Guillaume Latendresse ne figurait plus dans les plans du Canadien et dès qu'une équipe s'est montrée intéressée à ses services, Bob Gainey n'a pas hésité à bouger.

«Guillaume n'avait plus sa place au sein de notre équipe. Nous avons repêché Guillaume parce qu'il était un excellent joueur dans les rangs juniors. Mais il devait se battre pour une place au sein du groupe des six premiers attaquants. Il y est arrivé dans le passé, mais n'y arrivait pas cette saison. Après 20 matchs, il occupait un rôle inadéquat pour lui au sein des deux derniers trios et nous avons décidé de bouger», a commenté le directeur général Bob Gainey au lendemain de la transaction qui envoie Latendresse au Minnesota en retour de Benoît Pouliot.

Pointé du doigt par Latendresse qui déplore depuis hier le fait d'avoir été mis à l'index par son entraineur-chef cette saison, Jacques Martin a balayé la critique du revers de la main.

«Je n'ai rien contre Guillaume Latendresse. Je n'ai pas été plus ou moins dur avec lui que je l'ai été avec Andrei Kostitsyn. Comme entraineur, tu travailles avec les jeunes pour les rendre meilleurs. Mais Guillaume a besoin d'afficher plus d'engagement pour mériter sa place au sein des deux premiers trios. Ce n'est plus un jeune de première ou deuxième année. Il en est à sa quatrième saison. Je demandais de l'intensité, de la détermination, du travail. Je voulais qu'il fonce au filet, qu'il gagne ses batailles. Il ne le faisait pas. L'organisation lui a donné du temps, mais il était temps de tourner la page et j'espère que ce changement lui permettra de mieux comprendre ce qu'il doit faire pour rester dans la LNH», a commenté Jacques Martin.

L'entraîneur-chef s'est ensuite servi de l'exemple de Dan Cleary, des Red Wings de Detroit, pour illustrer la situation de Latendresse.

«Cleary a été un premier choix au repêchage (13e sélection en 1997) des Blackhawks de Chicago. Sa carrière ne s'est mise en branle que huit ans plus tard, à Detroit, où il a profité d'une invitation offerte par les Red Wings pour se tailler une place. C'est là qu'il a réalisé ce qu'il devait faire pour être le joueur qu'on attendait de lui. J'espère que ce changement lui permettra de relancer sa carrière», a ajouté Martin.

Dans la mire depuis juin

C'est en juin dernier que Pouliot est apparu sur l'écran radar du Canadien.

«Nous avions des brèches à combler au centre et avons fait le tour de la LNH pour trouver ses solutions. Le nom de Pouliot a été mentionné du côté du Wild. Les semaines ont passé et lorsque nous avons pris la décision de changer de cap avec Guillaume, nous avons décidé d'obtenir ce jeune joueur qui est dans la même situation que Guillaume alors que les deux carrières tardent à se mettre en branle», a ajouté Gainey.

Bien conscient que son équipe est loin de regorger de Québécois, Bob Gainey a reconnu que le départ de Latendresse pourrait chatouiller certains partisans.

«Guillaume est non seulement un Québécois, c'est un gars de la place. Il a grandi ici et joué son hockey mineur ici. Il était très populaire et c'est important pour nos partisans. Mais nous accueillons un canadien-français pour qui la langue et la culture son aussi importantes», a plaidé Gainey.

Du rêve à la réalité

S'il a les atouts pour occuper un poste de centre, c'est toutefois à l'aile que Benoit Pouliot fera son entrée avec le Canadien.

«Comme Guillaume, Benoit Pouliot a beaucoup de potentiel. Et si le Wild croit qu'un changement d'air sera bénéfique pour Guillaume, nous croyons qu'il en ira de même avec Pouliot avec nous. Les deux équipes courent des risques dans cette transaction. Il jouera à l'aile pour commencer, car c'est plus facile d'y faire son entrée. Il dit réaliser un rêve en se joignant à notre équipe. Rêver c'est bien. Mais c'est le travail qui va lui permettre de le réaliser», a indiqué Gainey.

La décision du Canadien de faire faire un saut hâtif dans la Ligue nationale à Guillaume Latendresse plutôt que de lui donner la chance d'apprendre dans les rangs juniors et mineurs a-t-elle nui à son développement?

«Je ne sais pas. Guillaume et Benoit Pouliot sont rendus au même point dans leur carrière. Ils doivent les relancer. Pourtant, Pouliot a joué trois saisons dans les mineures. Est-il plus avancé? Il jouait une douzaine de minutes par match avec le Wild. Si j'étais à sa place, je voudrais en jouer 15, 18. Je voudrais jouer plus, je voudrais jouer mieux. Mais il y a un prix à payer pour obtenir du temps d'utilisation et bien jouer. Il faut travailler. Benoit se joindra à nous bientôt et nous verrons s'il est prêt à payer ce prix.»

Benoit Pouliot devrait être au Centre Bell ce soir afin d'assister à la rencontre opposant le Canadien aux Blue Jackets de Columbus. Blessé à une main, il ne devrait toutefois pas être en mesure de jouer avant la fin de semaine.

«Il sera examiné par nos médecins, mais du côté du Wild on indiquait qu'il aurait pu jouer dès mercredi et que sa présence était même probable vendredi. On verra ce que les médecins nous diront », a conclu Gainey.