Il y a un lien entre Keith Primeau et le regretté Reggie Fleming, même si leurs carrières dans la LNH ont eu lieu à plusieurs décennies d'intervalle.

Ce lien, ce sont les blessures sévères au cerveau, qui peuvent toucher toutes les générations. Le problème n'est pas nouveau, mais ce n'est que récemment que l'on commence à le comprendre.

L'association des joueurs de la Ligue nationale souhaite l'interdiction de tous les coups à la tête, mais le circuit n'a pas enclenché le processus pour adopter un tel règlement.

Pour la première fois, par contre, un changement semble possible. Le mois dernier, les 30 directeurs généraux de la LNH se sont entendus pour former un comité qui enquêtera sur le dossier d'ici aux prochaines réunions, en mars. Ils pourraient alors recommander l'élimination des coups à la tête.

La saison prochaine, il pourrait y avoir un nouveau règlement qui interdirait tout contact avec la tête, même avec une épaule.

Les d.g. se rencontreront avec comme toile de fond les gestes posés par la plus populaire des ligues professionnelles en Amérique, la NFL, qui a pris plusieurs initiatives pour étudier les blessures à la tête et protéger ses joueurs, à la lumière de nouvelles études et de pressions du Congrès.

«Si vous m'aviez posé la question il y a quatre mois, ma réponse en aurait été une de frustration, parce que je trouvais que (la ligue) ne prenait pas d'initiatives, a mentionné Primeau. Mais (les d.g.) sont sortis de leurs réunions avec un plan. Il y a 30 directeurs généraux alors ça prendra un certain temps à implanter, mais il y a un objectif, et pour moi c'est quelque chose d'encourageant.»

Primeau, avec ses six pieds cinq et 235 livres, était un joueur qui frappait fort tout en ayant une touche de marqueur, pendant ses 15 saisons.

Ce qui a fini par l'écarter du hockey, ce ne sont pas des ennuis au genou ou à l'épaule, mais plutôt une série de commotions cérébrales. Au fil du temps, il a éprouvé les symptômes suivants: étourdissements, troubles d'orientation, et des difficultés additionnelles quand son système immunitaire est affecté.

«Quand je suis malade, ça me va directement à la tête,» a t-il dit.

Son histoire est celle de bien d'autres et, au fur et à mesure que les recherches avancent, le danger des commotions cérébrales et leurs effets à long terme deviennent de plus en plus clairs. Les commotions cérébrales ont marqué les carrières de Pat LaFontaine, d'Eric Lindros et son frère Brett, du gardien Mike Richter, du défenseur Jeff Beukeboom et de bien d'autres encore.

«Je sais que je me suis endommagé le cerveau, a dit Primeau, 38 ans. A quel degré, je ne sais pas. Je ne me fais pas de mauvais sang par rapport à ce que l'avenir me réserve.»

Primeau était au courant que Fleming, dont la carrière de 12 ans dans la LNH a pris fin 20 ans avant le début de sa propre carrière, avait une sérieuse maladie du cerveau avant que des chercheurs de Boston University ne dévoilent les résultats de leurs travaux, la semaine dernière.

Fleming est décédé en juillet, à l'âge de 73 ans. Le New York Times a rapporté qu'il était le premier cas connu, chez les joueurs de hockey, avec une encéphalopathie traumatique chronique (ETC), maladie dégénérative du système nerveux souvent associée aux boxeurs, et qui cause un déclin cognitif, des problèmes de comportement et de la démence.

Comme de telles recherches ne peuvent être faites qu'après un décès, Primeau a accepté de donner son cerveau à la science. Il se porte mieux maintenant que lorsqu'il a accroché ses patins, en 2006, mais il n'est certes pas au sommet de sa forme. La commotion cérébrale qui a mis fin à sa carrière s'est produite lors du neuvième match de la saison 2005-06, alors qu'il jouait avec les Flyers de Philadelphie.

«Au jour le jour, ça va beaucoup mieux que l'an dernier, a dit Primeau. La route a vraiment été longue, et il y a eu des jours où je pensais ne jamais revenir à un niveau de santé ou de bien-être qui me permettrait de vivre aussi normalement qu'en ce moment, dans mon cas.»

La plus grande frustration de Primeau est qu'il ne peut plus faire de l'exercice avec la même intensité qu'avant. Lorsqu'il augmente son rythme cardiaque, certains symptômes refont surface, a t-il confié.

Plusieurs joueurs ont été mis à l'écart en raison de commotions cérébrales ou de symptômes semblables, cette saison. Jonathan Toews des Hawks, Chris Drury des Rangers, Sheldon Souray, Steve Staios et Robert Nilsson des Oilers, et David Booth, des Panthers ont tous été écartés des patinoires à cause de coups à la tête.

Certains coups, comme celui de Curtis Glencross des Flames envers Drury, ont résulté en suspensions, mais d'autres, comme celui de Mike Richards des Flyers contre Booth, et de Willie Mitchell des Canucks contre Toews, ne l'ont pas été. Glencross a été puni car il a logé un coup d'épaule à la tête de Drury, que l'on a considéré comme ne s'y attendant pas, car la rondelle ne se trouvait pas aux alentours.

«A mon arrivée dans la ligue, chaque joueur savait exactement contre qui il jouait à chacune de ses présences sur la glace, a dit l'entraîneur des Blue Jackets, Ken Hitchcock, qui a été le dernier à diriger Primeau. Chaque joueur savait si ce serait une présence plus en finesse, ou s'il allait devoir garder la tête haute. Ce qui a vraiment changé, quant à moi, c'est que je ne suis pas vraiment sûr qu'il y ait encore cet élément de savoir qui est de l'autre côté de la patinoire.»