'aide d'une victoire décisive de 5-1 contre la Suède en finale. Mais la conquête d'une cinquième médaille d'or semblait bien improbable en demi-finale, quand la formation canadienne tirait de l'arrière 5-4 contre la Russie avec cinq secondes à jouer.

Le hockeyeur de Regina Jordan Eberle a alors marqué le filet égalisateur, ce qui s'est avéré le fait saillant du tournoi pour le Canada.

L'or amassé à Ottawa a permis d'égaler le record canadien de cinq tournois remportés de suite, d'abord établi de 1993 à 1997. L'édition 2010 de l'équipe canadienne junior tente d'établir une nouvelle marque au tournoi présentement en cours à Regina et Saskatoon.

Lors du scrutin effectué auprès des directeurs des sports et des diffuseurs à travers le pays, l'équipe canadienne junior a récolté 51 votes de première place et 213 points. Les Alouettes de Montréal, qui ont remporté la coupe Grey, ont terminé au deuxième rang avec 158 points, suivis des Spitfires de Windsor, vainqueurs de la coupe Memorial, avec 53 points.

«Extrêmement fier», a réagi Pat Quinn, l'entraîneur-chef de l'équipe junior 2009 qui travaille maintenant derrière le banc des Oilers d'Edmonton dans la LNH, en apprenant le choix de La Presse Canadienne. «C'est un bel hommage à ces jeunes hommes. Et c'est certainement mérité.

«Comme moi, ils vont chérir ce moment-là. A l'instar des Canadiens, ils vont chérir ce qui est arrivé, et le fait que ce soit arrivé au Canada, devant de formidables amateurs de hockey.»

L'équipe canadienne junior a été proclamée équipe de l'année à trois reprises au cours de son actuelle série de victoires au championnat du monde, ayant été lauréate de cet honneur l'an dernier, ainsi qu'en 2005.

La formation de 2009 avait toutefois un cachet unique à bien des égards. Benoît Groulx avait initialement été embauché à titre d'entraîneur-chef, mais il a accepté un poste d'entraîneur dans la Ligue américaine après avoir dirigé le camp d'entraînement estival. Hockey Canada s'est alors tourné vers Quinn.

Quinn, qui était alors âgé de 65 ans et était bien connu pour avoir longtemps dirigé des clubs de la LNH, avait décidé que le temps de la retraite n'était pas encore venu et il avait gardé la main avec l'équipe canadienne des moins de 18 ans.

Il ne connaissait pas le nom de tous ses joueurs à la fin du camp de sélection de l'équipe junior, mais peu importe. Bien appuyé par ses adjoints, dont Guy Boucher, alors pilote des Voltigeurs de Drummondville, Quinn a su identifier les forces de l'équipe canadienne et il a laissé les joueurs faire ce qu'ils font de mieux.

Contrairement aux équipes des années antérieures qui avaient mis l'accent sur la défensive avant tout, la formation de 2009 avait le goût du risque. Le Canada a remporté le tournoi en marquant 7,5 buts par match en moyenne - la deuxième meilleure prestation à l'attaque de la part d'une équipe canadienne en 35 ans d'histoire à ce tournoi.

Un revirement dramatique

Le jeu de puissance du Canada a conservé un taux de succès de 50 pour cent durant la compétition et marqué deux des cinq buts de l'équipe lors du match de championnat. Après avoir dominé l'adversaire 28-2 au chapitre des buts lors des trois premières rencontres, les Canadiens ont effacé un déficit de trois buts contre les Américains lors du tournoi rotation pour l'emporter 7-4 et terminer au premier rang de leur groupe.

Ce qui a préparé la table pour l'un des moments les plus dramatiques dans l'histoire de l'équipe canadienne junior. La quête pour une cinquième médaille d'or de suite semblait s'être évanouie dans la demi-finale quand la Russie a pris une avance de 5-4 à 17:40 de la troisième période.

Le Canada a toutefois profité d'une mince ouverture quand la Russie a dégagé la rondelle alors que le gardien Dustin Tokarski avait été remplacé par un sixième patineur. Ce qui a donné aux hôtes la chance de préparer un jeu.

Le défenseur Ryan Ellis a amorcé la séquence payante à l'aide d'un jeu intelligent à la ligne bleue, conservant la rondelle dans la zone adverse après que la Russie eut tenté de dégager.

John Tavares a ensuite poussé la rondelle du revers vers le filet.

Le défenseur russe Dmitri Kulikov s'est jeté sur les genoux devant la cage pour tenter d'immobiliser le disque, mais Eberle lui a ravi et il est passé à son revers pour mieux battre le gardien Vadim Zhelobynyuk avec cinq secondes à faire.

Patrice Cormier dit être devenu tout engourdi quand il a constaté que le Canada avait égalé le score, tandis que le défenseur Colton Teubert a failli perdre la voix tellement il a crié sa joie.

«Je pense qu'à ce moment-là, il n'y avait plus personne sur le banc qui doutait que nous allions remporter l'or», a noté Quinn.

«Nous avons ébauché notre plan. C'est le plan où tu enlèves ton gardien et tu espères que des joueurs exécuteront bien et profiteront d'ouvertures, peut-être d'une erreur de l'adversaire que tu peux exploiter - et tout cela est effectivement arrivé.

«Quel moment excitant à vivre, quel plaisir de voir les garçons exécuter le jeu de cette façon. J'ai vécu l'une des plus grandes sensations de ma vie.»

Le moment a été si émotif que le fait qu'Eberle et Tavares aient marqué en fusillade pour permettre au Canada de l'emporter 6-5 et de se qualifier pour la finale pour une huitième année de suite a pratiquement sombré dans l'oubli. Et la finale contre la Suède encore plus, celle-ci ayant manqué d'émotion comparativement à la demi-finale. Qu'importe.

«C'a été fascinant de voir à quel point 22 gars se sont rassemblés et ont réussi à avoir un impact aussi rapidement, a souligné le défenseur Alex Pietrangelo. Nous sommes venus près (d'être éliminés), surtout contre la Russie, mais en même temps c'est une équipe que je n'oublierai jamais.»