Pierre-Marc Bouchard vit sans doute les moments les plus sombres de sa carrière.

Pendant que son équipe, le Wild du Minnesota, en arrache sur la glace, Bouchard tente péniblement de se remettre de sa commotion cérébrale.

«Je prends deux petites marches de quinze minutes par jour, je regarde un peu la télé, je fais des siestes, une chance que j'ai ma blonde pour me sortir un peu de la maison, confiait-il jeudi au téléphone depuis sa résidence du Minnesota. Je dois rester patient et prendre les journées une à la fois. Je n'ai pas encore recommencé aucun exercice en gymnase ou sur la patinoire. J'ai encore des maux de tête constants. Ce n'est pas comme se casser un poignet ou se fouler une cheville, où tu peux quand même aller au gymnase. Je suis habitué de toujours bouger et là, du jour au lendemain, je suis au repos total. C'est vraiment un choc. Et pour favoriser la guérison de mon cerveau, ils m'ont recommandé de ne pas trop regarder la télé ni d'être trop devant l'ordinateur. Alors il ne reste plus grand-chose à faire...»

Bouchard, qui a amassé 46 points l'an dernier après avoir connu la meilleure saison de sa carrière avec 63 points l'année précédente, avait subi une première commotion cérébrale importante en fin de saison. «J'ai raté les cinq derniers matchs et ça m'a pris un petit bout à m'en remettre. Mais j'ai pu m'entraîner normalement cet été, même si j'avais des maux de tête à l'occasion. Je croyais que ça pouvait provenir de mon cou que je faisais traiter. Je me suis présenté au camp d'entraînement et dès le premier match hors-concours, j'ai reçu un coup de coude sur le menton et tous les symptômes sont réapparus. Je ne sais même pas qui me l'a donné, ce n'était même pas un gros coup, j'allais au but pour prendre le retour, mais à 5 pieds et 10 pouces contre un défenseur de 6 pieds 2, les coudes sont pas mal à la hauteur de la tête.»

De toute évidence, le Québécois repêché en première ronde par le Wild en 2002 n'était pas complètement guéri. «C'est ce que m'a expliqué un spécialiste. J'étais peut-être guéri à 90 pour cent et le petit coup sur le menton a tout déclenché. Ce qui est le plus frustrant, c'est qu'il n'y a pas de date de retour pour une blessure comme celle-là. Quand tu te casses un poignet, tu es à l'écart cinq semaines mais une commotion, dans deux semaines je peux être remis, mais ça peut aussi prendre encore deux mois.»

Au moins, Pierre-Marc Bouchard sent son état s'améliorer tranquillement. «J'ai de meilleures journées que d'autres. La semaine d'avant, je sentais une petite progression, rien de majeur, mais une progression. Cette semaine, ça a été vraiment stable. Aujourd'hui, je file un peu mieux, mais comme le neurologue me disait, je peux avoir une bonne journée et le lendemain, ravoir les symptômes. J'espère juste d'être capable d'en coller une couple en ligne.»

Bouchard se dit touché par le soutien de son directeur général. «Je dois prendre mon temps et ne pas précipiter mon retour parce qu'il n'y a pas de risque à prendre avec notre cerveau. J'ai eu une bonne rencontre avec notre directeur général Chuck Fletcher à ce sujet. Il s'est assis avec moi et il m'a rassuré. Souvent, tu reçois toujours une pression pour revenir au jeu le plus vite possible mais lui il m'a vraiment dit qu'il voulait que je prenne mon temps pour guérir à 100 pour cent, qu'il pensait vraiment à long terme.»

Le Québécois suit néanmoins les activités du Wild, qui se retrouve aujourd'hui dans la cave du classement dans l'Association de l'Ouest avec une fiche de 7-12-2. «J'ai pu regarder les matchs à la télé. Je peux aussi aller les voir à l'aréna parce que je m'en sens capable et que ça me fait du bien de sortir de la maison. C'était plus difficile au début de l'année parce que je me fatiguais trop vite. C'est juste quand j'essaie de trop en faire dans la maison ou de marcher trop vite. Je ressens une certaine pression. Mais ça s'en va dans la bonne direction, lentement mais sûrement.»

Bouchard rêve au jour où il pourra à nouveau patiner. Sa voix s'anime lorsqu'on évoque un retour. «Ça va faire du bien de revenir au jeu, mets-en! Ça va faire du bien à ma tête, à mon corps, disons que je vais être un peu plus heureux...»

On lui souhaite tout le courage nécessaire.