Un peu dans l'ombre de Luc Robitaille, Brett Hull, Steve Yzerman et Brian Leetch, le directeur général des Devils du New Jersey, Lou Lamoriello, a été admis au Temple de la renommée du hockey lundi à titre de bâtisseur.

Lamoriello et Ken Holland des Red Wings sont dans une classe à part parmi les DG de la LNH. Pour leur longévité, pour leur succès, pour la stabilité de leur organisation, ils viendraient clairement en tête de ma liste des 10 meilleurs directeurs généraux.

L'actuel DG des Devils est en poste depuis 1987. Sous son règne, les Devils du New Jersey ont raté les séries éliminatoires seulement deux fois et remporté trois des quatre finales de la Coupe Stanley auxquelles ils ont participé. Ils ont bien sûr pu compter sur un gardien de premier plan, Martin Brodeur, mais n'est-ce pas les hommes de Lamoriello qui l'ont repêché ? On parlait de stabilité. L'identité des Devils a toujours été claire et n'a jamais été modifiée (ou si peu) au fil des années, malgré des changements d'entraîneurs.

Même s'il est de l'ancienne garde, Lamoriello a su s'ajuster après le lock-out. Les Devils ont conservé une fiche de 192-107-29 depuis 2005, et remporté trois championnats de division en quatre ans. Ils n'ont pu remporter la Coupe Stanley, mais l'équipe est demeurée hautement compétitive.

Les mêmes attributs collent à Holland. Le directeur général des Wings a été nommé DG en 1997. Jamais les Red Wings n'ont raté les séries éliminatoires depuis, ils ont atteint la finale six fois et remporté quatre fois la Coupe Stanley. L'identité des Wings n'a jamais changé et on parle d'un beau modèle de stabilité, même si Holland a dû opérer une mutation importante après le départ des vétérans Steve Yzerman et Brendan Shanahan en 2006.

Suivent des jeunes loups. Doug Wilson, qui a su au fil des ans acquérir Joe Thornton, Dan Boyle et Dany Heatley sans toucher à son noyau. Les Sharks constituent une puissance année après année, même si les résultats ne sont pas concluants en séries. Ils ont l'équipe pour gagner éventuellement. Les Sharks repêchent généralement bien, et Wilson n'hésite pas à faire des transactions pour offrir à ses dépisteurs des positions de sélection plus avantageuses.

Dean Lombardi avait commencé le travail avant l'arrivée de Wilson à San Jose. On l'a congédié de façon surprenante en 2003. Depuis qu'il s'est joint aux Kings de Los Angeles en 2006, ce club ne cesse de progresser. Lombardi croit aux vertus du repêchage. Il a su, depuis un an, ajouter de bons vétérans pour encadrer ses jeunes...

Les Flames de Calgary ont toujours été compétitifs sous Darryl Sutter. Son meilleur coup demeure l'acquisition du gardien Miikka Kiprusoff en retour d'un choix de deuxième ronde. Cette équipe demeure toujours rapide, robuste et fougueuse.

Paul Holmgren, des Flyers de Philadelphie, a succédé à Bob Clarke mais à titre de DG intérimaire seulement. On lui a vite offert le poste de façon permanente et il a transformé un club médiocre en une puissance en seulement 12 mois, grâce à son audace et à sa créativité.

Peter Chiarelli, des Bruins de Boston, a eu un impact immédiat sur son équipe à son arrivée il y a trois ans. Ses embauches de Marc Savard et Zdeno Chara, critiquées au départ, ont donné le ton et les Bruins ont remporté le titre dans l'Est l'an dernier. Le début de saison est difficile, cette année, mais Boston regorge de choix avantageux au repêchage et d'espoirs.

À Buffalo, Darcy Regier travaille avec un budget limité, mais ses équipes sont toujours solides. Une équipe qui repêche parmi les trois premières pendant quatre saisons consécutives risque de connaître du succès à un moment donné. C'est le cas des Penguins, qui ont mis la main sur Marc-André Fleury, Evgeny Malkin, Sidney Crosby et Jordan Staal entre 2003 et 2006. Mais Ray Shero a eu la main heureuse en sacrifiant Ryan Whitney pour mieux encadrer Crosby ce printemps et en nommant un entraîneur, Dan Bylsma, qui a mené Pittsburgh au Championnat.

Bob Gainey ? Difficile à classer. Je ne crois pas qu'il appartienne au top 15. La belle stabilité dont on parlait au New Jersey et à Detroit ne règne pas à Montréal. L'identité de cette équipe a été trop difficile à définir ces dernières années.

Je n'ai pas aimé son travail à ses premières années avec le Canadien. Trop d'erreurs d'évaluation. À la surprise générale cependant, le Tricolore a connu une saison fantastique en 2007-2008 pour remporter le titre de l'Association de l'Est. L'hiver a été plus difficile l'an dernier et Gainey a fait des changements radicaux. Mais en raison de cette année remplie de succès il y a deux ans, je lui donne encore le bénéfice du doute. Il est sans doute moins bon que certains le claironnent, mais certainement moins mauvais que ses détracteurs l'affirment. La présente saison demeure une année de vérité pour lui. Il faudra attendre à la fin de la saison pour porter un jugement. Pas avant. Sûrement pas après 18 matchs...

Ma liste

1. Ken Holland, Red Wings de Detroit

2. Lou Lamoriello, Devils du New Jersey

3. Doug Wilson, Sharks de San Jose

4. Dean Lombardi, Kings de Los Angeles

5. Darryl Sutter, Flames de Calgary

6. Paul Holmgren, Flyers de Philadelphie

7. Peter Chiarelli, Bruins de Boston

8. Darcy Regier, Sabres de Buffalo

9. Ray Shero, Penguins de Pittsburgh

10. George McPhee, Capitals de Washington