«Il faut lui faire confiance et le laisser jouer. Une fois sa confiance retrouvée, Benoît Pouliot pourrait en surprendre quelques-uns...»

Éric Veilleux, l'entraîneur des Cataractes de Shawinigan, connaît bien la nouvelle acquisition du CH. Il a dirigé Pouliot à Hawkesbury, dans le Junior A, avant que le jeune homme ne commence son ascension vers la LNH. Il est demeuré proche de Pouliot et de sa famille, qu'il voit chaque été.

«Je l'ai connu lorsqu'il avait 17 ans, a dit Veilleux, joint au téléphone, hier à Shawinigan. C'était l'un de nos joueurs protégés, mais il avait aussi été repêché par Sudbury, dans la Ligue junior de l'Ontario. Il a participé à notre camp avant de partir pour Sudbury, et il avait été dominant. Il n'était donc pas dans mes plans parce que j'étais convaincu qu'il allait rester à Sudbury. Mais à un moment donné, j'ai reçu un coup de téléphone qui m'annonçait qu'il avait été retranché. Je n'en revenais pas.»

Hawkesbury a été éliminé prématurément cette année-là, malgré la domination du jeune homme. Pouliot a terminé la saison à Sudbury et a créé une impression favorable. Il y est resté. L'année suivante, à sa première année d'admissibilité au repêchage de la LNH, il était devenu l'une des têtes d'affiche avec Sidney Crosby, Bobby Ryan et Jack Johnson.

«Je n'ai pas été surpris de le voir grimper les échelons aussi rapidement après l'avoir vu jouer avec nous, a dit Veilleux. Il était vraiment trop fort même s'il avait seulement 17 ans. Ce qui m'impressionnait le plus, c'était sa vitesse. Un coup de patin surprenant. Le genre de joueur qui s'en vient sur toi, qui a l'air d'un grand qui ne patine pas trop puis qui réussit à te déborder. Il a vraiment deux vitesses.»

Mais quatre ans et 18 maigres points plus tard, Pouliot vient d'être largué par le Wild, qui l'a pourtant repêché au quatrième rang en 2005. Comment expliquer cet échec? Veilleux a une explication partielle. «Qui sont les bons compteurs au Minnesota? Ont-ils de la liberté à l'attaque? Je ne suis pas là, je ne regarde pas leurs matchs à la télé, mais je connais les différents styles de jeu. Avec quelqu'un qui coache défensivement et qui veut gagner des matchs à la suite des revirements des autres, ça peut être plus difficile pour un joueur comme Benoît. Quand on se sent capable de déborder un adversaire à un contre un et qu'on ne peut pas le faire parce qu'on va mettre son club dans le pétrin, que fait-on si on veut continuer à jouer? On ne le contourne pas. Chez le Canadien, il y a certaines consignes, mais de ce que je vois, en attaque, ils sont capables de faire des jeux.

«Je sais qu'il voit la game comme un bon joueur. C'est une question de confiance et c'est pourquoi j'étais content pour lui quand l'échange est arrivé. Sans mettre tout en arrière, on apprends de nos erreurs et c'est quand même un nouveau départ. Le hockey, ça reste le hockey, il faut travailler, s'entraîner, faire des sacrifices. Sauf que Benoît a tout à gagner là-dedans.»

Un professeur adéquat

L'agent de Pouliot, Philippe Lecavalier, a été surpris par la transaction. «Je ne m'y attendais pas parce que cette année, Benoît Pouliot avait corrigé tout ce qu'on lui reprochait auparavant. Il travaillait comme un fou sur la glace et il a amélioré son jeu défensif. Et cette année, pour la première fois peut-être, il commençait à avoir sa chance avec le Wild et on l'a placé avec de bons joueurs, ce qui n'avait jamais été le cas auparavant. Sauf qu'il n'y avait pas beaucoup de stabilité au sein des trios. Le Canadien ne sera pas déçu et saura apprécier son talent.»

Éric Veilleux estime que Jacques Martin est le bon entraîneur pour relancer Pouliot. «Il a le mérite de donner des consignes claires à ses joueurs. Jacques m'a dirigé à Cornwall, ça fait longtemps, mais je me souviendrai toujours de ce qu'il m'avait été dit dans le temps, à ma première année professionnelle. Mon rôle était clair et net: «Tu gagnes les mises en jeu, tu ne donnes pas de chances de marquer, tu bloques des tirs, tu vas probablement jouer contre les meilleurs trios adverses et en infériorité numérique. C'est arrivé, j'ai probablement vu 10 secondes en supériorité numérique et je venais d'en compter 55 dans le junior majeur! Sauf que la consigne était claire.»

La suite dans les prochaines semaines...