Martin Brodeur semble avoir trouvé la fontaine de Jouvence.

Le gardien québécois, qui a égalé lundi le record de blanchissages en carrière, 103, détenu par Terry Sawchuk, connaît l'un de ses bons débuts de saison en carrière malgré ses 37 ans.

Son secret? Des capacités physiques extraordinaires, évidemment, beaucoup de sérieux à l'entraînement et une passion toujours bien vive. Mais un changement radical de son régime alimentaire, il y a deux ans, pourrait aussi expliquer ses succès à un âge où Patrick Roy s'est retiré du hockey.

Le gardien des Devils du New Jersey a croisé le chemin du préparateur physique et naturopathe Éric Falstrault il y a deux ans. Falstrault se chargeait des entraînements de l'un des actionnaires de la pizzeria appartenant à Brodeur. Curieux, Brodeur a écouté ses idées et s'est lancé à fond dans l'aventure.

«Plus la carrière avance, plus on doit prendre des moyens supplémentaires pour rester au sommet de sa forme, a expliqué Falstrault au bout du fil. Il fallait d'abord baisser son taux de gras et augmenter sa force. Il avait d'ailleurs un taux de gras d'environ 18% au début et aujourd'hui, il se maintient entre 10% à 12%. Il se sent deux fois mieux, il a plus d'énergie, il a moins de hauts et de bas. Les trois quarts des résultats qu'on a obtenus sont liés à son changement d'alimentation. Perdre du gras l'a aidé à gagner en flexibilité, mais aussi en endurance. On peut perdre une vingtaine de livres inutiles. Il fait des mouvements qui prouvent qu'il est beaucoup plus flexible qu'auparavant, surtout au niveau des jambes.»

Falstrault a modifié complètement les habitudes alimentaires de Brodeur, mais il précise que le gardien des Devils ne mangeait pas nécessairement mal. «Il s'agissait plutôt de mieux équilibrer son régime alimentaire pour qu'il ait les bonnes vitamines. Par exemple, j'ai tué le mythe qu'il fallait manger des pâtes avant un match. Quelqu'un qui mange des pâtes sans protéines va peut-être ressentir une baisse d'énergie pendant son activité physique. On a coupé le pain et modifié sa consommation de fruits. J'ai privilégié les bleuets et les framboisese plutôt que le melon pour stabiliser son taux de sucre. Et je l'ai incité à manger beaucoup plus de protéines pour qu'il ne perde pas sa force musculaire. Mais chacun est différent. La diète de Martin ne serait pas nécessairement bonne pour Zach Parise.»

Falstrault a aussi modifié le programme d'entraînement de Brodeur, un autodidacte dans le domaine. «Il faisait beaucoup de cardio et d'étirements. Mais le cardio, ça ne se perd pas. On peut en faire trois semaines avant le début du camp d'entraînement et revenir au niveau de la fin de saison précédente. Alors, on met l'attention ailleurs. On travaille sur la force et la puissance en gymnase. C'est là qu'on peut prévenir les blessures.»

Au plan physique, Falstrault est surtout impressionné par la flexibilité et les réflexes de Brodeur. «On fait certains exercices et il est vraiment sur une autre planète. On ne peut pas vraiment améliorer davantage cet aspect de son jeu parce qu'après 12 ou 14 ans, on ne peut pas améliorer les réflexes de plus de 2 à 5%, mais on peut les maintenir à ce niveau pendant encore plusieurs années.»

Brodeur peut-il conserver un tel niveau d'excellence longtemps? «Je le crois, a répondu Falstrault. Surtout qu'il a toujours une grande passion pour son sport. On en a parlé un peu cet été, il tient à jouer au moins jusqu'à la fin de son contrat qui se terminera dans trois ans. Il aura alors 40 ans. Après, on verra. Il faudra s'assurer dans son cas que ses articulations et ses ligaments demeurent en santé parce qu'il a déjà eu une blessure (au tendon du biceps). Alors, il est toujours susceptible d'en avoir une autre. Mais contrairement à une majorité de gardiens, ses genoux et ses hanches ont été épargnés grâce au style qu'il pratique (qui n'est pas le papillon). Il faudra plutôt faire attention à ses coudes et à ses épaules.

«Dans le cas de son biceps, il a été chanceux dans sa malchance parce si le biceps avait déchiré, l'absence aurait été beaucoup plus longue et ça aurait été difficile de revenir. On a replacé le tendon au bon endroit et depuis, il a beaucoup augmenté sa force au niveau des biceps.»